L’apocalypse à Gaza: Complicité de l’Occident, impuissance des Arabes
Par Chems Eddine Chitour
Une fois de plus, les enfants de Gaza vont être terrorisés par les drones prédateurs, les avions F 17 Phantom et les hélicoptères Apaches… Leur tort c'est d'être sans défense devant une communauté internationale tétanisée par l'Empire, qui ne veut rien entendre ou faire entendre. Au-delà de la religion et de l'ethnie, ce sont des hommes et des femmes qui meurent, ce sont des enfants qui vivent dans la hantise de mourir. Certes, des enfants israéliens sont aussi stressés par les roquettes et, sans faire dans la concurrence victimaire, il n’y a pas de commune mesure. Souvenons-nous de 2008 à Gaza: 1 300 morts Gazaouis dont 400 enfants: et 13 soldats israéliens, le compte est bon 1à 100.
Depuis le lancement mercredi 15 novembre de l'opération militaire israélienne "Pilier de Nuage", Plus de cent Palestiniens et trois Israéliens - ont péri et près de 1000 blessés. Outre le siège du gouvernement du Hamas, les raids ont visé le quartier général de la police à Gaza, l'Université islamique et le stade "Palestine". Les raids israéliens se poursuivaient par intermittences samedi soir. Une porte-parole militaire israélienne a fait état de "plus de 830 frappes" contre Gaza depuis mercredi. Dans le même temps, au moins 610 roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza contre Israël, dont 230 ont été interceptées par le système antimissile "Iron Dome". Aux dernières nouvelles, le Conseil de sécurité a décidé de ne rien décider...
Les réactions: Le bal des hypocrites
Obama s'est empressé, comme tout le bloc occidental, de tout mettre sur le dos de Hamas. Le président américain a appelé le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, pour lui exprimer son soutien quant au droit d'Israël de se défendre tout en l'invitant à faire "tous les efforts possibles pour éviter des victimes civiles". Pour sa part, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, déclare: "Rien ne justifie la violence à laquelle ont recours le Hamas et d'autres organisations terroristes contre le peuple israélien". Nous sommes loin du discours d'Egypte d' Obama du 4 juin 2009 où il avait déclaré que la colonisation israélienne devait cesser. Chez les Arabes, silence radio, mises à part les rodomontades.
Après le Premier ministre égyptien Hicham Qandil, vendredi, venu pour négocier une trêve sur injonction des Etats-Unis, nous avons vu les rodomontades des gouvernements islamiques: le ministre tunisien des Affaires étrangères s'est rendu samedi matin à Gaza, où il a dénoncé une "agression israélienne flagrante". Sur la scène internationale, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a estimé qu'Israël portait l'entière responsabilité de l'escalade et assuré que "tôt ou tard", l'Etat hébreu devrait rendre des comptes "pour le massacre de ces enfants innocents" à Gaza. L'Iran a appelé le monde islamique à des "actions de représailles" contre Israël et l'Afghanistan a condamné "fortement" les raids.
Gaza, un confetti de terre misérable, surpeuplé, et sous embargo depuis cinq ans:
365 km², 40 km de long, de 6 à 12 km de large, 1,7 million d'habitants, dont 1 million de réfugiés, soit 4 500 habitants/km², l'une des densités les plus élevées au monde. 1 adulte sur 3 et 1 jeune sur 2 sont chômeurs. Après la prise du pouvoir par le Hamas en juin 2007, Israël a imposé un blocus terrestre, aérien et maritime de la bande de Gaza. Israël et l'Egypte verrouillant leurs points de passage respectifs, les biens et les personnes rentrent et sortent au compte-gouttes. Le territoire était déjà soumis à des bouclages depuis les années 1990. Ces restrictions contreviennent au droit international, puisqu'il s'agit d'une punition collective. 44% de la population vit en état d'insécurité alimentaire; 80% de la population dépend de cette aide pour survivre. 35% des terres agricoles et des zones de pêche sont partiellement ou totalement inaccessibles en raison des restrictions imposées par Israël.
