Etats-Unis: Pete Hegseth confirmé de justesse nouveau patron du Pentagone

Par AlAhed avec AFP

Le Sénat a confirmé vendredi soir Pete Hegseth au poste de secrétaire à la Défense lors d'un vote décisif, rejetant les questions sur ses qualifications pour diriger le Pentagone au milieu d'allégations de consommation excessive d'alcool et de comportement agressif envers les femmes.

Hegseth va désormais diriger l'organisation de l'armée comptant près de 2,1 millions de militaires, environ 780 000 civils pour un budget de 809 milliards d'euros.

Pour autant, rarement un candidat à un poste ministériel aura-t-il été confronté à tant d'inquiétudes concernant son expérience et son comportement.

Mais le Sénat, dirigé par les Républicains, était déterminé à confirmer le candidat de Donald Trump, un ancien animateur de Fox News et vétéran de l'armée américaine qui s'est engagé à apporter une «culture guerrière» au sein de la nouvelle administration américaine.

Signe toutefois que le risque était grand de voir cette candidature retoquée, le vice-président JD Vance, par ailleurs président du Sénat, a dû se rendre sur place pour faire basculer les votes (50 pour, 50 contre).

Un fait très inhabituel un secrétaire à la Défense, qui obtient généralement un soutien bipartisan plus large.

Pendant les débats au Sénat, Donald Trump est lui aussi monté au créneau pour soutenir son candidat.

Le président a déclaré qu'il ne se souciait pas de la dissidence du sénateur Mitch McConnell, l'ancien leader républicain ??qui a rejoint deux autres collègues de son parti, la sénatrice Lisa Murkowski de l'Alaska et la sénatrice Susan Collins du Maine, en votant contre Pete Hegseth parce que «l'important c'est de gagner».

Côté démocrate, le nouveau ministre a fait l'unanimité contre lui

«Pete Hegseth est-il vraiment le meilleur que nous ayons à offrir?», s'est interrogé publiquement le sénateur Jack Reed du Rhode Island, le plus capé des démocrates de la commission sénatoriale des services armés, exhortant ses collègues à réfléchir sérieusement à leur vote.

Le sénateur démocrate Chris Murphy, du Connecticut, a déclaré qu'il y avait peu de candidats aussi «dangereusement et malheureusement non qualifiés que Hegseth».

Mais le chef de la majorité au Sénat, John Thune, a déclaré que Hegseth, en tant que vétéran de la Garde nationale militaire ayant effectué des missions en Irak et en Afghanistan, «apportera la perspective d’un guerrier» à ce poste militaire le plus élevé.

Pete Hegseth a été accusé d'avoir agressé sexuellement une femme lors d'une conférence républicaine en Californie, bien qu'il ait nié ces allégations. Il a précisé que la rencontre avait été consentie même s'il a ensuite versé 53 000 euros à la femme concernée par cette affaire.

Plus récemment, l'ancienne belle-sœur de Hegseth a déclaré que le ministre avait abusé de sa seconde épouse au point qu'elle craignait pour sa sécurité. L'intéressé a nié cette allégation et, lors de la procédure de divorce, ni Hegseth ni sa femme n'ont affirmé avoir été victimes de violence domestique.

Quant à son penchant pour l'alcool, le candidat a promis de ne pas boire au travail s'il était confirmé.

Diplômé de Princeton et de Harvard, Pete Hegseth représente une nouvelle génération d'anciens combattants devenus majeurs à la suite des attentats du 11 septembre 2001.

Il a poursuivi sa carrière chez Fox News en tant qu'animateur d'une émission du week-end et était inconnu de beaucoup à Capitol Hill jusqu'à ce que Donald Trump le recrute.

Ses commentaires, selon lesquels les femmes ne devraient jouer aucun rôle dans les combats militaires ont suscité une inquiétude particulière, y compris de la part des législateurs qui ont eux-mêmes servi dans l'armée.

Il a depuis tempéré ces opinions lors de ses rencontres avec les sénateurs au cours du processus de confirmation.

D'autres votes attendus la semaine prochaine

Les démocrates, en tant que parti minoritaire, ont toutefois contribué à confirmer la nomination d'autres ministres de Donald Trump, comme le secrétaire d'État Marco Rubio et le directeur de la CIA John Ratcliffe lors de votes bipartisans.

La semaine prochaine, les sénateurs américains devront également se prononcer sur d'autres nominations dont celle de Kash Patel à la tête du FBI. Patel est un allié du président qui a publié une liste d'ennemis.

Les parlementaires devront aussi donner leur feu vert à Tulsi Gabbard en tant que directeur du bureau du renseignement national et Robert F. Kennedy Jr., le défenseur des anti-vaccins, à la tête du ministère de la santé.