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Les armes antichars du Hezbollah…l’expérience allant des simples canons à «Almas»

Les armes antichars du Hezbollah…l’expérience allant des simples canons à «Almas»
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Par Maysaa Mokaddem-AlAhed

Partant de quelques lanceurs et canons en 1982, la Résistance islamique a développé ses arsenaux antichars, arrivant aux missiles "Almas" (Diamant) en 2024.

Pour la première fois, le site AlAhed se remémore avec le Hajj Hussein, l'officier spécialisé dans la lutte antichar au sein de la Résistance islamique, des débuts de la formation du Hezbollah, accompagnant l'évolution de l'arme d'élite et son développement au fur et à mesure des étapes de confrontation avec l'ennemi sioniste, jusqu'au Déluge d'Al-Aqsa et les nouvelles armes utilisées par la Résistance islamique dans cette bataille jusqu'à présent, leurs caractéristiques et leurs spécificités, ainsi que les outils de leur développement.

Le parcours de la force de lutte contre les blindés au sein de la Résistance islamique peut être divisé, selon Hajj Hussein, en trois étapes depuis l’invasion israélienne du Liban en 1982 jusqu’à la libération en 2000.

La première phase de 1982 à 1992

Avant 1992, l’arme antichar se limitait aux projectiles "B7", à quelques lance-roquettes "B9" et au canon "106". Ces armes constituaient la seule capacité de la Résistance après l'invasion israélienne. Cette faiblesse des capacités a entraîné un manque d'efficacité face aux blindés ennemis, qui constituent le pilier de l'armée d’occupation israélienne (plus de 70% de l'armée ennemie sont des blindés), donnant à celle-ci une supériorité sur le terrain. Cette situation a perduré jusqu'en 1992.

La deuxième phase de 1992 à 1995

La Résistance a décidé d'activer l'arme antichar pour faire face à l'armée blindée, ce qui a marqué le premier départ en 1992. Un groupe de résistants s'est dirigé vers la République islamique d'Iran, où ils ont suivi une formation sur les armes guidées : "Malyutka", "TOW" et "Fagot".

Les armes antichars du Hezbollah…l’expérience allant des simples canons à «Almas»

Bien qu'ils aient suivi une formation sur ces armes, l'unique arme dont disposaient les combattants au Liban était le "Malyutka", et en quantités limitées, seulement 5 pièces réparties sur l'ensemble du front. La première attaque avec cette arme guidée a eu lieu sur la colline 910 dans la Bekaa ouest, où un char a été touché et détruit, avec des pertes et des blessés dans l'équipage.

Cette évolution a créé une nouvelle équation avec l'ennemi israélien, qui, informé que l'arme guidée, y compris le "Malyutka", était entrée en service dans la Résistance, a pris différentes mesures, dont le premier était de redéployer ses chars en arrière.

En 1995, la Résistance islamique a réussi à se procurer une arme de deuxième génération connue sous le nom de "Fagot", et les combattants ont été formés à son utilisation. La première attaque avec cette arme a eu lieu en 1995 sur le site de Baraachit durant la nuit, ce qui a constitué un grand choc dans "l'esprit israélien". L'ennemi avait en effet converti la plupart de ses mouvements en nocturnes après l'intensité des attaques de la Résistance de jour avec le "Malyutka". Pour briser cette nouvelle mesure, les résistants ont réussi à cibler l'ennemi avec le "Fagot", une arme de deuxième génération, la nuit, sur le site de Baraachit, où un char a été détruit.

Ce coup a marqué un bond de qualité dans l'armement de la résistance, et en même temps, il a provoqué un choc chez l'ennemi, le poussant à passer de l'attaque à la défense. Alors que la Résistance utilisait dans ses opérations offensives sur les positions, des armes mitrailleuses, des roquettes et des mortiers, elle est passée à l'arme guidée de types "Fagot" et "Metis", ce qui a entraîné un succès éclatant dans les opérations et a paralysé la capacité de l'ennemi à faire face aux résistants pendant les opérations offensives.

De même, la Résistance a réussi à se procurer une autre arme de deuxième génération, qui était considérée à l'époque comme une arme avancée, à savoir le "TOW" (de deuxième génération), connu pour être une arme antichar de deuxième génération, très précise, dont la résistance a bénéficié pour cibler les véhicules et les abris de l'ennemi. À cette époque, l'officier Hajj Hussein se rappelle l'expression utilisée par le journaliste Ibrahim el-Amin à propos de la résistance qu'il a qualifiée de "l'œil du poisson". À ce moment-là, elle ciblait les soldats ennemis retranchés dans les petits abris et les détruisait, dont l'abri d'El-Ezziyeh où 4 soldats ont été tués.