"Faute de livraisons de fioul en quantité suffisante, les coupures de courant atteignent jusqu'à 12 heures par jour. 90% de l'eau provenant des nappes phréatiques de Gaza sont impropres à la consommation. 90 millions de litres d'eaux usées sont rejetées à la mer chaque jour. Pénurie d'une centaine de types de médicaments, notamment contre le diabète et le cancer. Entre 2007 et juin 2012, au moins 2300 Palestiniens ont été tués et 7700 blessés par les forces armées israéliennes, dont les 2/3 au cours de l'opération «Plomb durci en 2009. 27% des personnes tuées étaient des femmes et des enfants. Les restrictions dues au blocus ont entraîné le développement de tunnels de contrebande entre Gaza et l'Egypte, au sud du pays. Au moins 172 personnes ont été tuées dans des tunnels depuis la mise en place du blocus en 2007.
Qui a commencé?
C'est de notre point de vue, une mauvaise question tant la réponse parait évidente. Tout a commencé quand Dieu a promis il y a trente siècles une terre aux enfants d'Israël. Les vicissitudes de l'histoire ont fait que les juifs ont erré depuis et il a fallu attendre novembre 1917, il y a tout juste 95 ans pour que Lord Balfour promette à son tour une Terre où étaient installés des Cananéens; certains sont restés juifs, d'autres sont devenus chrétiens, d'autres sont par la suite devenus musulmans. Ce sont les Palestiniens.
Pour l'Histoire, avec la création de l'Etat d'Israël, l'idéologie sioniste ne pouvait pas faire de place aux autres autochtones et a donné la préférence aux allogènes de confession juives venant du monde entier. Ce fut le début d'une Nekba qui n'en finit pas. Il est donc, devant la situation de désastre actuel de Gaza, malvenu de dire que ce sont les Gazaouis asphyxiés dans une prison à ciel ouvert qui ont commencé. Pour Patrick Higgins, la réponse à la question de savoir si Israël a le droit d'exister est aussi facile que la réponse à la question de savoir si un colonialisme d'implantation meurtrier a le droit d'exister. Depuis plusieurs jours, Israël lance des attaques aériennes sur Gaza, provoquant de nombreux morts et blessés. Les attaques font partie d'un tableau plus large et éminemment déprimant d'une colonie usurpatrice qui enferme une population entre les murs d'un ghetto et les bombarde au nom du judaïsme et des juifs. Un article du New York Times, du 14 novembre, nous informe sur la mort du commandant militaire du Hamas, Ahmed al-Jaabari, tué par une des récentes frappes "chirurgicales" ("chirurgicale", selon l'article). Bien entendu, l'article prend soin de ne pas mentionner les autres - dont des enfants - tués lors de la frappe. (...)"
"Alors se pose la question: qui a commencé? Lorsqu'on lit le texte ci-dessus, on a l'impression que le "commencement" de "tout ça" est un phénomène récent et que la réponse se trouve dans les événements récents de la semaine écoulée. (..) A la fin de son mandat, George W. Bush a justifié l'opération "Plomb endurci" - le massacre par Israël d'environ 1400 Palestiniens - en disant que c'est le Hamas qui avait commencé en violant le cessez-le-feu avec des tirs de roquettes. D'abord, c'est faux. Israël a violé le cessez-le-feu le 4 novembre 2008, lorsqu'il a envahi la bande de Gaza et tué six membres du Hamas. Le raid fut mentionné à l'époque par le quotidien The Guardian. Les défenseurs d'Israël vantent souvent comment Israël s'est "retiré" de Gaza, comme si la transformation de Gaza d'un territoire formellement occupé en une prison à ciel ouvert constituait un geste de paix de la part d'Israël. Mais posons une question plus profonde: qui a commencé? La réponse est facile, mais la question doit être posée avec plus de précision: qui a commencé le colonialisme d'implantation meurtrier?"
