La cote de popularité de la Turquie au Moyen Orient dégringole
L'équipe du site
La cote de popularité de la Turquie au Moyen Orient a chuté lourdement cette année par rapport à l’année précédente, selon une enquête de la Fondation Turque pour la Recherche Economique et Sociale (TESEV).
Baptisée «Perception de la Turquie au Moyen Orient, 2012», l’enquête montre que «le taux d’approbation global de la Turquie s’établit à 69 %, en baisse de 9 points par rapport à celui de l’an 2011 (78 %)».
Pour le professeur Mensur Akgün, directeur du Global Political Trends Center (GPoT), «l’image de la Turquie dans la région reste très bonne malgré cette baisse ».
«Cette image doit être bien protégée parce qu’elle est le plus important élément du ‘soft power’ de notre pays dans la région», a-t-il souligné.
M. Akgün a exhorté la Turquie à «envisager de revoir son modèle parce que certaines alternatives sont apparues».
Une observation intéressante de l'étude porte sur la perception du sectarisme dans la région. «28 % des personnes interrogées estiment que la Turquie exerce une politique sectaire dans le Moyen- Orient », poursuit l’enquête.
La directrice du programme de la politique étrangère de TESEV, Sabiha Şenyücel Gundogar, a expliqué que «la Turquie était auparavant perçue comme plus neutre, mais elle a pris parti dans le conflit syrien et quand vous êtes avec un camp, l'autre peut devenir sensible [à l’aspect sectaire] ».
65 % des Syriens jugent l'attitude de la Turquie hostile à l'égard de leur pays
Dans ce contexte, Mme. Gundogar a révélé que «la perception positive de la Turquie en Syrie a aussi fortement baissé puisque 65 % des Syriens ont considéré que l’approche de leur pays par la Turquie était hostile, contre seulement 16 % en 2011 ».
Et de souligner: «La préoccupation majeure des Syriens n’est pas de se débarrasser du président Bachar al-Assad mais de retrouver la sécurité et donc la paix civile».
Selon le fondateur de la Société de recherche KA, Bülent Kilinçarslan, «les relations du gouvernement turc, non seulement avec la Syrie, mais également avec l’Irak, jouent aussi un rôle dans la perception de la Turquie comme sectaire».
«Depuis Tarek al-Hashemi, le vice-président irakien en fuite [condamné à mort dans son pays, ndlr] qui est actuellement en exil à Istanbul, la Turquie est considérée comme étant dans le bloc sunnite», a-t-il dit.
M. Kilinçarslan a appelé également les décideurs politiques turcs à analyser de près les résultats pays par pays pour procéder à une évaluation saine des tendances d’opinion au Moyen-Orient.
L’enquête menée conjointement par TESEV, la fondation allemande Friedrich-Ebert-Stiftung, et la société turque KA Research Company a été réalisée en août dernier, au moyen d'entretiens téléphoniques, dans des pays du Moyen Orient, hormis l’Algérie, le Maroc, le Soudan et la Palestine occupée. Elle a été publiée jeudi lors d’une conférence de presse tenue à Istanbul.
Source: Mounadil, édité par: moqawama.org