Des bateaux naviguant en mer Rouge masquent leur position
Par AlAhed avec Reuters
Les principales entreprises de fret maritime ont annoncé des changements d’itinéraires pour certains de leurs navires qui devaient emprunter le canal de Suez. Depuis plusieurs semaines, la principale route commerciale entre l'Asie et l'Europe est régulièrement attaquée par le mouvement yéménite Ansarullah en soutien à Gaza. Certains porte-conteneurs qui ont jeté l’ancre en mer Rouge ont également coupé leurs transpondeurs pour éviter d’être détectés.
La tension monte en mer Rouge. Un certain nombre de porte-conteneurs s'y sont mis à l'ancre et d'autres ont désactivé leurs systèmes de suivi alors que les compagnies de transport maritime modifient leurs itinéraires et leurs prix en raison des attaques menées par Ansarullah, contre la principale route commerciale entre l'Asie et l'Europe. Les tirs de missiles, de drones ou tentatives d'abordage des derniers jours visant des bateaux commerciaux naviguant en mer Rouge, liés à «Israël», ont incité les Etats-Unis à annoncer la création d'une force multinationale chargée d'assurer la liberté de circulation au large du Yémen.
Le trajet via le canal de Suez constitue la route maritime la plus courte entre l'Europe et l'Asie et concerne quelque 12% du trafic maritime mondial. Face aux risques encourus par leurs navires, les principales sociétés de fret maritime, comme le danois Maersk, l'italo-suisse MSC, le français CMA CGM ou l'allemand Hapag Lloyd ont annoncé des changements d'itinéraires pour certains de leurs navires qui devront franchir le cap de Bonne-Espérance, en Afrique du Sud. Des groupes pétroliers comme BP ont fait de même.
Au moins 11 porte-conteneurs qui ont franchi le canal de Suez avec à leur bord des biens de consommation et des céréales destinés à des pays comme Singapour, la Malaisie et les Émirats arabes unis, ont par ailleurs jeté l'ancre en mer Rouge, entre les côtes du Soudan et de l'Arabie saoudite, plutôt que risquer un passage dans le détroit de Bab al Mandeb, à la pointe du Yémen, selon les données de suivi des navires de LSEG. Quatre porte-conteneurs MSC naviguant en mer Rouge ont coupé leurs transpondeurs depuis le 17 décembre, probablement pour éviter d'être détectés, selon ces mêmes données.
Certains navires tentent de masquer leurs positions à l'approche du Yémen en envoyant des requêtes laissant penser qu'ils se trouvent à un autre endroit, a constaté Ioannis Papadimitriou, analyste du fret chez Vortexa. Maersk a suspendu vendredi 15 décembre toutes les expéditions de conteneurs via la mer Rouge à la suite d'un «quasi-accident» impliquant son navire Maersk Gibraltar un jour plus tôt. Un certain nombre de navires ancrés dans la mer Rouge sont des navires Maersk, selon les données de LSEG.
La société de transport maritime danoise a indiqué mardi 19 décembre que ses navires devant traverser le sud de la mer Rouge et le golfe d'Aden seraient détournés vers l'Afrique via le Cap de Bonne-Espérance, afin d'éviter le canal de Suez. «En attendant (que la sécurité soit rétablie en mer Rouge), l'acheminement des navires via le cap de Bonne-Espérance permettra d'obtenir des résultats plus rapides et plus prévisibles pour nos clients et leurs chaînes d'approvisionnement», a souligné Maersk.
Ansarullah, qui fait partie de l'«axe de résistance» contre «Israël» promu par l'Iran, justifient leurs attaques en mer Rouge par leur soutien aux Palestiniens assiégés dans la bande de Gaza. Ils assurent ne viser que des navires appartenant à des «Israéliens» ou commerçant avec «Israël».
L'impact de cette crise sur le commerce mondial est encore difficile à évaluer. Selon des sources industrielles, l'allongement des itinéraires et la hausse des primes d'assurance pourrait avoir un effet rapide sur le prix de certains biens. En revanche, Goldman Sachs a jugé lundi 18 décembre peu probable que la perturbation du trafic en mer Rouge ait des effets importants sur les prix du pétrole brut et du gaz naturel liquéfié (GNL), les navires pouvant emprunter un autre itinéraire. «Nous estimons qu'une hypothétique réorientation prolongée de l'ensemble du flux de 7 millions de barils de pétrole brut par jour augmenterait les prix au comptant du brut par rapport aux prix à long terme de 3 à 4 dollars le baril», a indiqué la banque d'investissement.
Certains propriétaires de pétroliers insèrent une nouvelle clause pour inclure une option «Cap de Bonne-Espérance» dans leurs contrats de transport par mesure de précaution, ont indiqué les courtiers maritimes. Une source proche de la branche logistique Cainiao du chinois Alibaba a prévenu que les délais de livraison pourraient être légèrement plus longs et les frais d'expédition un peu plus élevés, mais elle a estimé que dans l'ensemble, le changement d'itinéraire des porte-conteneurs devrait avoir peu d'impact sur l'activité.