"C'est Israël, bien sûr. La question du colonialisme d'implantation est importante. (..) Le blocus contre Gaza est une des formes d'expression de la violence du colonialisme d'implantation. Aux Etats-Unis, ceci n'est généralement pas considéré comme une forme de violence. Après tout, les partisans de sanctions US contre l'Iran considèrent le plus souvent que les sanctions sont des alternatives à la violence. Un rapport de l'ONU a déclaré que l'endroit sera "invivable" d'ici 2020 si les conditions actuelles persistent. Dans ces conditions, des roquettes répétitives et féroces - fabriquées avec le peu de matériel disponible - constituent des actes de résistance, des déclarations de lutte, des promesses que la violence d'Israël ne sera pas acceptée à Gaza, malgré la puissance des forces liguées contre lui".
Pourquoi l'assassinat de Ahmed al-Jaabari, artisan de la paix?
Il semble que le chef militaire du Hamas était en négociation pour conclure une trêve avec Israël qui l'a visé et les télés françaises ont, avec une joie sadique et admirative de la technologie chirurgicale d'Israël, montré comment la cible a été atomisée. "Il était, lit-on sur Haaretz, un médiateur-clé dans la pacification de la région, et aurait même reçu, quelques heures avant sa fin tragique, un accord de trêve permanente avec Israël, comprenant les mécanismes pour le maintien du cessez-le-feu en vue de contrecarrer toute flambée de violence entre Israël et les factions dans la bande de Gaza. Cette révélation détonante qui explose médiatiquement à la face du pouvoir israélien, occupé à larguer frénétiquement ses bombes sur Gaza, dans une démonstration de force électoraliste à quelques encablures du scrutin de janvier 2013, émane du quotidien israélien Haaretz".
Pour Haaretz, celui qu'Israël préférait voir mort que vivant, était en réalité "un sous-traitant, dont le rôle était de maintenir la sécurité d'Israël à Gaza": Haaretz remet en cause le discours officiel d'Israël et des médias internationaux qui ont présenté Ahmed al-Jaabari comme un terroriste et sa mort comme une nouvelle positive. (...) C'est donc l'échec du Hamas à contrôler la frontière Sud d'Israël et les autres organisations de Gaza qui aurait mené à l'assassinat d'Ahmed al-Jaabari par Tsahal, explique Haaretz, Mais alors pourquoi avoir tué un garant de la stabilité à Gaza? Haaretz y voit "une intervention militaire tape-à-l’œil, de plus, initiée par un gouvernement sortant à l'approche d'élections. A chaque fois que le parti au pouvoir se sent menacé par les urnes, il met le doigt sur la gâchette".
Gershon Baskin, qui a aidé à la médiation entre Israël et le Hamas dans la transaction pour libérer Gilad Shalit, déclare lui aussi qu'Israël a fait une erreur qui a coûté la vie "de personnes innocentes des deux côtés"… (...) Selon Gershon Baskin, au cours des deux dernières années, Ahmed al-Jaabari a pris conscience que les séquences d'hostilités avec Israël n'ont été bénéfiques ni pour le Hamas ni pour les habitants de la bande de Gaza et n'ont seulement causé que des souffrances, et plusieurs fois il a agi pour empêcher des tirs par le Hamas sur Israël. Il dit que même lorsque le Hamas a procédé à des tirs de roquettes, ces roquettes devaient toujours atterrir dans des espaces vides. "Et c'était intentionnel", précise Gershon Baskin. (...)
Ce que veut Israël
C’est avant tout le fait accompli, un statut quo où Gaza restera une prison à ciel ouvert à la merci d’Israël Le gouvernement israélien souhaite donc obtenir avec la complicité des Etats Unis et des Etats européens vassaux, des garanties pour prévenir un réarmement. Il avait déjà exprimé les mêmes demandes en 2009 quand Hosni Moubarak était alors aux commandes en Egypte. L’Egypte même après Moubarek est toujours un allié indirect d’Israël. Il faut voir l’agitation frénétique des frères musulmans sur instruction des Etats Unis à tenter d’obtenir un cessez le feu en sacrifiant la cause palestinienne.
