Canada: le Québec réélit la coalition nationaliste en place depuis 2018
Par AlAhed avec AFP
Les Québécois ont largement réélu lundi 3 octobre la coalition de droite au pouvoir depuis quatre ans selon les médias locaux de cette province francophone canadienne où la question de l'immigration et celle de l'identité québécoise ont été au cœur des débats.
Plus de 6 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour élire les 125 députés de l'Assemblée du Québec.
La Coalition Avenir Québec (CAQ), parti nationaliste hétéroclite de droite, emmené par le Premier ministre actuel François Legault, a réalisé un véritable raz-de-marée, quatre ans après son arrivée au pouvoir.
Avec 41% des voix et 89 sièges, cette formation nationaliste fondée en 2011, a fait mieux qu'en 2018.
«Message fort»
Les autres partis étaient très largement distancés avec en seconde position le Parti libéral du Québec (PLQ, centre-gauche) qui a remporté 22 sièges, ce qui constitue les plus mauvais résultats pour la formation qui a dirigé le Québec près de quinze années avant 2018.
«Les Québécois ont envoyé un message fort», s'est enthousiasmé François Legault dans son discours en fin de soirée qui a promis «d'être le Premier ministre de tous les Québécois» après une campagne très clivante.
«C'est une victoire historique», a-t-il poursuivi avant d'évoquer l'éducation et l'économie comme priorités devant ses partisans réunis sur la moquette rouge d'un théâtre de Québec. «Il faut continuer à créer de la richesse au Québec car cela nous donne des moyens. Nous avons une occasion exceptionnelle pour faire du Québec un leader en économie verte».
Une approche «business» de la politique
Il y a quatre ans, François Legault, ex-homme d'affaires multimillionnaire, était arrivé au pouvoir en réussissant son pari d'imposer une «troisième voie».
Ni indépendantiste, ni fédéraliste, le fondateur de la compagnie aérienne Air Transat revendique une approche «business» de la politique et des valeurs nationalistes.
«Je suis ravi de voir mon ami, le premier ministre @francoislegault recevoir un autre mandat fort de la part des Québécois», a tweeté dans la soirée Doug Ford, le premier ministre de l'Ontario, la province voisine. «Continuons à tisser des liens plus profonds entre nos deux provinces et à renforcer nos liens économiques qui créent des emplois bien rémunérés».
La vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique du Québec, Geneviève Guilbault s'est réjoui des résultats devant la presse.
«Les gens trouvaient qu'on avait bien géré la pandémie», a-t-elle estimé, ajoutant: «Il y avait quelque chose d'ingrat dans le fait d'avoir été un peu obligé de s'occuper de ça uniquement. Ils veulent nous laisser une chance, un plein mandat de quatre ans pour qu'on continue».
Mais la carte des résultats montre une province fortement divisée entre Montréal, grande ville multiculturelle, et le reste du territoire.
Le parti au pouvoir ne compte qu'une députée sur le territoire de la métropole québécoise, bastion du parti libéral et de Québec solidaire (gauche).
Autre fait marquant: pour la première fois, une députée autochtone siégera à l'Assemblée nationale québécoise.
Membre du parti au pouvoir, Kateri Champagne Jourdain s'est réjouie devant la presse de «marquer l'histoire» du Québec.
La question identitaire a agité la campagne
François Legault devait prendre la parole dans la soirée depuis la ville de Québec.
Réunis dans le théâtre Le Capitole, des centaines de partisans l'attendaient en tenue de soirée se trémoussant sur la moquette rouge.
Brandissant des pancartes bleues marquées du slogan du parti «Continuons», tous étaient tournés vers les grands écrans de télévision sur lesquels défilait l'annonce de la victoire du parti.
La question de l'identité québécoise a agité la campagne avec un parti au pouvoir qui a multiplié les déclarations fracassantes.
Il serait «un peu suicidaire» d'accepter davantage de nouveaux arrivants compte tenu du déclin du français, a notamment déclaré François Legault, qui avait auparavant associé violence et immigration.
Son ministre de l'Immigration, Jean Boulet, est allé jusqu'à affirmer que «80% des immigrants ne travaillent pas, ne parlent pas français ou n'adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise».
Des propos qui ont trouvé un écho notamment parmi la population vieillissante de la province.
Pour Alain Gravel, 55 ans, la question de l'immigration est importante, tout comme les questions économiques dans un contexte d'inflation galopante au Canada.
«On sait qu'il y a beaucoup d'immigrants illégaux qui viennent. Il faut absolument trouver un moyen de colmater les brèches» entre les États-Unis et le Canada, a-t-il estimé auprès de l'AFP après avoir voté.
Avec la pénurie de main-d’œuvre criante qu'affronte la province de près de 8,5 millions d'habitants, la question de l'immigration est aussi un véritable enjeu économique.
Avant même l'annonce des résultats définitifs, le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'est dit «impatient de continuer à travailler» avec François Legault évoquant le chantier de «l'économie verte», de «la lutte contre les changements climatiques», et la question de «la pénurie de main-d’œuvre».