Le "Kornet", le secret de Hajj Imad et de ses combattants

L'officier spécialisé dans la lutte antichar nous parle d'une véritable guerre des cerveaux qui a eu lieu avant et après la libération en 2000, entre la Résistance islamique au Liban et l'ennemi israélien. Après la honteuse retraite de l'armée ennemie du sud du Liban, il était nécessaire de travailler sur un bond qualitatif et de développer ces armes offensives pour faire face aux prochains défis.

Le travail a immédiatement commencé sur l'étude, l'analyse et le développement de la capacité de la Résistance en termes d'efficacité face aux blindés ennemis, en particulier le sujet de la protection blindée équipant les chars ennemis, qui est considéré comme l'un des systèmes de "réponse passive" (système de protection du véhicule) les plus avancés au monde. La Résistance devait se procurer des armes pour faire face à cette menace, et c'est grâce à Dieu, qu'elle a pu obtenir l'arme "Kornet" en 2002.

L’officier de la Résistance, Hajj Hussein évoque dans ce contexte le martyr Hajj Imad Moghnieh :

"Ces capacités n'auraient pas été disponibles sans les efforts de Hajj Radwan. Nous avons obtenu le Kornet, les Mits et le B29, mais sur décision du commandement, il a été décidé de garder ces trois armes secrètes, et nous avons pris toutes les mesures pour préserver leur confidentialité de 2002 jusqu'à la guerre de juillet 2006. Même nos formations militaires n’étaient pas au courant de leur existence, et cela a continué avec un très grand effort, mais aussi avec une décision judicieuse qui a porté ses fruits en 2006 lorsque l'ennemi est entré en guerre contre nous selon un plan basé sur notre faiblesse et sur le fait que la portée de nos armes n'atteint que 3 km. Ainsi, toutes les avant-gardes de la force blindée qui ont attaqué nos régions étaient de la génération Merkava 4, et l'ennemi a donc construit son plan sur l'estimation et l'information selon laquelle notre capacité était faible. La surprise est donc venue avec le Kornet".

L'officier de la Résistance islamique, avec des larmes retenues entre les complications des théories militaires, révèle un secret : "Après avoir obtenu cette arme et avoir convenu de la garder secrète, l'équipe de travail sur le Kornet et les Mits a pris l'engagement devant Dieu Tout-Puissant de rester assidue dans les prières de Achoura... Et après que le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, ait été informé de cette affaire, il a dit que nous avons triomphé par cette prière et non par les armes...En effet, toute l’équipe initiale qui a été formée sur l'arme secrète récitait quotidiennement la prière d’Achoura, et la surprise du Kornet a secoué l'Israélien durant la guerre de juillet 2006", a-t-il rappelé.

L'officier a ajouté : "Il est vrai que la grande efficacité est celle de l'arme, mais l'essentiel réside dans l'habileté du tireur, en particulier celui qui tire à une distance de 5 et 5,5 km, ce qui nécessite une très grande compétence. L'ennemi a reconnu que nos hommes avaient une grande compétence dans le choix des cibles et la possibilité de les toucher à longue distance".

Au cours de la période allant de 2000 à 2006, le Hezbollah, grâce aux efforts de ses combattants et aux efforts des frères de la République islamique d'Iran, a réussi à développer des armes : augmentation de la capacité explosive du "Malyutka", augmentation du nombre des têtes de ce missile, pour constituer une arme anti-individus, anti-fortification et antichar. Le "Tandem" a été un antidote à l'armure réactionnaire.

La portée du "Fagot" est passé de 2 km à 4 km. La portée du missile "TOW" est également passée de 3 à 3 750 km. L'accent a été mis sur la multiplication des têtes explosives à fragmentation. Enfin, le Hezbollah a acquis les "Konkurs" et les "Metis" ainsi que le B29.

L’histoire de "Almas"

Pendant la guerre de juillet 2006, les soldats ennemis ont abandonné leurs armes sur le champ de bataille de Bint Jbeil alors qu'ils fuyaient sous les attaques des combattants de la résistance. Parmi ces armes se trouvait le missile antichar israélien "Spike", que la résistance a récupéré et évalué en priorité.

