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Coup de fil Trump-Poutine sur l’Ukraine: Moscou a dicté ses conditions, Kiev n’a pas confiance

Coup de fil Trump-Poutine sur l’Ukraine: Moscou a dicté ses conditions, Kiev n’a pas confiance
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Par RFI

Un cessez-le-feu de trente jours autour des attaques sur les infrastructures énergétiques : ce mardi 18 mars, Donald Trump s’est entretenu avec Vladimir Poutine, un coup de fil de plus de deux heures qui est la première discussion entre les deux hommes depuis que l’Ukraine a accepté l’idée d’un cessez-le-feu. Le président américain s’est félicité des avancées vers une paix où Moscou a pourtant dicté ses conditions. Preuve, cependant, de la fragilité de la situation: la Russie a tiré six missiles et 145 drones sur l'Ukraine pendant la nuit, selon Kiev.

Ce fut une conversation « productive », a rapidement écrit Donald Trump sur son réseau social Truth, « nous allons travailler rapidement pour avoir un cessez-le-feu total » et mettre « une fin à cette guerre horrible » a-t-il écrit, rapporte notre correspondant aux États-Unis, Edward Maille. Mais, hormis les centrales et infrastructures énergétiques le coup de fil n’a pas débouché sur un cessez-le-feu total pourtant voulu par Washington.

Moscou semble donc imposer ses conditions au détriment des souhaits américains, car il y a une semaine, les États-Unis avaient d’abord négocié avec l’Ukraine pour son accord sur cette mesure que Kiev a finalement acceptée. Mais, ce mardi, Vladimir Poutine a réclamé d’autres concessions, comme l’arrêt du recrutement de militaires et du réarmement en Ukraine, autant de mesures inacceptables pour Kiev.

Le président russe s’est aussi interrogé sur la manière de contrôler le respect d’un éventuel cessez-le-feu, mais ni Moscou ni Washington n’ont précisé s’il avait été question des territoires ukrainiens occupés par la Russie, actuellement environ 20% du pays, ce qui est pourtant une des questions principales d’un éventuel accord de paix.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, à distance, s'est dit favorable sur le principe à cette trêve. Mais il demande des détails : « Pas de confiance envers Poutine, qui cherche à affaiblir l'Ukraine » a tenté de mettre en garde le chef d'Etat ukrainien qui a, par ailleurs, estimé que la Russie aspirait à « s'emparer de davantage de territoires » en Ukraine, malgré cet accord.

Nouvelles frappes russes

Les hostilités se sont poursuivies dans la nuit suivant le coup de fil. En Ukraine, Volodymyr Zelensky a fait état de nouvelles frappes russes « contre des infrastructures civiles », notamment à Kiev et Soumy, dans le nord du pays, où un hôpital a été ciblé par une « frappe directe » de drone selon lui. Six missiles et 145 drones auraient été lancés, cette nuit, par Moscou contre l'Ukraine, dit Kiev. Les autorités russes ont, pour leur part, fait état tôt, mercredi 19 mars, d'un incendie dans un dépôt pétrolier de la région de Krasnodar, à l'est de la frontière avec l'Ukraine, à la suite d'une attaque de drones ukrainiens. M. Zelensky n'a, de son côté, mentionné aucune attaque directe contre des infrastructures énergétiques ukrainiennes, écrit l'AFP. Du coup, après ces dernières attaques, l'Allemagne a dénoncé le « jeu » de Poutine en Ukraine.

Pour aller plus loin, la Maison Blanche demande désormais des négociations « techniques » pour un cessez le feu maritime en mer Noire. Le Kremlin lui, exige l'arrêt des livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine. Mais un tel accord serait-il respecté par les Européens ? C'est toute la question pour l'analyste géopolitique spécialiste de la Russie Ulrich Bounat : « Je pense que Donald Trump est tout à fait prêt à offrir cette concession au Kremlin. Il l'a déjà fait, notamment pour permettre aux Russes la reprise de l'oblast de Koursk. Donc effectivement, la vraie question, c'est de se dire est-ce que les Européens suivraient cette démarche ou au contraire décideraient de finalement continuer leurs livraisons d’armement ? »

« C'est une vraie question. Le risque, ce serait que les Russes prennent prétexte - finalement - d'une continuation de la fourniture d'armes par les Européens pour relancer le conflit en rejetant la responsabilité de façon un petit peu, on va dire pernicieuse sur ceux-ci », conclut Ulrich Bounat.

Prudence en Europe

Emmanuel Macron, comme Olaf Scholz ont tous les deux salué avec prudence l’annonce d’un cessez-le-feu de trente jours sur l’énergie et les infrastructures, signale notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut. Mais pour le chancelier allemand comme pour le président français, il ne peut s’agir que d’une première étape qui en exige d’autres ainsi que des contrôles efficaces. Pour Emmanuel Macron, « les dernières discussions vont dans le bon sens, mais l'objectif doit rester le même : avoir un cessez-le-feu mesurable et vérifiable, pleinement respecté, lancer des discussions de paix détaillées et complètes qui permettront d'avoir une paix solide et durable et les garanties qui vont avec. »

Pour Emmanuel Macron comme pour Olaf Scholz, aucune solution ne peut être trouvée sans le consentement de l’Ukraine. Les deux responsables ont réitéré leur engagement à soutenir Kiev alors que Moscou réclame un arrêt des livraisons d’armes occidentales. Olaf Scholz a également insisté sur l’importance de l’aide américaine : « Le soutien des États-Unis reste indispensable. C'est pourquoi il est important que Washington poursuive son soutien militaire en faveur de l'Ukraine. »

Les négociations sur un cessez-le-feu en Ukraine « vont commencer dimanche 23 mars à Jeddah », en Arabie saoudite, a affirmé, mardi, l'émissaire américain Steve Witkoff. Celui-ci a précisé que la délégation américaine en Arabie saoudite serait conduite par le secrétaire d'État, Marco Rubio, et le conseiller à la Sécurité nationale, Mike Waltz, mais pas qui seraient leurs interlocuteurs.

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