Pour rappel en 2009 la France s’était engagée avec les Américains à asphyxier les Gazaouis pour empêcher la contrebande d'armes en direction de Gaza. Le point 6 de la résolution 1860 des Nations unies adoptée le 8 janvier 2009, dix jours avant la fin des combats visait à empêcher les Gazaouis de se procurer des armes pour sa battre. Mieux encore la France avait prêté main forte à Moubarak pour construire un mur de fer en profondeur pour arrêter la contrebande par les souterrains. Qu’en est-il advenu ?
On le sait, Israël reste rarement plus de trois ou quatre ans sans engager une opération militaire d'envergure (2002 en Cisjordanie, 2006 au Liban, 2008-2009 dans la bande de Gaza). Le temps est donc venu de remobiliser la société israélienne autour d'un ennemi commun. On prête à Abou Mazen l'intention d'aller demander à l'ONU l'adhésion comme Etat non-membre malgré le veto américain. A quoi cela sert-il? On sait aussi que la guerre contre le Hamas à Gaza torpille définitivement les espoirs électoraux de tous les adversaires du Premier ministre actuel, Benyamin Netanyahu, affirme Haaretz. Les législatives israéliennes sont prévues le 22 janvier 2013.
Que faut-il en conclure?
D'abord, la visite de l'Emir du Qatar la semaine dernière à Gaza est tout sauf innocente. Le Hamas aurait été mis devant l'alternative de dénoncer son accord avec l'Iran, de reconnaitre Israël et sa capitale Jérusalem en échange d'une aide conséquente. Cela ne s'est pas fait, le chef militaire al-Jaabari a alors été éliminé. Parallèlement, la Jordanie est en train d'être étouffée: plus de fourniture de gaz et de pétrole. Les Frères musulmans jordaniens, aidés par l'Occident et Qatar, veulent pousser le roi à déclarer la guerre à la Syrie. En échange, on lui fait miroiter la possibilité au retour d'une confédération jordano-palestinienne, ce qui va enterrer définitivement la cause d'une patrie pour les Palestiniens. Ainsi va le monde.
Source: http://commentjevoislemonde.blogs.nouvelobs.com
Une fois de plus, les enfants de Gaza vont être terrorisés par les drones prédateurs, les avions F 17 Phantom et les hélicoptères Apaches… Leur tort c'est d'être sans défense devant une communauté internationale tétanisée par l'Empire, qui ne veut rien entendre ou faire entendre. Au-delà de la religion et de l'ethnie, ce sont des hommes et des femmes qui meurent, ce sont des enfants qui vivent dans la hantise de mourir. Certes, des enfants israéliens sont aussi stressés par les roquettes et, sans faire dans la concurrence victimaire, il n’y a pas de commune mesure. Souvenons-nous de 2008 à Gaza: 1 300 morts Gazaouis dont 400 enfants: et 13 soldats israéliens, le compte est bon 1à 100.
Depuis le lancement mercredi 15 novembre de l'opération militaire israélienne "Pilier de Nuage", Plus de cent Palestiniens et trois Israéliens - ont péri et près de 1000 blessés. Outre le siège du gouvernement du Hamas, les raids ont visé le quartier général de la police à Gaza, l'Université islamique et le stade "Palestine". Les raids israéliens se poursuivaient par intermittences samedi soir. Une porte-parole militaire israélienne a fait état de "plus de 830 frappes" contre Gaza depuis mercredi. Dans le même temps, au moins 610 roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza contre Israël, dont 230 ont été interceptées par le système antimissile "Iron Dome". Aux dernières nouvelles, le Conseil de sécurité a décidé de ne rien décider...
Les réactions: Le bal des hypocrites
Obama s'est empressé, comme tout le bloc occidental, de tout mettre sur le dos de Hamas. Le président américain a appelé le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, pour lui exprimer son soutien quant au droit d'Israël de se défendre tout en l'invitant à faire "tous les efforts possibles pour éviter des victimes civiles". Pour sa part, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, déclare: "Rien ne justifie la violence à laquelle ont recours le Hamas et d'autres organisations terroristes contre le peuple israélien". Nous sommes loin du discours d'Egypte d' Obama du 4 juin 2009 où il avait déclaré que la colonisation israélienne devait cesser. Chez les Arabes, silence radio, mises à part les rodomontades.
