Législatives syriennes: Une nouvelle carte politique en Syrie ?

Le résultat des élections législatives syriennes annoncé, la scène politique en Syrie apparaît différente. Le taux de vote a atteint 51,26%. Certains partis de l’opposition ont décroché des sièges au parlement pour la première fois, alors que les partis fondés récemment n’ont pas pu le faire. Trente femmes ont été également élues, ce qui a été un phénomène rare, à l’apogée de la crise politique.

Le site Alintiqad a tenté d’esquisser la nouvelle carte politique en Syrie, à l’issue de l’échéance électorale et a effectué une série de contacts avec les partis et les forces qui ont participé au scrutin.

Le parlement syrien compte 250 députés :
Les partis qui ont formé la liste de l’Union nationale, dont essentiellement Baas, ont récolté plus de 150 sièges, soit 51% des sièges parlementaires.
Les nouveaux partis qui ont participé au scrutin (à part les partis de l’opposition), ont occupé un seul siège, celui du parti Démocratique.
Les partis de l’opposition, compris dans le Front populaire pour le Changement et la Libération (présidé par Kadri Jamil), ont eu cinq sièges.
Trente sièges ont été remportés par des femmes.
Les indépendants (industriels, commerçants, religieux et cultivés), ont obtenu plus de 90 sièges.

Les prises de position sur les résultats des élections ont fusé dans tous les sens: Certains les ont estimés normales et reflétant la popularité de laquelle jouit la liste de l’Union nationale au sein de la société syrienne.
Alors que d’autres ont déploré le fait que les nouveaux partis n’ont pas réussi de parvenir au Parlement.

Une démarce excellente, mais !!

Le secrétaire général du parti Démocratique syrien, M. Ahmad Koussa, a indiqué à Alintiqad que « la formation d’un nouveau Parlement a représenté une démarche excellente, à l’ombre de la conjoncture actuelle en Syrie. Une réalisation qui épargne au pays de glisser vers le vide constitutionnel, abstraction faite de ceux qui ont été élus ». Il a affirmé que l’échéance électorale était un impératif, notamment dans les circonstances actuelles.
M. Koussa a estimé que la majorité remportée par la liste de l’Union nationale, montre l’attachement du peuple syrien à ses dirigeants, à l’ombre de la crise actuelle.
« Dans la forme, la liste de l’Union prône un beau slogan, mais elle est confrontée à plusieurs interrogations au niveau du fond » a-t-il dit. « Les nouveaux partis formés selon la loi sur les partis, ne sont-ils pas le fruit des réformes ? Pourquoi sont-ils marginalisés ? Et pourquoi n’ont-ils pas été concertés ? », s'est-il demandé.

Des interrogations !!

Le secrétaire général du parti des Jeunes Nationaux Syriens, M. Maher Merhej, a pour sa part indiqué que les résultats des Législatives n’ont pas été "logiques", avec l’existence de différences majeures entre les listes des indépendants. Un fait qui suscite selon lui,  plusieurs interrogations.
Il a déploré le fait que son parti n’ait pas réussi à remporter aucun siège au Parlement. « Les nouveaux partis n’ont pu décrocher qu’un seul siège, celui du parti Démocratique à Alep ! » a-t-il dit, s’interrogeant sur les raisons qui ont permis d’accorder six mois pour les partis de la liste de l’Union, pour qu’ils réussissent à regrouper le minimum de mille membres, au moment où ce privilège n’a pas été accordé à d’autres partis, sachant qu’ils ont  été formés récemment.

L’opposition émet des réserves

Dr. Kadri Jamil, président du front opposant, le Front populaire pour le Changement et la Libération, a déclaré à Alintiqad que le front a obtenu cinq sièges au nouveau Parlement (2 sièges pour le parti socialiste national syrien (PSNS) et trois autres pour le parti de la Volonté populaire).
M .Jamil a signalé que les résultats des élections n’ont pas été à la hauteur des aspirations, au niveau de la représentation populaire, faisant état d’un ressentiment populaire à cet égard.
Il a enfin affirmé que le Front tiendra une réunion dans les prochains jours, pour évaluer les résultats émis par le Comité supérieur des élections.

Les résultats ne furent pas une surprise

L’écrivain–analyste Afif Dallah a indiqué qu’en principe, les résultats n’ont pas été une surprise.
« Toux ceux qui ont estimé qu’un changement majeur a atteint les équilibres politiques en Syrie avaient tort, puisque deux catégories de partis existent en Syrie. L’une, formée de partis jouissant d’une large popularité et d’une expérience politique ancienne. L'autre, formée de partis naissants, dépourvus d’expérience politique sur le terrain. Pour ces raisons, les résultats du vote ont été en harmonie avec la nature de la situation politique actuelle, les équilibres politiques et la capacité des partis existants.

M.Dallah a estimé que la prochaine période sera définie par deux caractéristiques : le nouveau climat qui a pavé la voie aux partis et aux formations pour participer à la vie politique, selon le principe de la pluralité partisane, et les répercussions de la crise actuelle qui exigent l’activation du rôle du Parlement. Ce rôle de législation, basé sur le principe de la séparation des pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire.

« Un changement aura lieu durant la prochaine période, au niveau de la performance parlementaire, comme résultat des circonstances actuelles, qui requièrent la reformation d’une  prise de conscience collective, afin de permettre la cristallisation de la mouvance politique et populaire, sur laquelle on compte pour qu’elle soit un appui aux pouvoirs législatif et exécutif » a-t-il précisé.

En ce qui concerne les résultats réalisés par la liste de l’Union national au scrutin,  M .Dallah a expliqué que ladite liste se fonde sur une base populaire et partisane large, qui tient à ses dirigeants. De ce fait, sa réussite découle d’un processus purement démocratique. Il a rappelé que le parti Baas assume toujours un rôle politique pionnier au sein de la société, ce qui lui a valu un grand nombre de sièges au Parlement. « Mais le Baas admet le concept du partenariat politique » a-t-il souligné.

M. Dallah a commenté la réussite de trente femmes aux Législatives, notant qu’un tel nombre de députées n’existe pas dans les Parlements de plusieurs pays arabes.
« Ce nombre de femmes élues, reflète l’efficacité de la femme syrienne et son rôle actif au sein de la société. Il reflète de même l’ouverture de cette société, notamment durant la crise actuelle, où la femme syrienne a été présente sur la scène nationale. La femme est une partenaire dans le processus de développement et des réformes » a précisé M. Dallah.

Quant au nombre de sièges remportés par les indépendants et comptant 90 députés (contrairement au dernier scrutin, où ils avaient eu 80 députés), M. Dallah a affirmé que ce fait a prouvé que la marge de la démocratie s’est élargie en Syrie.
« Accéder au Parlement n’est plus l’apanage des partis politiques. Les forces indépendantes doivent être représentées dans la majorité des institutions et même dans le gouvernement prochain. Ceux qui sont dotés de compétences scientifiques et culturelles devraient occuper les postes convenables pour exécuter leurs projets. Le pourcentage des sièges des indépendants, est le miroir  des différentes tranches sociales, non adhérant aux partis politiques. De ce fait, le nouveau Parlement représente désormais toutes les tranches de la société », a conclu M.Dallah. 



Source: Alintiqad- Damas, traduit par : moqawama.org