Expulsion des Palestiniens de Gaza: Trump dit avoir discuté du plan avec Sissi, «profondes inquiétudes» à l’internationale
Par AlAhed avec agences
Le président américain Donald Trump a réitéré lundi l’idée de reloger les Palestiniens de Gaza en Égypte et en Jordanie, révélant avoir discuté de ce plan avec le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi. Une proposition qui a suscité de «profondes inquiétudes».
«Je souhaite que Sissi en accueille certains. Nous les avons beaucoup aidés, et je suis sûr qu’il nous aiderait. C’est mon ami. Il est dans une partie très difficile du monde, pour être honnête. Comme on dit, c’est un voisinage compliqué. Mais je pense qu’il le ferait, et je pense que le roi de Jordanie le ferait aussi», a déclaré Trump aux journalistes lundi.
Cette proposition a été fermement rejetée par le ministère égyptien des Affaires étrangères, qui a réaffirmé dimanche son «soutien continu à la résilience du peuple palestinien sur sa terre».
Le ministère a souligné qu’il «rejetait toute atteinte à ces droits inaliénables, que ce soit par la colonisation ou l’annexion de terres, ou par le dépeuplement de ces terres de leur peuple par le déplacement, le transfert encouragé ou le déracinement des Palestiniens de leur terre, temporairement ou à long terme».
Un «génocide» supplémentaire
Pour sa part, l’Observatoire Euro-Med des Droits de l’Homme a exprimé sa «profonde inquiétude» face à la proposition du président américain Donald Trump de réinstaller les Gazaouis en Jordanie et en Égypte, appelant à des réactions régionales et internationales pour s’y opposer.
L’organisation, basée à Genève, s’est dite profondément inquiète par les remarques du nouveau président américain.
«Les Palestiniens, qui souffrent déjà des effets dévastateurs des tentatives d’Israël de les anéantir, ne devraient pas avoir à payer un prix supplémentaire pour ce génocide en étant déplacés de force hors de leur patrie», a déclaré l’organisation dans un communiqué.
Réagissant à cette proposition, Berlin a affirmé qu’«expulser ou relocaliser les Palestiniens de Gaza est une question très sensible pour les pays arabes de la région».
«Israël ne doit pas occuper Gaza ni relocaliser définitivement sa population», a souligné mardi le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.
A Londres, le porte-parole du Premier ministre britannique, Jeremy Hunt, a également insisté que «les civils palestiniens doivent pouvoir retourner dans leurs maisons dans la bande de Gaza et la reconstruire.
«Faire le ménage»
Dès l'ouverture du passage menant vers le nord de la bande de Gaza, tôt lundi, un flot ininterrompu d'hommes, de femmes et d'enfants chargés de bagages ou poussant des chariots s'est mis en marche sur la route côtière, entre la Méditerranée à gauche et des rangées d'immeubles dévastés à droite.
Selon le gouvernement de Gaza, 300.000 déplacés sont rentrés lundi dans le nord du territoire, à la faveur du fragile cessez-le-feu en place depuis le 19 janvier entre «Israël» et le mouvement de résistance palestinien Hamas.
Samedi, le président américain a proposé pour la première fois de déplacer les habitants de Gaza vers l'Egypte et la Jordanie pour, selon lui, «faire le ménage» dans le territoire.
Il a comparé le territoire palestinien dévasté à un «site de démolition».
«On parle d'environ 1,5 million de personnes, et on fait tout simplement le ménage là-dedans», a déclaré Trump en suggérant un déplacement «temporaire ou à long terme».
«J'aimerais que l'Egypte accueille des gens. Et j'aimerais que la Jordanie accueille des gens», a-t-il ajouté.
«Nettoyage ethnique»
L'immense majorité des 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre génocidaire «israélienne» à l'intérieur du territoire assiégé.
La Jordanie, qui accueille environ 2,3 millions de réfugiés palestiniens, tout comme l'Egypte ont réaffirmé dimanche tout rejet d'un «déplacement forcé» des Palestiniens.
La Ligue arabe a mis en garde contre «les tentatives visant à déraciner les Palestiniens de leur terre», ce qui «ne pourrait être qualifié autrement que comme du nettoyage ethnique».
La guerre génocidaire «israélienne» contre Gaza a tué plus de 47.000 Palestiniens, pour la plupart des femmes et des enfants, et en a blessé plus de 111.000 du 7 octobre 2023 jusqu’au 19 janvier 2025.