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Conférence d’Istanbul : tout y est sauf la conviction

Conférence d’Istanbul : tout y est sauf la conviction
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Soraya Hélou

En dépit de la foule et du nombre de pays représentés (certains au plus haut niveau) à la conférence d’Istanbul qui s’est tenue dimanche, il y manquait quelque chose d’essentiel et de déterminant : la conviction de toutes les personnes réunies de la possibilité d’atteindre leur objectif déclaré : faire chuter le régime de Bachar Assad. Les participants à cette conférence avaient voulu sciemment omettre les nouveaux développements à la fois sur le terrain et sur la scène diplomatique, mais ceux-ci les poursuivaient et atténuaient l’impact de leurs propos. C’est ainsi que le chef du CNT  a finalement obtenu la reconnaissance des participants à la réunion de sa qualité de seul représentant de l’opposition syrienne (ce qui lui permet notamment de recueillir les fonds d’aide et de les distribuer à sa guise, mettant ainsi un terme au conflit qui l’avait opposé aux autres composantes de l’opposition qui exigeaient leur part du gâteau). Mais cela signifie-t-il pour autant qu’il peut ignorer et dicter sa volonté aux autres ? Les réactions ne se feront pas attendre, (l’opposant Hassan Abdel Azim a déjà exprimé son refus de considérer le CNT comme le chef de l’opposition syrienne), les problèmes aussi d’autant que certaines formations  de l’opposition estiment avoir plus d’impact sur le terrain syrien que Borhane Ghalioun établi depuis longtemps à l’étranger et peu au fait des réalités en Syrie même.

Conférence d’Istanbul : tout y est sauf la conviction
De même, en dépit de l’appel de principe à aider l’opposition par tous les moyens et de l’appel insistant du Qatar et de l’Arabie saoudite à lui donner des armes, cette demande n’a pas été officiellement reconnue. Elle a même fait l’objet de longues discussions et elle a finalement été reportée à une autre réunion. Certes, tout le monde sait que les armes arrivent à profusion à l’opposition via de nombreux canaux et elles n’ont pas besoin d’une décision officielle pour cela. Mais tous les protagonistes savent aussi que le régime a remporté la victoire militaire, reprenant le contrôle des grandes villes et laissant seulement des « poches de résistance » dans quelques centres urbains et dans les régions éloignées, pour éviter des bains de sang. L’option militaire a donc tourné à son avantage, même s’il lui reste désormais à régler des questions sécuritaires, qui sont certes plus difficiles, vu que dans les circonstances actuelles il est quasiment impossible de trouver et de détruire toutes les cellules terroristes, en Syrie et ailleurs. Mais si certains groupes de l’opposition armés par leurs parrains arabes et autres peuvent donc continuer à lancer des attaques à l’explosif et faire de nombreuses victimes, ce genre d’actes ne fait pas chuter des régimes. Au contraire, ils poussent la population à resserrer les rangs autour des autorités seules en mesure d’assurer la sécurité et la stabilité du pays.


D’ailleurs, la déclaration du Premier ministre irakien Nouri al Maliki faite juste après la fin de la conférence d’Istanbul a ajouté encore plus au manque de crédibilité des résolutions de cette conférence, puisque le dirigeant irakien –fort désormais de la tenue du sommet arabe sur son territoire avec une participation arabe honorable-a expliqué en long et en large pourquoi le régimeConférence d’Istanbul : tout y est sauf la conviction
d’Assad ne peut pas sauter, en tout cas pas par la force des armes. L’opposition syrienne devrait d’ailleurs bien réfléchir sur de tels propos. Ils ne sont pas lancés, comme certains se sont empressés de le dire, par un allié du régime syrien, mais par un connaisseur de la situation, de plus très concerné par ce qui se passe chez son voisin. Toutes les armes du monde n’y changeront rien. Le régime syrien a tenu bon contre tous les complots ourdis contre lui et il est désormais devenu une partie incontournable de toute solution éventuelle dans le pays. Ni les conférences de Tunis et d’Istanbul, ni celles de demain à Paris n’y changeront rien. Et c’est à partir de cette constatation que la mission de l’émissaire onusien Koffi Annan est née, dans une tentative de sortir ce qu’on appelle « les Amis de la Syrie » de l’impasse dans laquelle ils se sont placés en se lançant dans l’aventure militaire et diplomatique contre la Syrie. La mission Annan constitue ainsi une issue honorable pour eux, mais plus le temps passe et plus le régime syrien marque des points et moins elle a aura lieu d’être. La bataille se poursuit donc, mais le vent ne tourne pas forcément dans le sens voulu par les fameux « amis de la Syrie », amis dont le peuple syrien se serait bien passé.

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