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Une grève sans précédent éclate dans le secteur automobile aux États-Unis

Une grève sans précédent éclate dans le secteur automobile aux États-Unis
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Par le Figaro

En paralysant la production de trois des modèles les plus populaires de General Motors, Ford et Stellantis, le syndicat unique des ouvriers automobile a mis sa menace à exécution. La grève simultanée des trois constructeurs américains historiques lancée par l'UAW (United Auto Workers), entamée à minuit heure de Washington, est sans précédent.

Shawn Fain, le nouveau président de l'UAW, pense avoir trouvé une méthode «économique» pour infliger le maximum de douleur aux trois constructeurs, tout en minimisant le coût de la grève pour les 146.000 ouvriers qu'il représente dans des négociations visant à renouveler leur contrat de travail vieux de quatre ans, qui vient d'expirer.

Dans un premier temps, seulement 12.700 ouvriers de GM, Ford et Stellantis (propriétaire de Chrysler), ont cessé le travail. Si la démonstration de force ne suffit pas à produire de nouvelles propositions de hausse de salaires, de meilleures retraites et des réformes de l'échelle des rémunérations, l'UAW se réserve le droit d'étendre la grève à d'autres usines au-delà des trois visées pour le moment.

Monopole de l’embauche

Le site de GM à Wentzville (Missouri), qui emploie 3600 ouvriers, notamment pour la production du pick-up Chevrolet Colorado, est à l'arrêt. L'usine Ford à Wayne (Michigan) et ses 3300 ouvriers n'assemblent plus les modèles Ranger et Bronco. En revanche, l'activité d'emboutissage de ce site est pour le moment exclue du mouvement par l'UAW. Enfin, à Toledo (Ohio), les 5800 membres de l'UAW n'assemblent plus les modèles Wrangler et Gladiator de Jeep, une des marques de Chrysler. On estime que chaque semaine de grève sur ces trois sites bloquerait la production de quelque 24.000 véhicules.

L'UAW dispose du monopole de l'embauche sur les chaînes de GM, Ford et Stellantis. Tout ouvrier rémunéré à l'heure chez ces trois constructeurs doit obligatoirement faire partie du syndicat. Shawn Fain, élu de justesse en mars dernier sur la promesse de bouleverser les relations du travail chez les «Big Three» de Détroit, prépare ses troupes depuis des mois pour un conflit long et coûteux. Contrairement à la tradition qui veut que l'UAW choisisse un des trois constructeurs pour négocier un nouveau contrat de travail de quatre ans, l'ancien ouvrier électricien de Kokomo (Indiana) veut frapper fort et s'en prend à la fois à GM, Ford et Stellantis. D'ordinaire les termes d'un nouveau contrat négociés avec un des constructeurs sont ensuite étendus et adaptés aux deux autres.

La démarche de Shawn Fain s'explique en partie par la perte de représentativité de l'UAW. Désormais les «Trois Grands» de Détroit ne représentent plus que 40% de la production automobile américaine. Le syndicat n'a jamais pu obtenir un vote majoritaire des ouvriers de constructeurs étrangers implantés aux États-Unis, comme Toyota, Honda, Nissan, Volkswagen, Mercedes-Benz ou Hyundai. La direction de l'UAW, déstabilisée par des années de scandales de corruption qui ont envoyé en prison deux des prédécesseurs de Shaw Fain, s'alarme en outre de l'émergence de multiples usines de batteries aux États-Unis, non syndiquées, subventionnées par l'État fédéral, destinées à approvisionner une nouvelle filière électrique employant nettement moins de main-d’œuvre pour produire un nombre équivalent de véhicules.

Des revendications à 100 milliards de dollars

La négociation du nouveau contrat de travail de l'UAW s'est engagée sur l'exigence d'une augmentation de 40% et de l'élimination de la double échelle de salaires, régime né en 2009, conçu pour sortir GM et Chrysler du dépôt de bilan. Il réserve la meilleure rémunération de plus de 32 dollars de l'heure aux ouvriers de plus de 8 années d'ancienneté. Les ouvriers plus récemment embauchés touchent aujourd'hui moins de 17 dollars de l'heure.

L'UAW a réduit ses ambitions de hausse de salaires autour de 35% au cours des dernières semaines, tandis que les constructeurs ont offert de majorer le salaire de référence de 17, 5 à 20%. Pour autant les positions respectives des négociateurs restent très éloignées. Aucun des trois géants n'a par exemple proposé l'élimination de la double échelle de salaires.

Ford estime que les demandes de l'UAW doubleraient le coût du travail de l'entreprise aux États-Unis. GM estime à 100 milliards de dollars, sur quatre ans, le coût des revendications de salaires et de retraites formulées par le syndicat. «C'est plus de deux fois la valeur de GM et ce serait absolument impossible à absorber», explique Gerald Johnson, responsable de la production du groupe de Détroit. Shawn Fain rétorque que la direction des constructeurs s'est octroyée de massives rémunérations ces dernières années, que les profits des constructeurs sont élevés et que les rachats d'actions sur le marché boursier engraissent les actionnaires aux dépens des ouvriers.

 

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