Côte d’Ivoire: La France rétrocède sa base militaire d’Abidjan au terme d’un long processus
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Par AlAhed avec AFP
Lors d'une cérémonie en présence des ministres de la Défense des deux pays, la France a rétrocédé ce jeudi le 20 février à la Côte d'Ivoire la grande base militaire Port-Bouët qu'elle occupait depuis près de 50 ans près d'Abidjan.
C'est une démarche concertée, à rebours d'autres pays africains qui ont récemment chassé l'armée française: les ministres de la Défense français et ivoirien ont acté la rétrocession de la base militaire Port-Bouët abritant le 43e Bataillon d'infanterie et de marine (43e Bima) à la Côte d'Ivoire, lors d'une cérémonie officielle, ce jeudi.
«Une nouvelle étape dans les relations» franco-ivoiriennes
Après avoir abaissé les deux drapeau français et ivoirien, seul le drapeau national aux couleurs orange, blanche et verte de la Côte d'Ivoire a été hissé sur la place d'armes de cette base stratégique située près de l’aéroport d’Abidjan, et rebaptisée à cette occasion du nom de Thomas d'Aquin Ouattara, premier chef d'État-major de l'armée ivoirienne.
Une plaque à son effigie a même été dévoilée.
Ces dernières semaines, une petite centaine de parachutistes ivoiriens avaient déjà pris ses quartiers sur ce camp et plusieurs exercices communs étaient menés.
«La coopération militaire continue avec la France. Il n'y a pas de rupture», a confirmé à RFI le ministre ivoirien de la Défense, Téné Birahima Ouattara.
Lors de la cérémonie, ce dernier a même évoqué «une nouvelle étape dans les relations d’amitié et de coopération stratégique entre nos deux nations».
«Le monde change il est évident que notre relation de défense devait évoluer», a de son côté souligné Sébastien Lecornu, saluant un moment «historique» et la «relation faite d’amitié et d’un très grand professionnalisme» entre les deux pays.
«La France transforme sa présence mais ne disparaît pas», a-t-il ajouté.
La mainmise de la France en Afrique contestée
Cette rétrocession, annoncée le 31 décembre par le président ivoirien Alassane Ouattara, est le résultat d'un processus initié il y a deux ans entre les deux pays et répond à la volonté de la France de réorganiser son dispositif militaire en Afrique.
Face à la prise de pouvoir par des putschs de juntes devenues hostiles au Sahel, l'armée française déployée dans la lutte antiterroriste a dû plier bagage, de gré ou de force.
D'abord au Mali, en février 2022, avec la fin de l'opération Barkhane, puis un an plus tard au Burkina Faso voisin, lorsque les autorités ont brutalement dénoncé l'accord militaire liant les deux pays.
À peine quelques jours après leur prise de pouvoir en juillet 2023, les putschistes du Niger ont fait de même, obtenant le départ en décembre de la même année des 1 500 soldats déployés dans la lutte antiterroriste.
Enfin, plus récemment, le Tchad a prié l'armée française de quitter le territoire en quelques semaines et le Sénégal négocie le départ des troupes d'ici fin 2025.
La Côte d'Ivoire fait donc figure d'exception dans ce paysage défiant sinon hostile envers la présence française.
Pas question pour autant de remettre en cause le partenariat: le retrait des soldats va s'opérer progressivement au cours de l'année 2025 et une centaine d'entre eux vont se maintenir sur la base pour des missions de formation et d'accompagnement.
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