Irak: Trois ministres démissionnent après le limogeage du président du Parlement
Par AlAhed avec AFP
La Cour suprême d'Irak a mis fin mardi au mandat du président du Parlement Mohamed al-Halboussi, une nouvelle crise politique qui a poussé dans la foulée trois ministres à claquer la porte du gouvernement.
L'arrêt de la plus haute instance judiciaire, qui ne peut être contesté, intervient à la suite d'une plainte déposée par un député pour «falsification» d'un document.
C'est un énième coup de théâtre dans un pays abonné aux secousses politiques, où les dissensions internes font et défont les alliances entre grands partis et barons de la politique.
«La Cour suprême fédérale met fin au mandat du président du Parlement», Mohamed al-Halboussi, en poste depuis 2018, a indiqué l'institution dans un communiqué publié sur son site, précisant avoir également mis fin au mandat du député à l'origine de la plainte, Laïth al-Douleimi.
La Cour suprême avait commencé à se pencher sur cette affaire en février après une plainte déposée par M. Douleimi qui accusait M. Halboussi de l'avoir poussé hors de l'hémicycle en «falsifiant» un document.
L'élu accusait le président du Parlement d'avoir ressorti une ancienne lettre de démission que M. Douleimi avait signée sans la dater.
Le président du Parlement aurait, selon les dires du parlementaire, «falsifié» la lettre en y apposant une date pour l'expulser de l'Assemblée.
M. Douleimi, à l'origine un député du parti Taqadom de M. Halboussi, avait ainsi accusé ce dernier d'avoir mis fin à son mandat en janvier via une «décision parlementaire illégale».
Boycott du Parlement
Réagissant à la décision judiciaire, le parti Taqadom (Progrès, en arabe) a dénoncé dans un communiqué «une violation flagrante de la Constitution» et un «ciblage politique».
En représailles, la formation a annoncé la démission de ses trois ministres au sein du gouvernement, chargés des portefeuilles de la Culture, du Plan et de l'Industrie.
En outre, ses députés vont «boycotter (...) les séances du Parlement».
En Irak, les élections et les nominations de responsables aux plus hauts postes sont bien souvent des processus ardus qui peuvent durer plusieurs mois, compliqués par des tractations interminables et des accords âprement négociés.
«Déstabiliser le pays»
Ancien gouverneur de la province d'Al-Anbar (ouest) majoritairement sunnite, Mohamed al-Halboussi avait obtenu en 2018 un premier mandat de président au Parlement.
Les députés devront désormais élire un nouveau président issu du bloc sunnite et en attendant l'intérim sera assuré par le vice-président du Parlement, selon l'ex-parlementaire Mohsen al-Saadoun.
«Malheureusement certains cherchent à déstabiliser le pays», a accusé M. Halboussi mardi, réagissant en pleine séance parlementaire à ce qu'il a qualifié de «verdict étrange».
«Nous nous étonnons de la promulgation de telles décisions, nous nous étonnons du manque de respect envers la Constitution», a-t-il ajouté, selon une vidéo partagée par les services de communication du Parlement.
Il s'est engagé à entreprendre les démarches nécessaires «pour préserver les droits constitutionnels».
«Permettez-moi de lever la séance», a-t-il conclu.