Malbrunot sur la Syrie : la menace salafo-djihadiste enfin reconnue
Par Georges Malbrunot
Depuis des mois sur ce blog, nous mettons en garde contre l’infiltration de militants djihadistes étrangers sur le territoire syrien, ainsi que sur la présence à leurs côtés d'activistes salafistes syriens, dont les agendas ne correspondent nullement à celui de l’immense majorité des "opposants syriens".
Dès le mois de décembre 2011, la lecture des communiqués du groupe islamiste radical "Jound al-Sham" à partir de son sanctuaire, le camp de réfugiés libanais d’Ein Héloué, était inquiétante.
Il y eut ensuite en janvier 2012 les premiers attentats contre des bâtiments des services de sécurité du régime à Damas et Alep, attribués par beaucoup à un pouvoir "au bord du point de rupture", comme il était parfois présenté avec beaucoup de hâte. Nous étions sceptiques, même si le régime libéra en début d’année des activistes liés à al-Qaeda, dont Abou Moussab al-Souri, vieux briscard syrien du djihad mené avec Oussama Ben Laden en Afghanistan.
Personne ne voulut entendre, quelques semaines après, les déclarations du patron du Renseignement américain, James Clapper, qui voyait derrière ces violences la main des djihadistes du groupe "Jabhat al-Nosra", proche de la branche al-Qaeda en Irak. "Soutenir que des djihadistes pénétraient en Syrie, c’était reprendre la propagande du régime", lançaient les porte-parole de l’opposition.
Fin avril, Le Figaro publia une page sur "la Syrie nouvelle terre de djihad", fruit d’une enquête menée au nord du Liban, par où transitaient à l'époque les candidats à "la guerre sainte", dont plusieurs Français, arrêtés in extrémis à la frontière libano-syrienne.
Jusqu’à récemment encore, les dirigeants du Conseil national syrien niaient la présence massive de djihadistes ou de salafistes en Syrie, des alliés certes gênants. "Pas plus de 200", assuraient mi-octobre devant les députés français, Georges Sabra et Abdel Bassit Sida, tandis que deux semaines auparavant, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, Lakhdar Brahimi, médiateur international, estimait lui à 2 000 environ le nombre des combattants étrangers infiltrés en Syrie.
Il y a trois semaines, un diplomate américain affirma à un dirigeant de l’opposition craindre qu'"Alep et sa région se transforment en Ramadi", cette ville sunnite de l’ouest de l’Irak qui devint à partir de 2005 le sanctuaire des djihadistes liés à al-Qaeda en Mésopotamie. A l’image des Américains, les diplomates britanniques ne cachaient plus ces derniers temps leur inquiétude sur la présence islamiste radicale dans le nord de la Syrie, une région qui pourrait tomber un jour entre les mains des rebelles.
Bien tardivement, les responsables français partagèrent publiquement ces craintes. Mais aujourd’hui, il n’est plus possible de nier la réalité, fut-elle dérangeante, pour tous ceux qui défendent une cause juste, celle des révolutionnaires syriens en quête de davantage de liberté.
Au Quai d’Orsay, on reconnait désormais qu’il y a "urgence" à restructurer l’opposition, afin que celle-ci soit à la fois "plus représentative et donc plus attractive" pour la population syrienne. Mais surtout qu’elle puisse marginaliser les djihadistes et autres salafistes, qui au-delà de la chute de Bachar el-Assad veulent surtout instaurer un "État islamique dans sa version la plus rigoriste". De ce point de vue, l’annonce par 14 factions islamistes armées, ce lundi, qu’elles rejettent la nouvelle "Coalition nationale" mise sur pied il y a dix jours à Doha, résonne comme un défi clairement posé à son autorité.
Plus question de tergiverser et de minimiser l’ampleur des dégâts, lorsque les 14 groupes salafistes et djihadistes annoncent vouloir établir un "État islamique" à partir de leurs bastions d’Alep et de sa province. Il y a donc urgence à réagir. Mais n’est-il pas déjà trop tard ?
