Iran: Londres, Washington et Bruxelles renforcent leurs sanctions contre le CGRI, Téhéran réplique
Par AlAhed avec agences
Dans le cadre d'une réponse de réciprocité, Téhéran a décidé d’imposer des sanctions à une vingtaine de personnes et d’entités de l'Union européenne et du Royaume-Uni, après que le bloc et Londres ont imposé une nouvelle série de sanctions visant des responsables et des organisations iraniens.
Le ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré lundi 24 avril dans un communiqué que plus de 20 personnes et entités de l'UE et du Royaume-Uni étaient inscrites sur la liste noire pour «soutien au terrorisme et aux groupes terroristes, incitation et encouragement à des actes terroristes et à la violence contre le peuple iranien, ingérence dans les affaires intérieures de l'Iran, provoquer les violences et troubles en Iran, la diffusion de fausses informations sur l'Iran et la participation à l'escalade des sanctions cruelles contre le peuple iranien en tant que terrorisme économique».
Le ministère a souligné que les actes de ces individus et entités impliqués dans l'imposition et l'exacerbation des sanctions cruelles sont «des violations flagrantes des principes fondamentaux du droit international énoncés dans la Charte des Nations Unies».
Et de poursuivre: «Toutes les institutions de la République islamique d'Iran, conformément à l'approbation des autorités compétentes, prennent les mesures nécessaires, qui comprennent l'interdiction de délivrer des visas et l'impossibilité d'entrer sur le territoire de la République islamique d'Iran, le blocage des comptes bancaires dans le système financier et bancaire, et la confiscation des biens et avoirs sur le territoire sous la juridiction de la République islamique d'Iran, pour l'application effective des sanctions susmentionnées».
Parmi les 11 personnes de l'UE et une entité qui font face à l'interdiction de voyage et au gel des avoirs, figurent Frank Haun, le président de Krauss-Maffei, Flourian Seibel, co-fondateur et PDG de Drone-Robotics Quantum-Systems ainsi qu'un certain nombre de législateurs d'Allemagne, de France et du Parlement européen.
Le ministère a également annoncé des sanctions contre trois entités et six individus britanniques, dont Alan Mendoza, le fondateur et directeur exécutif de la Henry Jackson Society, et l'amiral Benjamin John Key, un officier supérieur de la Royal Navy.
Téhéran a critiqué Londres et Bruxelles pour avoir soutenu, facilité et échoué à contrer les actes destructeurs des individus et entités sanctionnés, notant que de telles mesures contreviennent aux obligations internationales en matière de lutte contre le terrorisme.
Représailles
La mesure de représailles de l'Iran est intervenue le jour même où le Royaume-Uni, l'Union européenne et les États-Unis ont renforcé de manière coordonnée lundi 24 avril leurs sanctions contre le Corps des Gardiens de la révolution, armée idéologique de la République islamique d'Iran, pour des violations présumées des droits de l'homme, malgré le fait que l'échec d'une telle politique a été prouvé à plusieurs reprises dans le passé.
Au total, Londres a ajouté à sa liste de sanctions liées à l'Iran plus de 70 personnalités et entités, interdites de se rendre au Royaume-Uni et ciblées par des gels d'actifs, a indiqué le ministère britannique des Affaires étrangères.
Cela inclut nommément quatre généraux des gardiens de la révolution, organisation sanctionnée «dans son intégralité», a souligné le ministère.
Coordonnée avec les États-Unis et l'Union européenne, cette annonce porte la liste britannique à 300 personnalités et entités.
L'UE a ajouté de son côté à sa liste, publiée dans son Journal officiel, huit personnalités (dont un commandant des gardiens de la révolution) ainsi que l'opérateur téléphonique Ariantel, pour les mêmes accusations présumées.
Septième salve de sanctions
C'est la septième salve de sanctions contre l'Iran de la part des 27 depuis la mort le 16 septembre dernier de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, décédée trois jours après s'être effondrée dans un poste de police de la capitale Téhéran.
Depuis sa mort, l’Iran a été secoué par un mouvement de contestation.
Des centaines de personnes, parmi lesquelles des dizaines de membres des forces de sécurité, ont été tuées pendant ces émeutes.
Des milliers de manifestants ont également été arrêtés, accusés par les autorités de participer à des émeutes fomentées par «Israël» et par les pays occidentaux.
Côté américain, ce sont au total huit responsables de la police et des gardiens de la révolution ainsi que le Secrétariat du Conseil suprême du cyberespace, qui surveille et restreint l'accès à internet, qui sont concernés, ainsi que le Secrétariat en tant qu'entité.
Par ailleurs, onze responsables gouvernementaux iraniens sont concernés par des interdictions de visa à destination des États-Unis.
Si le gouvernement britannique n'a cessé de renforcer ses sanctions contre les gardiens de la révolution, il a résisté pour l'instant aux appels à classer cette armée comme «organisation terroriste» au risque de couper tout contact avec Téhéran et empêcher de relancer l'accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien.
Les Européens se montrent également prudents alors que les eurodéputés ont adopté en janvier une résolution invitant l'UE à inscrire les gardiens de la révolution sur sa liste des «organisations terroristes».