Après une première évaluation, la Résistance a réalisé que cette arme était de troisième génération, alors que tous ses armements étaient jusque-là de première ou de deuxième génération. Immédiatement, le commandement de la Résistance a décidé d'envoyer cette arme à la République islamique d'Iran, la même année. Suite au travail d'experts antichar de la Résistance et de leurs homologues iraniens pendant des années, le premier test du missile "Almas" a eu lieu en 2015.

Les armes antichars du Hezbollah…l’expérience allant des simples canons à «Almas»

L'officier expert antichar énumère les caractéristiques de cette arme : "C'est une arme de troisième génération, équipée d'une fibre optique qui transmet l'image du missile en vol au tireur, lui offrant deux avantages : le premier est un système up date qui améliore la précision pour toucher la cible, pendant la trajectoire. Le deuxième, ajouté par nos frères de la République islamique, est appelé "steer" (guidage), permettant de passer d'une cible à une autre pendant le tir, ce qui permet au tireur de modifier la cible après le lancement si une cible plus importante est identifiée. Un troisième avantage important est le "top attack" ou "diving attack", où le missile s'élève automatiquement avant de plonger sur la cible selon un angle élevé pouvant atteindre 45 degrés. C'était notre principal objectif pour faire face au système de défense "Trophée".

Les armes utilisées par le Hezbollah depuis le début du Déluge d’Al-Aqsa

Le Hezbollah a lancé son soutien et son aide à Gaza et à ses combattants le 8 octobre 2023. Le front sud du Liban a été ouvert par la Résistance islamique avec des armes bien connues par les Israéliens, à savoir les armes directes telles que "le RPG, le B9, le B10, le canon de 106 mm", ainsi que les armes guidées connues par les Israéliens comme "la Malyutka, le FAGOT, le Konkurs, le TOW, le Kornet et le Metis".

Le missile Almas a été utilisé par la Résistance à partir de la troisième semaine de la guerre, mais l'ennemi ne l'a pas découvert et a pensé qu'il s'agissait de "drones-kamikazes". Cette "cécité israélienne" a duré jusqu'à ce que la Résistance ait révélé cette arme environ deux mois après le début de la guerre.

Le Kornet à une portée de 8 à 10 km a également été utilisé secrètement pendant la guerre, avant d'être dévoilé lors de l'attaque du site de surveillance aérienne du mont Meron le 6 janvier 2024. La Résistance a également utilisé le Kornet sur le front libanais, mais avec des têtes explosives multiples, ce qui, selon l’officier de la Résistance, faisait partie de leurs secrets pour faire face au système de défense "Trophée".

Almas et ses caractéristiques

Le missile Almas est une arme de troisième génération, une version améliorée en République islamique d'Iran de l'arme israélienne "Spike". Quelles sont ses principales caractéristiques ?

Mise à jour comme suit :

- Système "Steer", c'est-à-dire le passage d'une cible à l'autre.

- La portée, car le "Spike" israélien atteint des portées de 4, 8 et 25 km. Le missile iranien Almas, peut atteindre des portées de 4, 7 et 12 km.

- Diversité des têtes, car le "Spike" israélien n'est que contre les blindés, tandis que Almas développé en Iran est contre les blindés, les fortifications et les individus.

- Il se caractérise par une fonction "fire and forget", c'est-à-dire "tirer et oublier" : toutes les armes de troisième génération dans le monde se basent sur l’action du tireur de cibler. Il se fixe et tire, et là s'arrête la relation entre le tireur et le missile. Le missile se dirige alors automatiquement vers la cible.

- Avantage du suivi du missile : il est possible de suivre le missile jusqu'au moment de son explosion sur la cible.

Qu'en est-il de la caméra de Almas ?

L'officier de la force antichar explique certains aspects de la caméra du missile Almas : ce n'est pas seulement une caméra, mais c’est ce qu'on appelle un système "Seeker". La caméra fait partie du système "Seeker" monté à l'avant du missile. Elle transmet une image de la zone cible pendant le vol du missile via le câble à fibre optique dont le missile est équipé, et assure la liaison électro-optique entre le missile et le tireur derrière la poignée. Après le tir, la caméra transmet l'image via la fibre optique à la poignée (il y a un écran à l'intérieur de la poignée sur lequel s'affiche l'image provenant du missile), et c'est là que commence le rôle du tireur. Il observe un signe plus (+) qu’il déplace vers le point qu'il veut, et il le suit jusqu'au dernier moment de l'explosion du missile sur la cible, ce qui signifie qu'il peut atteindre la plus petite partie à l'intérieur du char.