Source: blog.lefigaro.fr
Depuis des mois sur ce blog, nous mettons en garde contre l’infiltration de militants djihadistes étrangers sur le territoire syrien, ainsi que sur la présence à leurs côtés d'activistes salafistes syriens, dont les agendas ne correspondent nullement à celui de l’immense majorité des "opposants syriens".
Dès le mois de décembre 2011, la lecture des communiqués du groupe islamiste radical "Jound al-Sham" à partir de son sanctuaire, le camp de réfugiés libanais d’Ein Héloué, était inquiétante.
Il y eut ensuite en janvier 2012 les premiers attentats contre des bâtiments des services de sécurité du régime à Damas et Alep, attribués par beaucoup à un pouvoir "au bord du point de rupture", comme il était parfois présenté avec beaucoup de hâte. Nous étions sceptiques, même si le régime libéra en début d’année des activistes liés à al-Qaeda, dont Abou Moussab al-Souri, vieux briscard syrien du djihad mené avec Oussama Ben Laden en Afghanistan.
Personne ne voulut entendre, quelques semaines après, les déclarations du patron du Renseignement américain, James Clapper, qui voyait derrière ces violences la main des djihadistes du groupe "Jabhat al-Nosra", proche de la branche al-Qaeda en Irak. "Soutenir que des djihadistes pénétraient en Syrie, c’était reprendre la propagande du régime", lançaient les porte-parole de l’opposition.
Fin avril, Le Figaro publia une page sur "la Syrie nouvelle terre de djihad", fruit d’une enquête menée au nord du Liban, par où transitaient à l'époque les candidats à "la guerre sainte", dont plusieurs Français, arrêtés in extrémis à la frontière libano-syrienne.
Jusqu’à récemment encore, les dirigeants du Conseil national syrien niaient la présence massive de djihadistes ou de salafistes en Syrie, des alliés certes gênants. "Pas plus de 200", assuraient mi-octobre devant les députés français, Georges Sabra et Abdel Bassit Sida, tandis que deux semaines auparavant, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, Lakhdar Brahimi, médiateur international, estimait lui à 2 000 environ le nombre des combattants étrangers infiltrés en Syrie.
Il y a trois semaines, un diplomate américain affirma à un dirigeant de l’opposition craindre qu'"Alep et sa région se transforment en Ramadi", cette ville sunnite de l’ouest de l’Irak qui devint à partir de 2005 le sanctuaire des djihadistes liés à al-Qaeda en Mésopotamie. A l’image des Américains, les diplomates britanniques ne cachaient plus ces derniers temps leur inquiétude sur la présence islamiste radicale dans le nord de la Syrie, une région qui pourrait tomber un jour entre les mains des rebelles.
Bien tardivement, les responsables français partagèrent publiquement ces craintes. Mais aujourd’hui, il n’est plus possible de nier la réalité, fut-elle dérangeante, pour tous ceux qui défendent une cause juste, celle des révolutionnaires syriens en quête de davantage de liberté.
Au Quai d’Orsay, on reconnait désormais qu’il y a "urgence" à restructurer l’opposition, afin que celle-ci soit à la fois "plus représentative et donc plus attractive" pour la population syrienne. Mais surtout qu’elle puisse marginaliser les djihadistes et autres salafistes, qui au-delà de la chute de Bachar el-Assad veulent surtout instaurer un "État islamique dans sa version la plus rigoriste". De ce point de vue, l’annonce par 14 factions islamistes armées, ce lundi, qu’elles rejettent la nouvelle "Coalition nationale" mise sur pied il y a dix jours à Doha, résonne comme un défi clairement posé à son autorité.
Plus question de tergiverser et de minimiser l’ampleur des dégâts, lorsque les 14 groupes salafistes et djihadistes annoncent vouloir établir un "État islamique" à partir de leurs bastions d’Alep et de sa province. Il y a donc urgence à réagir. Mais n’est-il pas déjà trop tard ?
Source: blog.lefigaro.fr