Les prisonniers d’Al-Khyam racontent leurs souvenirs
Fatima Ali
Nous ne pouvons pas commémorer les journées de la libération de la majorité des terres du Sud libanais et la journée de la résistance et de la libération, célébrée le 25 mai de chaque année, sans se rappeler des prisonniers libanais - qu’ils soient des membres de la résistance ou des simples résidents du Sud Liban -, et de la célèbre prison d’Al-khyam qui fût utilisée par l’Armée d’Occupation Sioniste en 1982 comme un centre d'investigation et d'interrogatoire, et comme centre de détention en 1985 suite à la première retraite israélienne du Sud Liban et la fermeture de la Prison d’Ansar.
Le nombre de détenus placés dans cette geôle dépassait les trois mille, dont quatre cents étaient des femmes. Parmi ces détenus se trouvaient aussi des enfants de moins de douze ans, et des personnes septagénaires. Cependant, vingt-deux personnes sont tombées en martyre sous la torture.
Elle avait à peine 13 ans, quand Aida Saad a été mise en prison après avoir été accusée d’avoir fourni des aides aux résistants. « Les premiers jours dans la prison Al-Khyam sont inoubliables, les enquêteurs ont utilisé tous les moyens de torture », raconte-t-elle à french.moqawama.org. « Les tortures psychologiques étaient des plus cruelles, telles que les menaces de sévices sexuels ou d’y apporter les parents », dit-elle.
La résistance prend d’autres formes à l’intérieur d’une prison sioniste, « irriter l’enquêteur et le défier était devenu mon premier souci », explique-t-elle ; « je voulais rester plus forte qu’eux tous malgré les blessures causées par les coups de fouet que j’ai reçus».
Maintes méthodes de tortures ont été utilisées contre les prisonniers et les prisonnières, l’électricité, les fouets, les coups de pied, les brûlures de cigarettes sur le corps. Aida se souvient très bien du jour où sa mère a été autorisée à lui rendre visite dans sa geôle, mais cette autorisation fût une autre méthode de torture, car sa mère n’a pas pu la voir et a quitté le lieu pensant que quelque chose de mal est arrivé à sa fille. Les allégations israéliennes concernant cette prison et prétendant que l’armée sioniste n’en était pas responsable agacent Aida qui explique que l’un des enquêteurs qui l’ont interrogée fût un israélien et que son nom était Agora.
Mais pour Ali Taher (Professeur d’instruction religieuse), la prison et en particulier l’isolement dans une cellule a ses avantages. Pour lui, ce mode d’emprisonnement purifie les esprits et rapproche le détenu de Dieu, il devient ainsi plus disposé à voir les réalités d'une manière plus claire et plus profonde.
Selon Ali, les communications par écrit et l’échange de papiers entre les prisonniers étaient considérés comme un crime puni par les geôliers, qui se précipitaient pour placer le prisonnier dans une cellule isolée loin de ses camarades. Les cellules d'isolement se différencient en termes de forme et de méthode de torture, leur superficie varie entre 50 cm de longueur et 50 cm de largeur, et d’une hauteur de 50 cm ou 90 cm dans le meilleur des cas. Les prisonniers restaient dans ces espaces étroits pour plusieurs mois sans voir ni soleil ni air ; ils y dormaient, mangeaient et même faisaient leur besoins dans un sceau.
Selon Ali, les Israéliens se tenaient en quelque sorte en distance des prisonniers afin de permettre aux collaborateurs d’exercer les tortures plus facilement. Ali adresse ses salutations aux prisonniers palestiniens qui ont pu à travers la bataille des estomacs vides « obtenir un grand nombre de leurs droits arrachés par les autorités sionistes ».
Le responsable du centre de détention Al-Khyam et l’ancien prisonnier Ali Khashish, nous a révélé que ce centre de détention, sera transformée en une attraction touristique, espérant que les travaux seront terminés après un an.
Source: moqawama.org