Escalade de violence en Birmanie: une centaine de morts
Au moins 112 personnes ont été tuées dans les affrontements cette semaine entre membres de l'ethnie bouddhiste rakhine et musulmans rohingyas en Birmanie. L'ONU, et les Etats-Unis ont réclamé l'arrêt immédiat des attaques.
"Jusqu'à ce matin, 51 hommes et 61 femmes sont morts", a indiqué Win Myaing, porte-parole du gouvernement de l'Etat Rakhine. Il a également indiqué que plus de 70 personnes avaient été blessées et quelque 2.000 maisons avaient été incendiées.
Après quelques semaines d'accalmie apparente, les violences entre bouddhistes et Rohingyas ont repris dimanche dans plusieurs communes de l'Etat Rakhine.
Un exil massif
Au moins 75.000 personnes, en grande majorité des Rohingyas, avaient été déplacées par la première vague de violence, mais des milliers d'autres affluaient ces derniers jours, à pied ou en bateau, vers les camps autour de Sittwe, capitale de l'Etat Rakhine. Des camps déjà surpeuplés où les déplacés manquent de nourriture et de soins.
L'ONU craint pour les réformes... mais pas pour les victimes Rohingyas !!!
Les violences meurtrières entre bouddhistes et musulmans dans l'ouest de la Birmanie, si elles se poursuivent, sont susceptibles de "mettre en péril" le processus de réformes politiques engagé par le nouveau régime", a mis en garde aujourd'hui le porte-parole du secrétaire général de l'ONU.
"Si ce n'est pas fait, le tissu social pourrait être endommagé de façon irréparable et le processus de réformes et d'ouverture actuellement mené par le gouvernement est susceptible d'être mis en péril", a-t-il ajouté dans une déclaration transmise par l'ONU à Rangoun.
Un massacre à huis-clos datant de plusieurs années
Les Rohingyas de Birmanie sont une minorité musulmane considérée par l'ONU comme l'une des plus persécutées au monde. Convertis au XVième à l’Ouest du pays dans l’État de l’Arakan (ou Rakhine), ils sont une cible privilégiée des différents pouvoirs birmans qui leur ont nié leur nationalité et les considèrent comme "immigrés clandestins". Une loi promulguée en 1982 les a déchus de leur citoyenneté, les transformant en apatrides et étrangers dans leur propre pays.
Ils connaissent un premier exode en 1978. 200 000 Rohingyas ont fui le pays pour le Bengladesh pour échapper aux persécutions lancées à l’occasion d’un recensement destiné à déterminer la nationalité des habitants.
En 1991-1992, le deuxième exode eut lieu. 260 000 Rohongyas ont également fui le pays pour éviter leur enrôlement dans des travaux forcés.
Actuellement, depuis le mois de mai 2012, les persécutions contre les Rohingyas se multiplient. La communauté bouddhiste majoritaire dans l’Arakan appuyée par les autorités militaires empêche l’acheminement des denrées alimentaires et produits de première nécessité vers leurs villages.
Des exactions menées sur les 800 000 Rohingyas résidant encore dans leur pays d’origine constituent un véritable génocide.
Dans ce contexte, les principales organisations musulmanes du pays ont annulé les célébrations de l'Aïd Al-Adha, l'une des plus importantes fêtes de l'islam, qui commençait vendredi.
Les violences font par ailleurs ressurgir le spectre de l'exil massif de Rohingyas, notamment vers la Malaisie, dans des proportions plus importantes que les années précédentes.
De son côté, le Bangladesh, qui avait repoussé en juin plusieurs bateaux de réfugiés Rohingyas, a annoncé un renforcement des patrouilles frontalières pour empêcher l'arrivée de possibles bateaux.
Source: Divers