Lula à Biden : un groupe de pays pas impliqués dans la guerre en Ukraine, doit chercher la paix
Par AlAhed avec agences
Lors de sa rencontre avec Joe Biden, le président brésilien Lula a évoqué «le besoin de créer un groupe de pays qui ne soient pas impliqués, ni directement ni indirectement, dans la guerre de la Russie contre l'Ukraine, afin que nous ayons la possibilité de construire la paix.»
Le président américain, aux côtés de son invité, a reconnu que la démocratie avait été «mise à l'épreuve» dans les deux pays, le 6 janvier 2021 quand des partisans de l'ancien président Donald Trump ont attaqué le Capitole à Washington, et le 8 janvier 2023 quand une foule acquise à l'ancien chef d'État Jair Bolsonaro a pris d'assaut les institutions de Brasília.
Plus tôt dans la journée, lors d'un bref échange devant la presse dans le Bureau ovale, avant le début de la réunion bilatérale proprement dite, Lula a vivement critiqué son prédécesseur d'extrême-droite, actuellement présent aux États-Unis, pour avoir diffusé «de fausses informations, le matin, l'après-midi, le soir».
«Cela me rappelle quelque chose» a répliqué le président américain. «Bolsonaro est une copie fidèle de Trump, c'est comme si on le passait à la photocopieuse», a aussi fait remarquer Lula dans un entretien à la chaîne CNN, diffusé avant sa rencontre à la Maison Blanche.
Ukraine : pas d'engagement de Lula
À propos de l'Ukraine, un sujet délicat entre les États-Unis et le Brésil, Lula a dit lors de son échange avec la presse qu'il avait évoqué «le besoin de créer un groupe de pays qui ne soient pas impliqués, ni directement ni indirectement, dans la guerre de la Russie contre l'Ukraine, afin que nous ayons la possibilité de construire la paix.»
Les États-Unis sont les grands pilotes de la réponse occidentale à la Russie, tandis que le Brésil a condamné l'opération russe à l'ONU mais n'a pas adopté de sanctions économiques contre Moscou ni envoyé de munitions à Kiev. Le président brésilien a pour finir invité Joe Biden à visiter le Brésil, une invitation acceptée par le président américain, précise leur communiqué commun.
«Prendre soin de la forêt tropicale amazonienne»
«Je vais vous dire une chose: Bolsonaro n'a aucune chance de redevenir président du Brésil», a-t-il affirmé à la chaîne, tout en indiquant qu'il ne demanderait pas l'extradition de son rival qui se trouve actuellement en Floride. «Je ne vais pas en parler à Biden car cela dépendra de la justice brésilienne», a-t-il fait valoir. Dans le Bureau ovale, Lula a déploré que «le Brésil s'est isolé pendant quatre ans». Il a aussi réitéré sa promesse de supprimer d'ici 2030 la déforestation dans la forêt amazonienne: «Prendre soin de la forêt tropicale amazonienne c'est prendre soin de la planète, de notre propre survie». La déforestation en Amazonie a progressé de 60% lors de chacune des années de mandat de Bolsonaro (2019-2022).
Elle a continué, mais a nettement ralenti dès le premier mois de mandat de Lula. En janvier, 167 km2 de la plus grande forêt tropicale de la planète ont été détruits, soit l'équivalent de plus de 22.000 terrains de football. Mais c'est beaucoup moins que les 430 km2 déboisés en janvier 2022, quand Jair Bolsonaro était encore au pouvoir. Les États-Unis ont de leur côté annoncé leur intention de travailler avec le Congrès pour financer des programmes de protection et de conservation de l'Amazonie brésilienne, dont un soutien initial pour le «Fonds pour l'Amazonie», mécanisme financier multilatéral créé en 2008 et géré par le Brésil pour soutenir la lutte contre la déforestation, détaille le communiqué commun.
«J'ai évoqué la nécessité que les pays riches prennent leurs responsabilités pour aider les pays ayant des forêts tropicales et pas seulement au Brésil», avait dit plus tôt Lula à la presse. Lula a relancé ce fonds que son prédécesseur avait gelé, et auquel ont surtout contribué jusqu'ici la Norvège et dans une moindre mesure l'Allemagne. Le Brésil est aujourd'hui en quête d'autres donateurs.