noscript

Please Wait...

ramadan 2025

Turquie: Deuxième nuit de manifestations après l’arrestation du maire d’Istanbul

Turquie: Deuxième nuit de manifestations après l’arrestation du maire d’Istanbul
folder_openAsie access_time depuis 5 jours
starAJOUTER AUX FAVORIS

Par AlAhed avec AFP

En Turquie, la colère ne retombe toujours pas. Deux jours après l'arrestation du maire d'Istanbul, des milliers de manifestants se sont rassemblés devant l'hôtel de ville, dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 mars.

Ekrem Imamoglu, éminent opposant politique au président Recep Tayyip Erdogan, a été arrêté après une descente de police dans sa résidence, mercredi, dans le cadre d'une enquête sur des allégations de corruption.

Il est accusé d'avoir exploité sa position à des fins lucratives, notamment par l'attribution abusive de marchés publics.

Dans une seconde enquête, l'édile d'Istanbul est également accusé d'avoir aidé le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en formant prétendument une alliance avec des groupes kurdes pour les élections municipales d'Istanbul.

Le PKK, à l'origine d'une insurrection de plusieurs décennies en Turquie, est considéré comme une organisation terroriste par Ankara, l'Union européenne, les États-Unis et d'autres alliés.

Les analystes estiment que Ekrem Imamoglu pourrait être démis de ses fonctions et remplacé par un «maire administrateur» s'il est formellement accusé de liens avec le PKK.

Accusation de «coup d'État»

Cette détention, qui peut durer jusqu'à quatre jours, a déclenché d'importantes manifestations à Istanbul et dans de nombreuses autres villes du pays, malgré l'interdiction de manifester.

À l'instar des manifestants, qui estiment que cette arrestation est motivée par de raisons politiques, l'opposition a accusé Erdogan d'usurper la volonté du peuple en tentant d'éliminer son principal rival politique.

Ils considèrent également que cette répression est une tentative du président turc de prolonger son règne, malgré les défaites subies par son parti lors des élections municipales de l'année passée.

En marge des manifestations, des dizaines de personnes ayant partagé du contenu considéré comme «provocateur» sur les réseaux sociaux en rapport avec l'arrestation d'Imamoglu ont été arrêtées, a indiqué Ali Yerlikaya, le ministre de l'Intérieur.

Les autorités ont identifié 261 comptes ayant partagé des messages incitant, selon eux, à la haine publique ou à la criminalité, dont 62 sont gérés par des personnes basées à l'étranger.

Cette arrestation a également provoqué une onde de choc sur les marchés financiers, entraînant des interruptions temporaires des transactions, ce mercredi, afin d'éviter les ventes de panique.

Comme nombre de représentants du gouvernement, Omer Celik, porte-parole du Parti de la justice et du développement (AK Parti) d'Erdogan, a rejeté les allégations de l'opposition selon lesquelles les détentions étaient orchestrées par le gouvernement et a appelé au respect de la procédure judiciaire.

«Ce qu'un homme politique devrait faire, c'est suivre la procédure judiciaire. Aucun d'entre nous n'a d'informations sur le contenu du dossier [pénal]», a-t-il assuré.

Il a également rejeté les accusations du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), selon lesquelles l'arrestation du maire équivaudrait à un coup d'État.

«Le nom de notre parti, de notre président, ne peut être associé qu'à la démocratie - à l'opposé d'un coup d'État», a déclaré Omer Celik.

Sur son compte X, Recep Tayyip Erdogan, a, de son côté, rejeté toute accusation d'ingérence.

«Ils savent même que la plupart de ces informations et documents ont été transmis à la justice par des membres de leur propre parti», a-t-il écrit. «Il est également évident que la plupart des dirigeants du CHP qui versent des larmes de crocodile en public seront ravis en privé, car ils ont éliminé leurs rivaux dans ce conflit interne.»

L'arrestation d'Imamoglu a eu lieu quelques jours avant qu'il ne soit désigné comme candidat présidentiel du CHP lors d'une primaire prévue dimanche, qui se déroulera malgré tout comme prévu, a assuré le chef du parti.

Cette semaine, le maire d'Istanbul a dû faire face à un autre revers: son université a annulé son diplôme, invoquant des irrégularités présumées dans son transfert en 1990 d'une université privée du nord de Chypre à sa faculté de commerce, une décision qu'il a déclaré vouloir contester.

Cette décision l'empêche de se présenter à l'élection présidentielle, qui exige des candidats qu'ils soient titulaires d'un diplôme universitaire.

Avant sa détention, Imamoglu faisait déjà l'objet de plusieurs affaires pénales susceptibles d'entraîner des peines de prison et une interdiction d'exercer une activité politique.

Il a également fait appel d'une condamnation prononcée en 2022 pour avoir insulté des membres du Conseil électoral suprême de Turquie, une affaire qui pourrait entraîner une interdiction d'exercer une activité politique.

Ekrem Imamoglu a été élu maire de la plus grande ville de Turquie en mars 2019, ce qui a porté un coup historique à Erdogan et à l'AK, qui avait contrôlé Istanbul pendant un quart de siècle.

Le parti d'Erdogan avait fait pression pour annuler les résultats des élections municipales dans cette ville de 16 millions d'habitants, alléguant des irrégularités.

La contestation a abouti à une répétition des élections quelques mois plus tard, qu'Imamoglu a également remportées.

Comments

//