L’opposition bahreïnie convient à l’unanimité de boycotter les élections
Par AlAhed avec agences
Les Bahreïnis sont appelés aux urnes samedi 12 novembre pour des élections législatives sans surprise majeure attendue dans le petit royaume du Golfe. L'absence de représentants des deux principaux groupes de l'opposition, Al-Wefaq et Waad (laïc), interdits par le pouvoir en 2016 et 2017, suscite des appels au boycott.
Un nombre record de 330 candidats, parmi lesquels 73 femmes, se disputent les 40 sièges de la chambre basse du Parlement, qui conseille le roi Hamad ben Issa al-Khalifa, au pouvoir depuis la mort de son père en 1999. L'absence de représentants des deux principaux groupes de l'opposition, Al-Wefaq et Waad, interdits par le pouvoir en 2016 et 2017, suscite toutefois des appels au boycott.
«À la lumière de l'atmosphère de plus en plus suffocante, de la dictature de la dynastie Al Khalifah au pouvoir, du mépris total des demandes publiques et de la violation du droit des gens à sceller leur propre destin, les groupes d'opposition bahreïnis basés à l'étranger ainsi que les militants sociaux et politiques du pays ont pris la décision de ne pas voter lors des prochains scrutins», a déclaré Cheikh Hussain al-Daihi, le secrétaire général adjoint de la Société islamique nationale al-Wefaq.
«Malgré les efforts ambitieux du régime de Manama tels que l'achat de voix, les responsables bahreïnis ont subi un échec diplomatique majeur. La décision de boycotter les élections du 12 novembre est venue en réponse à un appel de l'ayatollah Sheikh Isa Qassim [le plus éminent religieux de Bahreïn] à ne pas participer aux élections», a déclaré Sheikh Daihi.
«Le régime au pouvoir à Manama maintient la nation bahreïnienne dans l'appauvrissement, même s'il exerce un monopole complet sur les actifs nationaux ainsi que sur les secteurs économiques vitaux du pays. La pauvreté est répandue dans tout le pays et environ la moitié de la population (47%) reçoit des subventions», a déclaré le haut responsable de l'opposition bahreïnie.
«Ce qui se passe actuellement à Bahreïn est scandaleusement insensé. «Les candidats sont très fiers d'avoir la chance de servir le régime d'Al Khalifah plutôt que la nation s'ils sont élus», a déclaré Sheikh Daihi.
Allié clé des États-Unis dans la région, Bahreïn a été secoué par des troubles en 2011, lorsque les forces de sécurité ont réprimé des protestations pacifiques réclamant une monarchie constitutionnelle. Depuis, de nombreux dissidents ont été emprisonnés et des centaines ont été déchus de leur nationalité. Le scrutin est organisé dans un «environnement de répression politique», a dénoncé jeudi Amnesty International. «Aujourd'hui, à Bahreïn, il n'y a pas de véritable opposition politique», a déclaré Amna Guellali, directrice régionale adjointe de l'ONG.
En 2018, le pays a adopté des lois dites d'isolement politique et civil interdisant aux anciens membres des partis d'opposition non seulement de se présenter au Parlement, mais aussi de siéger aux conseils d'administration d'organisations civiles. Depuis, entre 6.000 et 11.000 citoyens ont été visés par ces lois, de manière rétroactive, a estimé l'ONG Human Rights Watch dans un rapport publié en octobre. Pour l'organisation de défense des droits humains, ces élections «offrent peu d'espoir de résultats plus équitables qu'en 2018».
Bahreïn est un archipel composé d'une grande île et 34 autres plus petites, situé entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Avec une superficie d'à peine 700 kilomètres carrés, le plus petit pays du Moyen-Orient est un allié stratégique de l'Occident, qui a normalisé ses relations avec «Israël» en 2020. Fortement dépendant du pétrole, le pays a bénéficié en 2018 d'un plan d'aide de 10 milliards de dollars (8,6 milliards d'euros) de ses principaux alliés du Golfe.