Le Canada se dit prêt pour une guerre commerciale avec les États-Unis
Par AlAhed avec agences
À trois jours de l'investiture du président américain désigné, Donald Trump, qui menace d'imposer des tarifs sur les importations canadiennes dès le premier jour de son mandat, le gouvernement fédéral assure qu'il est «prêt» à riposter.
«On n'est pas en train de chercher la bagarre, mais on va être là pour la bagarre si nécessaire», a lancé le Premier ministre, Justin Trudeau, à l'ouverture de la réunion du Conseil sur les relations canado-américaines, à Toronto.
Le Conseil comprend notamment l'ancienne première ministre de l'Alberta Rachel Notley, l'ancien ambassadeur du Canada aux États-Unis David MacNaughton et l'ancien Premier ministre du Québec Jean Charest.
Cette réunion fait suite à la rencontre qui a eu lieu mercredi à Ottawa entre M. Trudeau et les 13 premiers ministres des provinces et des territoires canadiens, au cours de laquelle tous, sauf la dirigeante albertaine, ont affirmé que toutes les mesures de représailles étaient désormais «sur la table» si M. Trump met à exécution ses menaces d'imposer des tarifs de 25 % sur tous les produits importés du Canada.
Le gouvernement espère encore empêcher l'application de ces tarifs qui «causeraient beaucoup de tort aux Canadiens, mais aussi à des millions d'Américains», selon M. Trudeau.
«La plus grande guerre commerciale depuis des décennies»
Plusieurs ministres fédéraux se sont d'ailleurs rendus ces derniers jours à Washington pour des discussions avec des responsables républicains et démocrates dans l'espoir d'éviter «une guerre commerciale» avec les États-Unis.
Cette expression a été répétée à plusieurs reprises vendredi par la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, à l'issue d'une visite dans la capitale américaine.
Au cours de cette visite, Mme Joly s’est entretenue avec les sénateurs républicains Lindsey Graham et James Risch, ainsi que John Thune, le numéro deux des républicains au Sénat, et la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.
Elle leur a notamment fait part des conséquences que de tels tarifs risquent d’avoir sur l’économie américaine et des mesures de représailles auxquelles pourrait avoir recours le Canada pour riposter à ces menaces si elles sont mises à exécution.
Répondant aux questions de journalistes, elle affirme que la plupart des responsables avec qui elle a parlé ont exprimé de «l'étonnement» et des «craintes» face à ces menaces.
«Certains ne semblaient même pas au courant» de l’existence de ces menaces «ou des leviers que possède le Canada» pour y faire face.
La ministre Joly a par ailleurs affirmé que le président Trump lancerait une «guerre commerciale» s'il va de l’avant avec ses menaces tarifaires qui «entraîneraient la perte de nombreux emplois à travers le Canada et la hausse du coût de la vie dans le pays».
«Avec ces tarifs [douaniers], les États-Unis déclencheraient une guerre commerciale, la plus grande guerre commerciale depuis des décennies», a-t-elle dit.
Mais elle assure que le Canada est prêt à y faire face.
«Nous serons prêts à mettre de la pression maximale parce que [cette] guerre commerciale [...] aurait des effets dévastateurs sur les Québécois et les Canadiens», a-t-elle ajouté.
Une riposte en plusieurs étapes
Plus tôt dans la journée, une source fédérale haut placée a affirmé que, si les menaces tarifaires américaines allaient de l'avant, le gouvernement de Justin Trudeau riposterait par une première phase de contre-tarifs douaniers s'élevant à 37 milliards de dollars.
Avec cette première salve, le gouvernement voudrait viser des produits qui auraient une incidence limitée sur l'économie canadienne.
Ottawa envisage néanmoins une deuxième phase de contre-tarifs, cette fois de 110 milliards de dollars.
Ceux-là, explique la même source, auraient le potentiel d'être plus dommageables pour l'économie du pays.
Le gouvernement s'est toutefois gardé de donner davantage de précisions sur les produits qui seraient visés par ces mesures, qui pourraient entrer en vigueur dès lundi, jour de l'assermentation de Donald Trump.
Une période de consultations, qui devrait durer entre 15 et 30 jours, sera toutefois nécessaire avant d'instaurer ces contre-tarifs.
Selon des médias canadiens, le gouvernement préférerait la première option, plus courte, de 15 jours.