Après le Premier ministre égyptien Hicham Qandil, vendredi, venu pour négocier une trêve sur injonction des Etats-Unis, nous avons vu les rodomontades des gouvernements islamiques: le ministre tunisien des Affaires étrangères s'est rendu samedi matin à Gaza, où il a dénoncé une "agression israélienne flagrante". Sur la scène internationale, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a estimé qu'Israël portait l'entière responsabilité de l'escalade et assuré que "tôt ou tard", l'Etat hébreu devrait rendre des comptes "pour le massacre de ces enfants innocents" à Gaza. L'Iran a appelé le monde islamique à des "actions de représailles" contre Israël et l'Afghanistan a condamné "fortement" les raids.
Gaza, un confetti de terre misérable, surpeuplé, et sous embargo depuis cinq ans:
365 km², 40 km de long, de 6 à 12 km de large, 1,7 million d'habitants, dont 1 million de réfugiés, soit 4 500 habitants/km², l'une des densités les plus élevées au monde. 1 adulte sur 3 et 1 jeune sur 2 sont chômeurs. Après la prise du pouvoir par le Hamas en juin 2007, Israël a imposé un blocus terrestre, aérien et maritime de la bande de Gaza. Israël et l'Egypte verrouillant leurs points de passage respectifs, les biens et les personnes rentrent et sortent au compte-gouttes. Le territoire était déjà soumis à des bouclages depuis les années 1990. Ces restrictions contreviennent au droit international, puisqu'il s'agit d'une punition collective. 44% de la population vit en état d'insécurité alimentaire; 80% de la population dépend de cette aide pour survivre. 35% des terres agricoles et des zones de pêche sont partiellement ou totalement inaccessibles en raison des restrictions imposées par Israël.
"Faute de livraisons de fioul en quantité suffisante, les coupures de courant atteignent jusqu'à 12 heures par jour. 90% de l'eau provenant des nappes phréatiques de Gaza sont impropres à la consommation. 90 millions de litres d'eaux usées sont rejetées à la mer chaque jour. Pénurie d'une centaine de types de médicaments, notamment contre le diabète et le cancer. Entre 2007 et juin 2012, au moins 2300 Palestiniens ont été tués et 7700 blessés par les forces armées israéliennes, dont les 2/3 au cours de l'opération «Plomb durci en 2009. 27% des personnes tuées étaient des femmes et des enfants. Les restrictions dues au blocus ont entraîné le développement de tunnels de contrebande entre Gaza et l'Egypte, au sud du pays. Au moins 172 personnes ont été tuées dans des tunnels depuis la mise en place du blocus en 2007.
Qui a commencé?
C'est de notre point de vue, une mauvaise question tant la réponse parait évidente. Tout a commencé quand Dieu a promis il y a trente siècles une terre aux enfants d'Israël. Les vicissitudes de l'histoire ont fait que les juifs ont erré depuis et il a fallu attendre novembre 1917, il y a tout juste 95 ans pour que Lord Balfour promette à son tour une Terre où étaient installés des Cananéens; certains sont restés juifs, d'autres sont devenus chrétiens, d'autres sont par la suite devenus musulmans. Ce sont les Palestiniens.
