En Cisjordanie comme à Gaza, «Israël» rend le travail des ONG «presque impossible»

Par AlAhed avec AFP
L'inquiétude monte chez les humanitaires présents dans les territoires palestiniens, qui craignent que leur travail ne devienne «presque impossible» après la mise en place de nouvelles «réglementations» par «Israël».
Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, «on dégringole sur une pente glissante, mais là, on est carrément en train de la dévaler, et les ONG prennent conscience que la situation est inacceptable», avance une cadre d'une organisation non gouvernementale internationale.
Elle a requis l'anonymat, comme les autres travailleurs humanitaires interrogés par l'AFP, par crainte de possibles répercussions sur leurs opérations en Cisjordanie, territoire occupé par «Israël» depuis 1967, ou à Gaza, sous blocus «israélien».
«La capacité à fournir de l'aide tout en respectant les principes humanitaires à Gaza, les restrictions d'accès en Cisjordanie (...) Tout mis bout à bout, ça donne l'impression d'assister à l'apocalypse, c'est comme avoir un extincteur face à une bombe nucléaire», dit-elle.
En cause: des projets «israéliens» contraignant drastiquement ces organisations, évoqués depuis des mois, voire des années, viennent d'être formalisés.
«Israël veut juste plus de contrôle sur ce territoire»
Selon des ONG, le «Cogat» (l'organe «israélien» chargé des affaires civiles dans les territoires palestiniens) a présenté fin février un plan de «réorganisation de la distribution d'aide humanitaire aux Palestiniens».
D'après les organisations, les mesures visent à renforcer le contrôle «israélien» sur l'aide humanitaire, notamment en instituant des centres logistiques liés à l'armée d’occupation, ou le contrôle de l'identité de toute la chaîne humanitaire, des employés aux bénéficiaires.
«Logistiquement, ce sera presque impossible», déplore une membre d'une ONG médicale qui se demande s'il faudra déclarer qui a pris quel médicament.
L'objectif affiché, et selon les ONG pour justifier le maintien de l'armée d’occupation, est de «lutter contre les pillages et le détournement de l'aide par les groupes armés».
Mais les ONG estiment que ces pillages sont désormais marginaux et que pour les éviter, il faut augmenter les livraisons, alors qu'«Israël» bloque l'entrée de l'aide humanitaire dans Gaza depuis le 2 mars.
«Le présupposé (du Cogat), c'était que le Hamas se reconstruit grâce à l'aide humanitaire», raconte un responsable d'une ONG européenne, «mais c'est faux, et ce n'est pas l'aide humanitaire qui va leur apporter des roquettes ou des missiles».
«Israël veut juste plus de contrôle sur ce territoire», résume-t-il.
Une «directive gouvernementale» entrée en vigueur en mars définit également un nouveau cadre d'enregistrement en «Israël» des ONG s'occupant des Palestiniens.
Elle impose de partager de nombreuses données sur les employés, et se réserve la possibilité de rejeter les personnels dont «Israël» estime qu'ils sont liés à sa «délégitimation».
D'après les ONG, aucun permis de travail n'a été délivré pour leurs salariés étrangers depuis le début de la guerre «israélienne» à Gaza le 7 octobre 2023.
Au quotidien, les ONG opérant dans les territoires palestiniens disent être confrontées à de très nombreuses difficultés. Et au moins 387 d'entre eux ont été tués par «Israël» dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, «certains dans l'exercice de leurs fonctions», a récemment estimé l'ONU.