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Cheikh Naïm Qassem raconte à Al-Ahed d’importants détails sur l’offensive israélienne d’avril 1996, la résistance et les négociations

Cheikh Naïm Qassem raconte à Al-Ahed d’importants détails sur l’offensive israélienne d’avril 1996, la résistance et les négociations
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Par AlAhed

27 ans se sont écoulés depuis l’offensive israélienne «les raisins de la colère» en 1996. L’ennemi y a voulu briser la résistance et envahir le Liban. Mais le résultat a été une défaite cuisante.

A l’occasion de la commémoration de cet évènement qui a généré un bouclier pour la protection des civils au Liban tout en arrachant la reconnaissance du droit des Libanais à la résistance, Al-Ahed a interviewé le secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem, qui a braqué l’éclairage sur plusieurs points de l’arrangement et sur des détails des négociations rudes.

-Nous commémorons l’offensive d’avril 1996 durant laquelle la résistance a ancré la première équation de protection des civils. Comment cette équation s’est –elle développée pour que «Israël» examine bien ses choix avant d’entamer toute nouvelle offensive contre le Liban ?

L'agression d'avril est la deuxième étape des larges agressions israéliennes après 1993. Le but en était de briser la résistance, d'inciter l'opinion publique libanaise contre elle et d'obtenir une résolution internationale, qui empêcherait la résistance d’agir.

Mais l’aplomb de la résistance, la continuité du bombardement, et le maintien du rythme du nombre des roquettes par jour, de sorte que l'Israélien n'a pas eu le sentiment que la résistance s’était affaiblie, lui a fait comprendre qu’il payera un lourd tribut.

Nous considérons que l’arrangement d’avril a conduit «Israël» et la communauté internationale à reconnaitre la légitimité de la résistance et que la riposte de la résistance est une mesure de défense. C’est une équation très importante. En effet, nous avons bombardé leurs cibles militaires parce qu’ils visaient directement les civils. Les colonies n’étaient pas une de nos cibles essentielles. Ainsi nous avons ancré un arrangement consistant à protéger les civils par la menace du bombardement des civils de l’entité. Ce fut la première équation qui établit un équilibre. Cependant, cette équation a jeté les fondements de celle de 2006, lorsque l’équilibre de la dissuasion a été plus global, sans arrangement écrit. Selon cette équation, si «Israël» attaque n’importe quelle personne ou localité au Liban, il y aura une riposte contre l’entité sioniste. Ce fut le fruit de l’arrangement d’avril, mais d’une manière plus développée pour s’étendre à tout le Liban, ce qui constitue un important exploit.

-Quel rôle a joué la Syrie durant les négociations. Est-ce le même rôle joué durant la guerre de juillet 2006?

Le rôle de la Syrie, notamment du président Hafez Assad était central et décisif. Nous avions un avis différent de celui des autorités politiques libanaises, qui voulaient s’entendre sur une trêve avec l’entité. Nous avions jugé qu’une telle trêve est dangereuse, parce qu’elle permet à «Israël» de reprendre son offensive en tout instant. Pour ces raisons nous voulions mettre fin à la guerre ou poursuivre le combat. Ce fait a poussé le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, qui menait les négociations aux côtés du président Assad et de Farouk el-Chareh, à demander de refuser la trêve. Le président Assad a alors posé la question suivante : combien de temps pouvez-vous poursuivre le combat, pour que je sache comment agir? Sayyed Nasrallah a répondu : pendant des mois. Le président Assad a ainsi décidé de refuser la trêve, exigeant une solution ou la poursuite des combats. Ce fut une importante position prise par le président Assad.

Concernant l’offensive de juillet 2006, la Syrie s’est tenue également aux côtés du Liban, sous le commandement du président Bachar Assad, qui a facilité le transport des armes et soutenu la position libanaise durant les négociations.

Aujourd’hui, la Syrie fait partie de l’axe de la résistance, après avoir souffert depuis 2011 des tentatives de l’annulation de ce rôle. Le président Assad et l’armée syrienne, en coopération avec les alliés ont résisté. Nous pouvons affirmer que la Syrie est toujours aux côtés de la résistance dans la région.

-Quels détails vous rappelez-vous des négociations indirectes?

Les négociations étaient très dures. Le point essentiel qui a retardé l’arrangement est la question de la sortie des résistants du territoire et des villages libanais. Les Américains ont écrit un texte qui interdit aux combattants de se lancer à partir des villages. Nous avons répondu que nous sommes les habitants de ces villages, comment notre action ne sera-t-elle pas lancée à partir de ces localités? Il serait meilleur de dire de ne pas lancer les roquettes à partir des villages, ce qui constitue une grande différence, sachant que le Hezbollah tient à choisir les zones ouvertes pour lancer les roquettes. Ainsi nous avons accepté d’empêcher le tir des roquettes à partir des villages, tout en insistant sur la sortie des combattants de ces localités. Nous avons considéré que ce point constitue une reconnaissance du droit légitime de la résistance.

-Que dites-vous sur le rôle américain et comment est-il comparé au rôle actuel à l’égard du Liban?

Le rôle américain adopte toujours l’approche offensive de l’occupation. C’est une constante chez les États-Unis de se tenir aux côtés d’«Israël» «dans son droit à se défendre». Ce rôle demeure le même. Les récentes agressions sont illustrées dans les sanctions contre les Libanais, dans la couverture assurée à l’offensive de 2006 et dans les tentatives de semer le chaos au Liban.

-Sayyed Zoulfikar était un des piliers du combat lors de cette guerre. Quels étaient ses exploits?