Pour l'Histoire, avec la création de l'Etat d'Israël, l'idéologie sioniste ne pouvait pas faire de place aux autres autochtones et a donné la préférence aux allogènes de confession juives venant du monde entier. Ce fut le début d'une Nekba qui n'en finit pas. Il est donc, devant la situation de désastre actuel de Gaza, malvenu de dire que ce sont les Gazaouis asphyxiés dans une prison à ciel ouvert qui ont commencé. Pour Patrick Higgins, la réponse à la question de savoir si Israël a le droit d'exister est aussi facile que la réponse à la question de savoir si un colonialisme d'implantation meurtrier a le droit d'exister. Depuis plusieurs jours, Israël lance des attaques aériennes sur Gaza, provoquant de nombreux morts et blessés. Les attaques font partie d'un tableau plus large et éminemment déprimant d'une colonie usurpatrice qui enferme une population entre les murs d'un ghetto et les bombarde au nom du judaïsme et des juifs. Un article du New York Times, du 14 novembre, nous informe sur la mort du commandant militaire du Hamas, Ahmed al-Jaabari, tué par une des récentes frappes "chirurgicales" ("chirurgicale", selon l'article). Bien entendu, l'article prend soin de ne pas mentionner les autres - dont des enfants - tués lors de la frappe. (...)"
"Alors se pose la question: qui a commencé? Lorsqu'on lit le texte ci-dessus, on a l'impression que le "commencement" de "tout ça" est un phénomène récent et que la réponse se trouve dans les événements récents de la semaine écoulée. (..) A la fin de son mandat, George W. Bush a justifié l'opération "Plomb endurci" - le massacre par Israël d'environ 1400 Palestiniens - en disant que c'est le Hamas qui avait commencé en violant le cessez-le-feu avec des tirs de roquettes. D'abord, c'est faux. Israël a violé le cessez-le-feu le 4 novembre 2008, lorsqu'il a envahi la bande de Gaza et tué six membres du Hamas. Le raid fut mentionné à l'époque par le quotidien The Guardian. Les défenseurs d'Israël vantent souvent comment Israël s'est "retiré" de Gaza, comme si la transformation de Gaza d'un territoire formellement occupé en une prison à ciel ouvert constituait un geste de paix de la part d'Israël. Mais posons une question plus profonde: qui a commencé? La réponse est facile, mais la question doit être posée avec plus de précision: qui a commencé le colonialisme d'implantation meurtrier?"
"C'est Israël, bien sûr. La question du colonialisme d'implantation est importante. (..) Le blocus contre Gaza est une des formes d'expression de la violence du colonialisme d'implantation. Aux Etats-Unis, ceci n'est généralement pas considéré comme une forme de violence. Après tout, les partisans de sanctions US contre l'Iran considèrent le plus souvent que les sanctions sont des alternatives à la violence. Un rapport de l'ONU a déclaré que l'endroit sera "invivable" d'ici 2020 si les conditions actuelles persistent. Dans ces conditions, des roquettes répétitives et féroces - fabriquées avec le peu de matériel disponible - constituent des actes de résistance, des déclarations de lutte, des promesses que la violence d'Israël ne sera pas acceptée à Gaza, malgré la puissance des forces liguées contre lui".
Pourquoi l'assassinat de Ahmed al-Jaabari, artisan de la paix?
Il semble que le chef militaire du Hamas était en négociation pour conclure une trêve avec Israël qui l'a visé et les télés françaises ont, avec une joie sadique et admirative de la technologie chirurgicale d'Israël, montré comment la cible a été atomisée. "Il était, lit-on sur Haaretz, un médiateur-clé dans la pacification de la région, et aurait même reçu, quelques heures avant sa fin tragique, un accord de trêve permanente avec Israël, comprenant les mécanismes pour le maintien du cessez-le-feu en vue de contrecarrer toute flambée de violence entre Israël et les factions dans la bande de Gaza. Cette révélation détonante qui explose médiatiquement à la face du pouvoir israélien, occupé à larguer frénétiquement ses bombes sur Gaza, dans une démonstration de force électoraliste à quelques encablures du scrutin de janvier 2013, émane du quotidien israélien Haaretz".
Pour Haaretz, celui qu'Israël préférait voir mort que vivant, était en réalité "un sous-traitant, dont le rôle était de maintenir la sécurité d'Israël à Gaza": Haaretz remet en cause le discours officiel d'Israël et des médias internationaux qui ont présenté Ahmed al-Jaabari comme un terroriste et sa mort comme une nouvelle positive. (...) C'est donc l'échec du Hamas à contrôler la frontière Sud d'Israël et les autres organisations de Gaza qui aurait mené à l'assassinat d'Ahmed al-Jaabari par Tsahal, explique Haaretz, Mais alors pourquoi avoir tué un garant de la stabilité à Gaza? Haaretz y voit "une intervention militaire tape-à-l’œil, de plus, initiée par un gouvernement sortant à l'approche d'élections. A chaque fois que le parti au pouvoir se sent menacé par les urnes, il met le doigt sur la gâchette".
