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Pétrole: l’Opep+ baisse sa production, Washington l’accuse de «s’aligner sur la Russie»

Pétrole: l’Opep+ baisse sa production, Washington l’accuse de «s’aligner sur la Russie»
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Par AlAhed avec AFP

L'Opep+, de retour à Vienne mercredi 5 octobre pour la première fois depuis mars 2020, a voulu marquer le coup: elle a décidé d'une coupe drastique des quotas de production de pétrole pour soutenir les prix au risque de froisser la Maison Blanche.

Les treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par l'Arabie saoudite, et leurs dix partenaires conduits par la Russie ont convenu d'une baisse de «deux millions» de barils par jour pour le mois de novembre, a annoncé l'alliance dans un communiqué.

«C'est la réduction la plus importante depuis le début de la pandémie», a réagi dans une note Srijan Katyal, de la société de courtage ADSS.

Elle va probablement «doper les prix», a-t-il ajouté, à l'encontre des efforts des Occidentaux pour enrayer la flambée des coûts de l'énergie pesant sur la croissance mondiale.

Cette décision intervient «juste au moment où les consommateurs poussaient un soupir de soulagement», les prix à la pompe ayant fortement reculé depuis cet été, rappelle Craig Erlam, d'Oanda.

Les deux références mondiales du brut ont perdu du terrain ces dernières semaines, évoluant autour de 90 dollars le baril, bien loin des sommets enregistrés en mars au début de l’opération militaire russe en Ukraine (près de 140 dollars).

«S’aligner avec la Russie»

Le président américain Joe Biden a rapidement réagi exprimant sa déception «de la décision à courte vue» de l'Opep+, selon un communiqué de la Maison Blanche.

«Au vu de la décision du jour, l'administration Biden va consulter le Congrès sur les outils et mécanismes supplémentaires permettant de réduire le contrôle (du cartel de pays producteurs d'or noir, ndlr) sur les prix de l'énergie», a fait savoir l'exécutif américain.

Le président américain Joe Biden s'échine depuis des mois à tenter d'endiguer l'envolée des prix qui érode le pouvoir d'achat des ménages, allant même jusqu'à se rendre à Riyad en juillet lors d'une visite très controversée.

«Il est clair qu'avec sa décision aujourd'hui, l'Opep+ s'aligne avec la Russie», a déclaré de son côté la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre.

Cette décision «est une erreur», a-t-elle estimé à bord de l'avion qui emmène le président américain Joe Biden en Floride pour un déplacement consacré aux dégâts causés par l'ouragan Ian.

Une mesure favorable pour Moscou

Une nette baisse des volumes de brut arrange Moscou, «et pourrait donc être perçue comme une nouvelle escalade des tensions géopolitiques», commente Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote.

Le vice-Premier ministre russe en charge de l'Énergie, Alexandre Novak, s'en est d'ailleurs pris mercredi à la politique de sanctions européennes.

Il a fustigé mercredi tout plafonnement du prix du pétrole russe, mesure envisagée par l'UE, qui «violerait les mécanismes du marché» et pourrait avoir «un effet très néfaste» sur l'industrie mondiale.

Évoquant de possibles «pénuries», il a une nouvelle fois averti que les entreprises russes «ne fourniraient pas de pétrole aux pays qui utilisent cet instrument», selon des propos tenus sur la télévision russe.

Créée en 1960 avec le but de réguler la production et le prix du brut, en instaurant des quotas, l'Opep s'est étendue en 2006 à la Russie et d'autres partenaires pour former l'Opep+.

Dans un geste historique, les membres de l'alliance avaient décidé au printemps 2020 des coupes de près de 10 millions devant l'effondrement de la demande liée à la pandémie de Covid-19. Une recette qui avait marché.

Cette fois, ils veulent «avoir une longueur d'avance sur une éventuelle récession grâce à des mesures proactives», explique Bjarne Schieldrop, de Seb. «Ce qui leur permettrait d'éviter une éventuelle accumulation de stocks et donc des prix du pétrole bas».

Déjà en septembre, le groupe avait légèrement abaissé son objectif (de 100 000 barils) et s'était dit prêt à faire plus.

Après avoir bondi en début de semaine, les cours ont à peine réagi, mercredi vers 13H00 GMT, à 91,84 dollars le baril de Brent de la mer du Nord, et 86,36 dollars pour le baril de WTI, son homologue américain.

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