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Pour ses «40 printemps», le Hezbollah se fixe une nouvelle mission

Pour ses «40 printemps», le Hezbollah se fixe une nouvelle mission
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OLJ / Par Scarlett Haddad

Les partisans du Hezbollah [ont massivement assisté lundi] à ce qui a été baptisé «la cérémonie de clôture des festivités du 40e anniversaire» de la création du Hezbollah. Pourtant, il n’y avait jamais eu une date fixe pour célébrer la fondation de cette formation. Il a été dit qu’elle était née dans la foulée de l’invasion israélienne du Liban en 1982, mais il a fallu attendre février 1985 pour qu’il y ait une annonce publique de sa naissance avec la publication d’une première charte qui constitue pratiquement le document fondateur. Cette charte a été par la suite amendée en 2009 et désormais, c’est elle qui régit le fonctionnement de la formation chiite. C’est donc sciemment que les organisateurs ont choisi de célébrer cette année ce qu’ils appellent « les 40 printemps » du Hezbollah, en plein été, dans une référence directe à la guerre de juillet 2006 qui s’est terminée le 14 août par l’adoption de la résolution 1701 et par ce que le parti pro-iranien a considéré comme une victoire, puisque l’objectif initial de cette guerre était, selon lui, de l’éliminer. Les organisateurs ont voulu ainsi miser sur les symboles liés à la lutte contre «Israël» (1982 et 2006) pour transmettre des messages concernant la période à venir. Ils ont ainsi commencé par offrir à leur public un spectacle grandiose louant la résistance et les martyrs tombés au cours des 40 dernières années.

Les présents n’ont d’ailleurs pas manqué de remarquer qu’il s’agit d’une première dans l’approche du Hezbollah. Il y avait une grande scène avec ce qu’on appelle des «tableaux» et des effets de lumière sans parler de la musique et des chants, ainsi que des voix off attribuées à certains chefs disparus. Bref tout avait été conçu pour remuer les émotions du public... en attendant le discours du secrétaire général.

Les organisateurs avaient donc bien soigné la forme et évidemment le fond. L’idée principale véhiculée par le spectacle et le discours, c’est qu’à son 40e anniversaire, le Hezbollah est plus fort que jamais et qu’il cherche aussi à se renouveler. Il parvient même à adapter les technologies de communication à ses objectifs militaires, tout en laissant entendre que son concept de résistance est élargi à de nouveaux domaines et qu’il n’est plus uniquement militaire ou sécuritaire. Sur le fond, [le secrétaire général sayyed] Hassan Nasrallah a dressé en moins d’une heure un bilan des activités du parti au cours des 40 dernières années, évoquant les étapes de la lutte contre «Israël», mais aussi l’engagement aux côtés de la résistance palestinienne et en Syrie. Il a expliqué les motifs de sa formation à chacune de ces étapes, défendant ses choix, même ceux qui sont critiqués par certaines parties libanaises et régionales, comme la participation à la guerre en Syrie. Tout en consacrant une partie de son discours aux sujets d’actualité, notamment les négociations sur la délimitation de la frontière maritime, en prenant soin de minimiser l’impact des dernières menaces israéliennes, il s’est surtout attardé sur deux questions : il a d’abord affirmé que le Hezbollah a réussi au cours des dernières années à déjouer « le plan américain » visant à le mettre en confrontation avec l’armée libanaise et avec les services de sécurité libanais. Il a aussi souligné que sa formation a réussi à éviter le déclenchement d’une nouvelle guerre civile, ce qui, selon lui, était un des objectifs non déclarés des incidents de Tayouné en octobre 2021 entre des partisans du tandem chiite et des proches des Forces libanaises. Il a ensuite annoncé l’intention du Hezbollah de s’impliquer davantage dans les affaires intérieures libanaises. Hassan Nasrallah a dans ce cadre affirmé que sa formation ne compte rompre aucune de ses alliances, ni de ses relations amicales, insistant sur les liens étroits avec le mouvement Amal et sur l’entente solide avec le CPL, qu’il s’est dit prêt à consolider encore plus et à faire évoluer. Enfin, et c’est là une nouveauté, il s’est dit prêt à coopérer avec toutes les parties internes pour édifier « un État juste et capable de traiter les problèmes des citoyens sans être soumis à l’ambassade américaine ou à toute autre ambassade ». Il a ainsi annoncé aux Libanais que le Hezbollah compte désormais s’investir plus profondément dans les questions qui touchent le quotidien des gens, par le biais des institutions et des administrations publiques ainsi qu’à travers des programmes d’action qui lui sont propres. S’agit-il donc des prémices d’une nouvelle mission du Hezbollah, loin des confrontations militaires ?

 

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