Pourquoi le régime syrien peut durer
Malgré les pressions, le régime de Bachar al-Assad a encore beaucoup de cartes en main...
Même en crise, le régime syrien risque de rester longtemps en selle. En voici les raisons.
Cohésion
Solidement accroché au pouvoir, le régime n'a connu aucune défection politique majeure. « Les officiers les moins fiables ont déjà été écartés ou sont trop compromis», estime Joseph Bahout, chercheur au Ceri. Pour lui, le seul élément déclencheur d'un retournement interne serait une abstention de la Russie à l'ONU, possible la semaine prochaine, selon Alain Juppé. «Ce serait un signal énorme qui montrerait que le régime est en train d'épuiser sa couverture diplomatique.»
Armée
Même si la stratégie de guérilla de l'Armée syrienne libre (ASL) marque des points sur le terrain, l'armée garde un avantage numérique et technique. «L'ASL ne compte au maximum que 15.000 hommes et ne parvient pas à contrôler les zones qu'elle occupe au-delà de plusieurs jours», juge Joseph Bahout. L'armée syrienne dispose d'environ 100.000 hommes loyaux et bien équipés.
Alliés
Contrairement à la Libye ou à la Tunisie, la révolution syrienne ne dispose pas de base arrière. «Hormis la Turquie, tous les pays voisins soutiennent le régime. C'est problématique sur le terrain car le Liban a renvoyé des opposants vers la Syrie», note Adam Ajlani, professeur au Cevipols.
Sanctions inefficaces
Les sanctions économiques touchent d'abord la population, première victime de la hausse des prix, des coupures d'eau et d'électricité et de la montée de la criminalité. «L'économie est exsangue mais à moins d'une crise monétaire extrême, le régime mettra du temps à s'effrondrer», analyse Thomas Pierret, professeur à l'université d'Edimbourg.
Attentisme
Excepté le Qatar, aucun pays ne souhaite vraiment une intervention militaire qui pourrait impliquer l'Iran et s'enliser sur le terrain.
Minorités
Les minorités chrétienne, druze et alaouite craignent une islamisation du régime en cas de victoire des rebelles. « L'opposition, affaiblie par ses divisions, ne les a pas rassurées sur ce point alors qu'elle aurait dû le faire », souligne Joseph Bahout.
Source: 20minutes - Hélène Duvigneau