Le Brésil convoque le chargé d’affaires des États-Unis pour le traitement «dégradant» de migrants
Par AlAhed avec AFP
Le gouvernement brésilien a convoqué lundi 27 janvier le chargé d'affaires de l'ambassade américaine à Brasilia pour lui réclamer des explications sur le traitement «dégradant» de migrants illégaux brésiliens lors de leur expulsion par les États-Unis, selon une source gouvernementale.
Le chargé d'affaires américain Gabriel Escobar a été convoqué deux jours après que le ministère brésilien des Affaires étrangères a dénoncé le «traitement dégradant» infligé à 88 Brésiliens, expulsés par les États-Unis, qui avaient été menottés pendant leur vol de rapatriement vers le Brésil.
«Dans l'avion, ils ne nous ont pas donné d'eau, nous étions pieds et poings liés, et ils ne nous laissaient même pas aller aux toilettes», a déclaré Edgar Da Silva Moura, un informaticien de 31 ans, arrivé dans le vol après sept mois de détention aux Etats-Unis. «Il faisait trop chaud, certains se sont évanouis», a-t-il ajouté.
Luis Antonio Rodrigues Santos, un travailleur indépendant de 21 ans, a raconté le «cauchemar» de certains expulsés souffrant de «problèmes respiratoires» qui ont passé «quatre heures sans climatisation» à cause de problèmes techniques, ajoutant qu'un réacteur «ne fonctionnait pas». «Les choses ont déjà changé (avec Trump), les migrants sont traités comme des criminels», a-t-il dit.
Selon la ministre brésilienne chargée des Droits humains, Macaé Evaristo, l'avion transportait également «des enfants autistes, ou souffrant d'un handicap, qui ont vécu des situations très graves».
«Mépris flagrant des droits fondamentaux»
Le ministère de la Justice a ordonné aux autorités américaines de «retirer immédiatement les menottes» lorsque l'avion transportant les expulsés a atterri à Manaus, dénonçant le «mépris flagrant des droits fondamentaux» de ses citoyens, selon un communiqué.
Les autorités brésiliennes ont rappelé également que «la dignité de la personne humaine est l'un des piliers de l'État de droit démocratique» et relève de «valeurs non négociables».
«Les Brésiliens qui sont arrivés menottés ont été immédiatement libérés de leurs menottes», a déclaré la police, «en garantie de la souveraineté brésilienne sur le territoire national».
Le président Lula a ordonné samedi le transfert des expulsés par l'armée de l'air brésilienne des expulsés vers la destination finale, Belo Horizonte, où ils sont arrivés vers 21H00 locales (00H00 GMT).
Donald Trump a promis pendant sa campagne de lancer «le plus grand programme d'expulsions de l'histoire américaine». La Maison Blanche s'est targuée cette semaine de l'arrestation de centaines de «migrants criminels illégaux», soulignant qu'ils avaient été expulsés par avions militaires plutôt que civils, comme c'était le cas précédemment.
Vendredi, 265 migrants expulsés des États-Unis ont atterri au Guatemala dans trois vols, selon les autorités locales.
La Maison Blanche a aussi fait état de quatre avions transportant des migrants expulsés au Mexique, ce que n'a pas confirmé Mexico, qui s'est dit néanmoins prêt à coopérer avec Washington.
Une source gouvernementale brésilienne a indiqué que les personnes expulsées étaient arrivées à Manaus «avec leurs documents», ce qui montre qu'elles étaient «d'accord» pour retourner dans leur pays. Ils pourront «rester en liberté» au Brésil, après avoir été détenus aux États-Unis après «une décision finale d'expulsion sans possibilité d'appel», a déclaré la source.