Le Telegraph, le modèle de l’infox
Par Céline Farhat
Le Liban a fermement démenti dimanche, ce qui a été rapporté par le journal britannique The Telegraph selon lequel le Hezbollah stockerait des armes et des missiles à l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, qualifiant ce qui a été rapporté dans le rapport du journal de «mensonges».
Le ministre libanais des Transports, Ali Hamié, a déclaré que tout ce qui a été écrit dans le journal The Telegraph est faux et qu'aucune arme n’entre en contrebande via l'aéroport Rafic Hariri.
Il a ajouté que les Douanes libanaises représentent l'État dans la protection de l'aéroport Rafic Hariri et que les services de sécurité ne peuvent être remis en question. Il a souligné que «l'aéroport de Beyrouth a toujours été une cible pour l'ennemi israélien et fait actuellement l'objet d'une campagne du journal The Telegraph».
Ali Hamié a exigé l'arrêt des violations de l'ennemi «israélien» à l'encontre de l'aéroport international de Beyrouth, affirmant que le ministère est en train de préparer une poursuite judiciaire contre le journal The Telegraph car son article porte atteinte à la réputation de l'aéroport Rafic Hariri.
Le ministre libanais des Transports a invité les ambassadeurs et les médias à une visite d’inspection dans toutes les installations de l'aéroport Rafic Hariri lundi matin.
Pour sa part, l'Union du transport aérien au Liban a nié la présence d'armes et de missiles à l'aéroport international Rafic Hariri de la capitale Beyrouth, considérant ce que le journal britannique The Telegraph a rapporté comme de simples «mensonges».
L'union - qui regroupe des syndicats et des employés des compagnies aériennes - a déclaré dans un communiqué : «Le journal The Telegraph nous a informés de l'existence d'armes et de missiles à l'aéroport de Beyrouth sans fournir aucune preuve ou justification».
Le communiqué a ajouté que ce que le journal a rapporté «n'est que des mensonges pour mettre en danger l'aéroport de Beyrouth et son personnel, qui sont tous des civils, ainsi que les passagers qui le traversent, qui sont également tous des civils».
Que contenait le fameux rapport du Telegraph?
Le journal britannique The Telegraph a rapporté, citant des sources non identifiées, que le Hezbollah libanais stocke d'énormes quantités d'armes, de missiles et d'explosifs iraniens à l'aéroport civil principal de Beyrouth.
Le journal a affirmé également que le stock d’armes «comprend des missiles iraniens non guidés de type 'Fajr', des missiles à courte portée 'Fateh-110', des missiles balistiques mobiles, et des missiles 'M-600' d'une portée supérieure à 150-200 milles».
The Telegraph a poursuivi qu'il y a aussi à l'aéroport des missiles de type AT-14 Kornet, des missiles antichars guidés ATGM, d'énormes quantités de missiles balistiques à courte portée Burkan et d'explosifs RDX, une poudre blanche toxique également connue sous le nom de cyclonite ou d'hexogène.
Cette désinformation soulève des inquiétudes sur le fait que l'aéroport international Rafic Hariri, situé à seulement quatre miles du centre-ville, puisse devenir une cible militaire majeure pour l’ennemi «israélien». Cependant, cet ennemi n’a point besoin de justification ou d’alibi pour agresser le Liban et ses installations.
The Telegraph citant un «employé de l'aéroport» qui a parlé au journal sous couvert d'anonymat, a ajouté : «C'est extrêmement dangereux, les grandes boîtes mystérieuses arrivant sur des vols directs d'Iran sont un signe que les choses s'aggravent.»
Il a ajouté : «En se déplaçant dans l’aéroport, moi et mes amis avons ressenti la peur car nous savions qu'il se passait quelque chose d'étrange».
Il a exprimé des inquiétudes sur le fait qu'«une attaque de l'aéroport ou une explosion là-bas pourrait causer de graves dommages», et a comparé l'explosion potentielle à l'explosion qui a secoué le port et causé d'importants dégâts au centre-ville de Beyrouth en 2020.
Il a averti que «Beyrouth serait isolée du monde, sans parler du nombre de victimes et des dommages», ajoutant dans ses déclarations au Telegraph : «Ce n'est qu'une question de temps avant qu'une catastrophe ne se produise également à l'aéroport.»
Le travailleur anonyme a poursuivi dans ses déclarations : «En novembre, de très grandes boîtes sont arrivées de manière inhabituelle... Cela n'arrive pas souvent, mais c'est exactement ce qui s'est passé alors que tout le monde au Liban parlait de la possibilité d'une guerre.»
Un autre homme interviewé a allégué : «Depuis des années, je vois le Hezbollah travailler à l'aéroport de Beyrouth, mais quand il le fait pendant la guerre, cela fait de l'aéroport une cible... S’il continue à amener ces marchandises et qu'on ne me permet pas de vérifier, je pense vraiment que je vais mourir dans une explosion ou que je vais mourir dans un bombardement israélien sur les marchandises... Nous ne sommes pas seuls, ce sont les gens ordinaires, les personnes qui entrent et sortent, qui partent en vacances... Si l'aéroport est bombardé, le Liban sera fini.»
Un des employés présumés a allégué que «le responsable de l'unité de coordination du Hezbollah, Wafic Safa, vient toujours à la douane», faisant référence à ses liens étroits avec les directeurs de la douane, selon ce que rapporte le Telegraph.
Une source sécuritaire de l'Association internationale du transport aérien (IATA) est citée dans l’article du Telegraph: «Nous étions au courant de cela depuis des années, mais nous ne sommes pas en mesure de faire quoi que ce soit sans prendre des mesures juridiques internationales... Nous sommes limités dans ce que nous voulons vraiment faire, à savoir fermer l'aéroport et supprimer toutes les armes et les explosifs».
Toutefois, l’IATA a publié plus tard un communiqué, dans lequel elle a démenti tous les propos qui lui ont été attribués par le journal britannique, affirmant qu’aucun de ses employés n’a fait de telles déclarations.
Les médias de l’ennemi se sont mobilisés pour promouvoir les allégations du journal britannique.
L'armée «israélienne» a déclaré que «la stratégie du Hezbollah pour dissimuler ses armes et opérer à partir de quartiers civils découle de ses intentions d'attirer l'armée israélienne à cibler ces zones civiles en période d'escalade». Facile à décrypter.