Le monde entier commémore la Journée de la Terre

Fatima Ali

" Nous sommes d’ici et nous ne quitterons jamais cette terre », c’est le message que les Palestiniens des territoires occupés en 1948 ont voulu transmettre au monde le 30 Mars 1976. Cette date a été proclamée ensuite Journée de la Terre et commémorée par les Palestiniens et les activistes pro-palestiniens partout dans le monde. Le 19 février 1976, le gouvernement israélien décida de confisquer 25 000 acres de terre en Galilée et plus précisément des villages palestiniens d’Arraba, Sekhnin et Deir Hanna dans le but de judaïser ces territoires. Suite à cette décision, les propriétaires palestiniens de ces terres répliquèrent par une grève générale, décrétée par la Conférence Nationale pour la Défense des Terres Arabes, organisée en septembre 1975, en Galilée et dans la région du Triangle. La grève eut lieu le 30 mars. Plusieurs manifestations ont eu lieu dans les villages et les villes arabes dans lesquelles les habitants palestiniens se sont confrontés à l’armée de l’occupation israéliennes et les policiers. Les Palestiniens de la Cisjordanie et de Gaza observèrent également une grève, en solidarité avec  leurs compatriotes dans les territoires occupées en 1948. Bilan de la journée : 6 morts (dont 4 ont été tués par l’armée de l’occupation israélienne et 2 par la police sioniste), une centaine de blessés et des centaines d'arrestations. Les meurtriers ayant tiré sur les manifestants non-armés n’ont pas été jugés et aucune commission d'enquête n’a été créée par l’entité sioniste malgré les réclamations des Palestiniens sous le prétexte que l’armée sioniste avait confronté des « forces hostiles ».

L’histoire de la journée de la Terre en Palestine Occupée est l’histoire d’un peuple qui refuse de mourir, et réaffirme chaque jour que rien ne peut le priver de sa propre terre, ni les massacres, ni les confiscations  de terres, ni les démolitions de maisons. Cette terre leur appartiendra toujours malgré tous les complots et les tentatives sionistes visant à se débarrasser de leurs propriétaires arabes. Cependant le terrorisme sioniste avait précédé le jour de la grève. Les habitants d’Arraba racontent que la nuit du 29 mars 1976, un char israélien était passé dans le village transportant des soldats sionistes; aux entrées du village, ceux-ci ont entendu des voix de quelques enfants qui criaient, ils sortirent et entrèrent dans le village via les champs d'oliviers, et lorsque les enfants se turent, les soldats leur dirent « pourquoi vous vous êtes tus, criez si vous êtes braves » et ils commencèrent à tirer des balles et des gaz lacrymogènes en les pourchassant. Bilan : plusieurs blessés parmi les habitants du village.

Les camps des réfugiés palestiniens au Liban ont commémoré cette année la Journée de la Terre ; Mohamed Dawood du camp de Shatila affirme à french.moqawama.org que « la Journée de la Terre est une journée pour s’exprimer, mais l'attachement à la terre et à la patrie ne quitte jamais l’homme ». Mohamed qui n’a jamais visité son village Al-Yajour (proche de Haifa) en parle comme s’il y était depuis toujours et ceci grâce aux histoires racontées par son père qui a vécu là-bas jusqu’à l’arrivée des troupes de l’occupation sioniste en 1948 et l’expulsion des Palestiniens.

Pour Mohamed, « aucun pays ne peut remplacer la Palestine, toute la Palestine ». Son père, Abou Khodor Dawood qui accuse "la communauté internationale d’avoir préparé un complot contre la Palestine et les Arabes de l’avoir trahie», raconte les souvenirs qu’il garde de son village. Pour lui Al-Yajour est « le plus beau des villages » dont les jolies « plaines ne peuvent être oubliées et ne quittent pas sa mémoire ». Cependant, il se révolte face aux allégations israéliennes prétendant que les sionistes venus de par le monde ont peuplé la Palestine qui représenta « une terre sans peuple, pour un peuple sans terre », « j’ai un village et j’ai des origines », dit-il, « demandez aux Anglais qui occupaient la Palestine en ce temps, ils doivent certainement avoir gardé nos cartes d’identité, et les papiers administratifs comme ceux du mariage et autres qui sont une preuve sur la culture du peuple palestinien », dit-il. Pour lui « seule la résistance armée peut rendre la Palestine Occupée ».

La Journée de la Terre a été célébrée dans plusieurs pays du monde et plus particulièrement en Palestine et dans les pays frontaliers, c’est-à-dire le Liban, la Syrie et la Jordanie, mais aussi dans de nombreux pays de l’Asie, de l’Europe, de l’Amérique latine en plus des Etats-Unis, etc.