Emmanuel Macron a insulté tous les Africains, selon le Burkina Faso
Par AlAhed avec agences
Après le Tchad et le Sénégal, c’est au tour du Burkina Faso de signifier son mécontentement après les propos d’Emmanuel Macron qui avait évoqué «l’ingratitude» de certains pays africains envers la France dans la lutte contre le terrorisme.
«Il a insulté tous les Africains. (…) Voilà comment ce monsieur voit l’Afrique, voit les Africains. Nous ne sommes pas des humains à ses yeux», a réagi, lundi 13 janvier, le Capitaine Ibrahim Traoré, lors d’une cérémonie de vœux.
«Il faut décoloniser les mentalités»
«Si vous voulez une rupture avec ces forces impérialistes, c’est simple, on dénonce les accords. Si on ne dénonce pas les accords, juste dire qu’ils quittent les bases [militaires], on n’a rien fait», a affirmé, lundi, le capitaine Traoré. Les Africains doivent se réveiller. Nous devons travailler à être indépendants. Il faut décoloniser les mentalités», a-t-il ajouté.
«Il s’agit de dissoudre et de garder un dispositif socle. Ils ne partiront pas de certains pays. Ils ont juste dissout le dispositif (…) Ils vont constituer des sociétés de sécurité pour sécuriser leurs entreprises qui sont dans ces pays, mais les soldats seront là. Vous ne les verrez plus en tenue ou rassemblés dans des bases», a-t-il expliqué.
Les relations entre le Burkina Faso et la France n’ont cessé de se dégrader depuis la prise de pouvoir par la force de ce capitaine de 36 ans, en septembre 2022. Le Burkina, comme ses voisins et alliés, le Mali et le Niger également gouvernés par des putschistes hostiles à Paris, ont obtenu entre 2022 et 2023 le départ des soldats français de leurs territoires. Les trois pays se sont parallèlement rapprochés de Moscou, tout comme la Centrafrique qui avait également exigé le départ des Français en 2022.
Le chef de l’Etat a souligné que dans le dispositif français, les plus dangereux sont les conseillers militaires. «Ce sont eux qui sont chargés de mettre en pratique la politique de la France en Afrique. Ils doivent travailler à rendre nos armées très faibles pour que la France puisse avoir l’argument d’exister ici», a-t-il déclaré tout en notant que le Burkina Faso a réussi à se débarrasser de ces conseillers militaires.
La France a décidé de réorganiser son dispositif militaire en Afrique en 2025, mais certains pays comme le Tchad et le Sénégal ont pris les devants dès novembre. Le Tchad, dernier point d’ancrage de la France au Sahel, a dénoncé l’accord de coopération militaire et exigé un départ d’ici fin janvier des troupes françaises. Deux bases militaires ont déjà été rétrocédées.
Le Sénégal a, de son côté, demandé la fermeture des bases françaises et la fin de toutes les présences militaires étrangères, selon un calendrier à définir. Et les deux pays ont aussi critiqué les propos de M. Macron qui avait également affirmé que la France avait consenti par politesse à certains pays africains «la primauté de l’annonce» de la réorganisation de son dispositif militaire.