Sayyed Moustapha Badreddine «Zoulfikar» était le responsable militaire central. Il a formé et organisé les combattants. Il possédait un cerveau stratégique et planifiait ses démarches. Il était connu par sa discipline, l’équipement des combattants par les meilleurs types d'engins, d'armes, de capacités, de ravitaillement, de moyens de transport et de cachettes.

Il était le commandant militaire de la bataille. Il tenait à ne pas réduire le nombre des roquettes lancées chaque jour. Il s’employait à trouver une méthode pour transporter le nombre suffisant de roquettes au front.

-Durant les négociations, sayyed Nasrallah a affirmé que le Hezbollah ne signera jamais un même document avec les sionistes. Comment ce principe a été respecté plus tard arrivant à la cessation des hostilités en 2006 et aux négociations qui ont suivi?

Nous avons discuté cette question au sein de la Choura, sous le commandement du secrétaire général du Hezbollah. Comment plusieurs pays pourront parrainer un arrangement sans que nous signions un même document avec l’ennemi. La solution était que puisque le Liban est responsable de la résistance, il pourrait signer l’entente écrite, aux côtés des États-Unis de la France et de la Syrie. Ainsi l’arrangement d’avril n’a pas été signé par le parti mais par l’État libanais.

Plus tard, lors de la résolution 1701, cette dernière ne nécessitait pas de signature puisqu’elle est émise par le Conseil de sécurité. Puis lors de (la démarcation des frontières maritimes), il y a eu deux documents, l’un signé par les «Israéliens» et l’autre par l’État libanais, avant de les envoyer aux Nations-Unies.

-Comment commentez-vous le tir de roquettes contre l’entité israélienne à partir de plusieurs fronts, en riposte aux violations commises dans la mosquée Al-Aqsa? L’entité sioniste est-elle plus menacée en raison de l’unité des arènes de l’axe de la résistance?

Avant de commenter le tir de roquettes à partir du Liban, du Golan ou de Gaza, nous devons discuter de l’offensive israélienne contre Al-Qods et les Palestiniens en Cisjordanie, à Al-Qods et à Gaza. Les Palestiniens ont le droit de se défendre par les moyens qu’ils jugent adéquats. Nous évoquons à ce propos des principes et des règles. La question qui doit être posée c’est pourquoi le monde n’agit pas pour cesser les agressions sionistes contre l’esplanade des mosquées et les crimes israéliens contre les Palestiniens? C’est la question principale non d’où les roquettes ont été lancées.

-Les médias israéliens évoquent dernièrement un rôle du Hezbollah non seulement à la frontière du Liban sud, mais tout au long des frontières arrivant au Golan occupé. Quelle est la vérité de ce rôle?

Le Hezbollah est présent au Liban et sa résistance est lancée à partir du territoire. C’est le peuple palestinien qui lutte contre l’entité israélienne temporaire, aux côtés des forces dans l’entourage de la Palestine. Le Hezbollah ne nie pas son soutien à tous ceux qui luttent face à «Israël». Nous jugeons que les Palestiniens ont le droit de combattre «Israël» en Palestine et de libérer leur territoire et Al-Qods. Nous sommes à leurs côtés et combattons pour la libération de la terre de la manière que nous jugeons convenable.

-Quel message adressez-vous au peuple palestinien dans le contexte de l’escalade à l’esplanade des mosquées?

Nous saluons l’imam Khomeiny qui a déclaré la Journée mondiale d’Al-Qods. Ce fut l’annonce d’une nouvelle période pour la lutte des populations aux côtés du peuple palestinien face à l’ennemi israélien. Aux Palestiniens on indique qu’ils ont montré leur prouesse grâce aux sacrifices, aux martyrs et aux blessés. Il s’est avéré que lorsqu’ils disposent des potentialités, ils sacrifient tout dans la bataille. C’est un peuple glorieux et je suis certain qu’il remportera la victoire et libèrera la Palestine. C’est une question de temps.

-Comment interprétez-vous le rétablissement des relations irano-saoudiennes?

Le rétablissement des relations irano-saoudiennes porte deux significations essentielles : le changement des faits dans la région dans la mesure où l’ennemi central est désormais l’entité israélienne, non l’Iran. En effet, l’accord irano-saoudien ouvrira une nouvelle page pour la force et la dignité des peuples et pays de la région, dans un contexte de stabilité et de coopération loin de l’approche voulue par les Américains. C’est un grand exploit pour les prochaines générations.

Pour nous, cet accord inaugure une nouvelle ère dans la région, vers davantage de coopération et d’isolement d’«Israël», au moment où l’intervention américaine dans plusieurs affaires sera réduite.

Nous espérons voir les effets de cet accord dans toute la région, à la lumière du début de la solution entre le Yémen et l’Arabie saoudite, tout comme l’amélioration des relations entre l’Arabie et la Syrie. Ces indices prouvent que l’accord progresse rapidement et créera un climat positif au Liban.

-Y-a-t-il de nouveau concernant la présidentielle libanaise?

Le dossier de la présidentielle est toujours dans l’impasse en raison de l’insistance de plusieurs blocs parlementaires à refuser le dialogue et à adopter des choix logiques. A l’heure actuelle, la seule personne qui possède un grand nombre de voix est Sleiman Frangieh, contrairement à tous les autres candidats. De la sorte, les blocs parlementaires n’ayant pas réussi à s’entendre sur un candidat capable d’assurer le quorum au parlement, doivent mener le dialogue pour essayer de rapprocher les points de vue en faveur de la candidature de Sleiman Frangieh. L’alternative est une perte de temps et une prolongation du vide. Nous voulons élire un président dans les plus proches délais, puisque cette échéance constitutionnelle pavera la voie à toutes les solutions. Il est temps que les blocs parlementaires adoptent une approche réaliste et œuvrent pour trouver des points communs autour d’un président capable de s’ouvrir à tous et de sauver le Liban.

 

 

 

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