Joe Biden et Narendra Modi vantent la «nouvelle énergie» de leur partenariat
Par AlAhed avec agences
Lors d'une conférence de presse commune jeudi, le président américain et le Premier ministre indien ont vanté une relation bilatérale «plus forte, plus étroite et plus dynamique que jamais». La visite d'État de Narendra Modi à la Maison Blanche intervenait alors que Washington cherche à renforcer sa position face à Pékin.
Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a vanté jeudi 22 juin à Washington la «nouvelle énergie» du partenariat avec les États-Unis tout en rejetant, dans un rare échange avec la presse, les critiques sur son bilan en matière de droits et de libertés.
Dans un long communiqué, qui déroule en 58 points des projets militaires, technologiques et économiques, Joe Biden et son invité assurent avoir établi «la vision la plus complète à ce jour pour le progrès de la relation bilatérale», et écrivent que leurs «ambitions vont atteindre de nouveaux sommets» à l'avenir.
Le président américain, soucieux de resserrer le lien avec l'Inde pour tenir tête à la Chine, a loué lors d'une conférence de presse une relation bilatérale «plus forte, plus étroite et plus dynamique que jamais».
Discrimination
Chose très rare, si ce n'est inédite, pour un dirigeant qui évite les interactions de ce genre, le dirigeant nationaliste hindou a répondu lors de cet événement à une journaliste américaine. Cette dernière l'a interrogé sur les accusations de répression des musulmans et de dérive autoritaire émises par de nombreuses associations ainsi que par l'ONU. «Dans les valeurs démocratiques de l'Inde, il n'y a absolument aucune discrimination, [y compris sur la base de la religion]», a-t-il dit.
Le sujet a suivi Narendra Modi lors de son allocution au Congrès américain. «Nous accueillons toutes les religions du monde et nous les honorons toutes», a-t-il encore assuré dans l'hémicycle de la Chambre des représentants. Des parlementaires démocrates, pourtant alliés du président, ont boycotté sa venue, accusant le gouvernement Modi de «prendre les musulmans et d'autres minorités religieuses pour cible».
Narendra Modi avait, avant de devenir Premier ministre il y a neuf ans, été indésirable pendant des années aux États-Unis à cause de «graves violations de la liberté religieuse». Il lui était reproché de n'avoir rien fait, en tant que dirigeant de l'État du Gujarat, pour contenir des violences meurtrières contre les musulmans.
Cette fois, plus de problème de visa, mais le tapis rouge et tous les fastes de la Maison Blanche pour le Premier ministre indien, au nom des intérêts stratégiques communs face au géant chinois. L'Inde est engagée dans un conflit frontalier avec la Chine, tandis que Joe Biden cherche à renforcer sa position dans la rivalité tous azimuts entre Washington et Pékin.
Le président américain a toutefois assuré qu'il espérait toujours rencontrer «prochainement» son homologue chinois Xi Jinping, qu'il a récemment rangé dans la catégorie des «dictateurs», au grand dam de Pékin.
Pionnière
L'annonce la plus forte jeudi est la fabrication future en Inde de moteurs F-414 pour avions de chasse par le conglomérat General Electric. Il s'agit d'un partenariat «fondateur», a estimé Narendra Modi, synonyme d'importants transferts de technologie américaine. L'Inde va par ailleurs acquérir des drones de combat américains.
Joe Biden ne peut que se réjouir de voir l'Inde diversifier ses équipements de défense, elle qui est historiquement dépendante de la Russie en la matière, et qui a adopté une position réservée face à Moscou depuis l'invasion de l'Ukraine. Narendra Modi a toutefois appelé jeudi, dans son communiqué commun avec le président américain, à respecter «l'intégrité territoriale et la souveraineté» de l'Ukraine.
La visite a aussi permis d'approfondir la relation économique et technologique, et ce alors que les États-Unis sont devenus le premier partenaire commercial de l'Inde. Les deux pays ont ainsi soldé jeudi plusieurs litiges commerciaux. Le groupe américain Micron, poids lourd de la fabrication de ces composants informatiques indispensables, a lui annoncé un investissement de plus de 800 millions de dollars dans une usine en Inde.
Par ailleurs, les deux pays entendent lancer une mission commune l'an prochain vers la station spatiale internationale, tandis que l'Inde rejoint les «accords Artemis», un cadre multilatéral fixé à l'initiative des États-Unis pour éviter les conflits dans la conquête et l'exploration spatiale.