Gershon Baskin, qui a aidé à la médiation entre Israël et le Hamas dans la transaction pour libérer Gilad Shalit, déclare lui aussi qu'Israël a fait une erreur qui a coûté la vie "de personnes innocentes des deux côtés"… (...) Selon Gershon Baskin, au cours des deux dernières années, Ahmed al-Jaabari a pris conscience que les séquences d'hostilités avec Israël n'ont été bénéfiques ni pour le Hamas ni pour les habitants de la bande de Gaza et n'ont seulement causé que des souffrances, et plusieurs fois il a agi pour empêcher des tirs par le Hamas sur Israël. Il dit que même lorsque le Hamas a procédé à des tirs de roquettes, ces roquettes devaient toujours atterrir dans des espaces vides. "Et c'était intentionnel", précise Gershon Baskin. (...)
Ce que veut Israël
C’est avant tout le fait accompli, un statut quo où Gaza restera une prison à ciel ouvert à la merci d’Israël Le gouvernement israélien souhaite donc obtenir avec la complicité des Etats Unis et des Etats européens vassaux, des garanties pour prévenir un réarmement. Il avait déjà exprimé les mêmes demandes en 2009 quand Hosni Moubarak était alors aux commandes en Egypte. L’Egypte même après Moubarek est toujours un allié indirect d’Israël. Il faut voir l’agitation frénétique des frères musulmans sur instruction des Etats Unis à tenter d’obtenir un cessez le feu en sacrifiant la cause palestinienne.
Pour rappel en 2009 la France s’était engagée avec les Américains à asphyxier les Gazaouis pour empêcher la contrebande d'armes en direction de Gaza. Le point 6 de la résolution 1860 des Nations unies adoptée le 8 janvier 2009, dix jours avant la fin des combats visait à empêcher les Gazaouis de se procurer des armes pour sa battre. Mieux encore la France avait prêté main forte à Moubarak pour construire un mur de fer en profondeur pour arrêter la contrebande par les souterrains. Qu’en est-il advenu ?
On le sait, Israël reste rarement plus de trois ou quatre ans sans engager une opération militaire d'envergure (2002 en Cisjordanie, 2006 au Liban, 2008-2009 dans la bande de Gaza). Le temps est donc venu de remobiliser la société israélienne autour d'un ennemi commun. On prête à Abou Mazen l'intention d'aller demander à l'ONU l'adhésion comme Etat non-membre malgré le veto américain. A quoi cela sert-il? On sait aussi que la guerre contre le Hamas à Gaza torpille définitivement les espoirs électoraux de tous les adversaires du Premier ministre actuel, Benyamin Netanyahu, affirme Haaretz. Les législatives israéliennes sont prévues le 22 janvier 2013.
Que faut-il en conclure?
D'abord, la visite de l'Emir du Qatar la semaine dernière à Gaza est tout sauf innocente. Le Hamas aurait été mis devant l'alternative de dénoncer son accord avec l'Iran, de reconnaitre Israël et sa capitale Jérusalem en échange d'une aide conséquente. Cela ne s'est pas fait, le chef militaire al-Jaabari a alors été éliminé. Parallèlement, la Jordanie est en train d'être étouffée: plus de fourniture de gaz et de pétrole. Les Frères musulmans jordaniens, aidés par l'Occident et Qatar, veulent pousser le roi à déclarer la guerre à la Syrie. En échange, on lui fait miroiter la possibilité au retour d'une confédération jordano-palestinienne, ce qui va enterrer définitivement la cause d'une patrie pour les Palestiniens. Ainsi va le monde.
Source: http://commentjevoislemonde.blogs.nouvelobs.com