Hollande : fini la fête, bonjour les problèmes
La fête n'a duré qu'une nuit pour François Hollande et le staff politique dont il est entouré. Trop d'urgences existent dans l'agenda présidentiel, tant national qu'international, qui les ont contraints au minimum festif. Le nouveau Président français entrera en exercice le 15 mai. Il lui faut, en raison des urgences évoquées, disposer aussitôt des équipes sur lesquelles s'appuyer pour y faire face. Des assistants à l'Elysée et un gouvernement opérationnel au plus vite, qu'il s'est attelé à former au lendemain de sa victoire.
Le gouvernement de la gauche doit être en ordre de bataille sans attendre, car dans cinq semaines à peine, il y aura les élections législatives dont les résultats seront déterminants pour le mandat présidentiel de François Hollande. Elles ne s'annoncent pas gagnées d'avance pour la gauche.
En théorie, la famille politique du nouveau président devrait bénéficier aux législatives de «l'effet» de sa victoire à la présidentielle, qui consiste pour les électeurs à donner à celui qu'ils envoient à l'Elysée la majorité parlementaire devant l'aider à réaliser le programme pour lequel il a été élu. Sauf que l'élection présidentielle du 10 mai que Hollande a remportée par une marge faible a révélé une France coupée en deux blocs déterminés à faire des élections législatives le 3e tour de leur confrontation.
La droite, qui a finalement mieux résisté que prévu dans l'élection présidentielle et qui n'a été surclassée par la gauche que par un écart de voix réduit, va tout faire pour ramener à elle ses électeurs traditionnels qui, par lassitude des méthodes de gouvernance de Nicolas Sarkozy, lui ont fait défaut au scrutin présidentiel. A priori cependant, la gauche est bien partie pour gagner les législatives et éviter à Hollande de se retrouver dès l'entame de son mandat contraint à subir la « cohabitation » qui l'empêchera d'honorer ses engagements électoraux.
Taraudée par l'urgence que constitue l'échéance proche des élections législatives, la droite elle aussi n'entend pas ruminer longtemps sur la défaite de Sarkozy. Le soir même de celle-ci, ses ténors ont dévoilé ce que va être leur stratégie électorale. Ressouder et élargir les rangs des familles constitutives de la droite, auxquelles certains d'entre eux pensent associer le Front national, qu'ils considèrent maintenant compatible avec la démocratie, à défaut de l'être avec les valeurs de la République. Convaincre aussi les électeurs que l'enjeu des législatives est d'empêcher que la République soit dirigée par un «Etat tout socialiste», dès lors que la gauche détiendra la majorité à l'Assemblée nationale, qu'elle a celle du Sénat, qu'elle contrôle la presque totalité des régions et des grandes communes françaises et que maintenant l'occupant de l'Elysée est l'un des siens.
La gauche invoquera pour sa part l'argument de la cohérence. Mais il lui faudra aussi veiller à ne pas succomber à la division et aux conflits d'ambitions. Hollande va avoir besoin de toute son expertise, que l'on dit grande dans l'art de rapprocher les points de vue, pour préserver le rassemblement du camp de la gauche qu'il est parvenu à susciter dans son duel avec Nicolas Sarkozy.
Le meilleur service que Hollande pourra rendre à son camp en prévision des élections législatives serait qu'il fasse ses premiers pas à l'international de façon convaincante quant à sa stature d'homme d'Etat. Il en aura vite l'occasion, puisqu'aussitôt investi Président de la République, il va enchaîner les déplacements internationaux dans le cadre de la concertation européenne sur la crise financière et économique qui sévit dans les Etats de l'Union et prendra part également au sommet de l'OTAN et à ceux des G8 et G20.
Qu'il sache cependant que pour aussi importants que soient l'échéance nationale et les rendez vous internationaux inscrits dans son agenda et ses priorités, il ne doit pas pour autant oublier qu'il est attendu sur d'autres par des opinions publiques dont son prédécesseur a fait peu cas, pour ne pas dire méprisé parce qu'étant celles de peuples qui ne «sont pas entrés dans l'histoire».
Source : Le Quotidien d'Oran