Les systèmes "Steer" et up date, ainsi que "Seeker" selon l'officier de la Résistance, "ont donné la possibilité de tirer sur des cibles invisibles, ce qui est considéré dans le monde des missiles guidés comme un pas vers l'avenir et une étape très avancée. Ainsi, l'ennemi positionné derrière les collines ou les montagnes, et sans possibilité de le voir directement malgré les informations sur sa position dans la zone, peut être ciblé en orientant la poignée dans la direction générale de la cible, et après le lancement du missile, il franchit automatiquement l'obstacle derrière lequel se trouve la cible. Alors toutes les cibles apparaissent, et on peut diriger le missile vers elles et réaliser un impact très précis".

Également dans le système "Seeker", il y a la fonction de verrouillage (lock), c'est-à-dire le verrouillage du missile sur la cible par le tireur, et rien ne l'empêchera durant sa trajectoire vers la cible désignée, quoi qu'elle manœuvre ou fuie, jusqu'à ce qu'elle soit touchée et détruite.

Le système Thar Allah

L'officier spécialisé dans les systèmes antichars révèle à AlAhed que le système "Thar Allah" est le fruit des innovations de la Résistance dans le cadre de la guerre des cerveaux contre l'ennemi. Pour bien comprendre ce système, il faut s'intéresser au fonctionnement du système de défense "Trophée".

Ce système est un outil de détection et d'attaque dans le cadre de ce qu'on appelle la "défense active". À l'échelle mondiale, il a commencé à être utilisé comme radar, détectant le missile se dirigeant vers le char avant qu'il n'atteigne les 20 ou 30 mètres, et grâce à un système radar classique comme tous les systèmes radar, l'outil d'attaque équipé (une charge placée sur un appareil électronique et électromécanique très précis qui oriente la charge dans la bonne direction) se dirige avec précision vers le missile qui s’approche du char et le fait exploser. En résumé, c'est comme un "Dôme de fer" fixé sur le char.

Lorsque "Israël" a fabriqué ce système, on a commencé immédiatement à travailler sérieusement en tirant parti de l'expertise interne et scientifique de la Résistance au Liban, ainsi que des frères de la République islamique. Les points faibles de ce système ont été identifiés. L'un des points faibles était son incapacité à faire face à plus d'un projectile à la fois, il a donc suffi simplement d'envoyer deux projectiles. Mais la mise en œuvre de cette idée a demandé des efforts acharnés, en particulier de la part des cerveaux électroniques qui ont aidé dans ce domaine. En résumé, c'est le système Thar Allah.

Le "Kornet" entre juillet 2006 et le Déluge d'Al-Aqsa

Pendant la guerre de juillet 2006, le Hezbollah a utilisé 52 missiles "Kornet" contre l'ennemi israélien, et depuis le début de la bataille du Déluge d'Al-Aqsa sur son front libanais de soutien, le Hezbollah a utilisé plus de 370 jusqu'à présent.

Les antichars... l'arme d'élite la plus puissante

L'officier du corps antichar de la Résistance parle de sa spécialité comme un poète évoquant son inspirateur : "Cette arme a une grande précision de tir ; elle tue les soldats à l'intérieur de leurs abris, elle suit en permanence les manœuvres de l'Israélien jour et nuit". Et il poursuit : "Le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, que Dieu le protège, avait déjà promis que l'Israélien verrait ses chars détruits via les écrans. L'arme antichars a réalisé cette décision et a fait que le monde entier puisse voir les chars israéliens brûler et détruits via les écrans".

L’officier de la Résistance islamique, Hajj Hussein affirme que "malgré toutes les mesures israéliennes visant à limiter l'efficacité de nos capacités, la lutte contre les blindés a continué à poursuivre et à affecter l'Israélien, infligeant de lourdes pertes à ses forces. Les équipements déployés pour nous découvrir et nous identifier sont presque terrifiants pour le monde, mais malgré cela, nous avons travaillé et réalisé ces exploits pendant les combats de la bataille Déluge d'Al-Aqsa".

En cas de guerre prolongée ou d'escalade, que pouvez-vous faire ?

L’officier répond à cette question de manière décisive : "Bien sûr, nous ne révélerons pas de détails spécifiques, mais ce que nous pouvons dire dans le cadre de la mobilisation face à l’ennemi, c'est que nous sommes toujours tenus de développer nos capacités et d'être pleinement prêts pour la prochaine étape. Cette théorie était présente dans le parcours de l'expérience contre les blindés et les exemples illustratifs sont concrets. En bref, nous allons surprendre l’ennemi", a-t-il conclu.

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