Le Venezuela veut rétablir les «relations militaires» avec la Colombie
Par AlAhed avec AFP
Caracas a entamé des démarches pour rétablir des «relations militaires» avec Bogota, a annoncé mardi 9 août le ministre de la Défense vénézuélien, confirmant un réchauffement entre les deux pays après l'élection en Colombie de Gustavo Petro qui pourrait mettre fin à des années de brouille.
«J'ai reçu des instructions» du président Nicolas Maduro «pour établir immédiatement un contact avec le ministère colombien de la Défense afin de rétablir nos relations militaires», a déclaré le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino Lopez, selon le compte Twitter du ministère.
«Nous devons commencer à travailler. Cela ne veut pas dire qu'il y aura un changement politique et que les changements se produiront immédiatement, cela n'existe pas. Nous devons y aller petit à petit (...) avec beaucoup de prudence, beaucoup de tact (...) pour que nous assumions les nouvelles réalités à la frontière avec la Colombie», a-t-il poursuivi.
Climat d'insécurité
Après l'élection en Colombie du président de gauche après des années au pouvoir d'une droite dure, les deux pays ont annoncé qu'ils allaient reprendre les relations diplomatiques rompues en 2019.
Gustavo Petro a déclaré à des journalistes que ces contacts faisaient partie d'un «processus de normalisation» et que «dans deux mois, nous pourrons avoir réglé les questions les plus importantes».
Les deux pays ont convenu de rétablir des relations au niveau des ambassadeurs avec l'arrivée au pouvoir de Gustavo Petro dimanche dernier, après l'interruption causée par la reconnaissance par l'administration sortante d'Ivan Duque du chef de l'opposition vénézuélienne Juan Guaido comme «président par intérim».
«Tant que les relations ne seront pas normalisées, il n'y aura pas d'ambassadeurs», a nuancé Gustavo Petro, qui a démenti les informations de presse faisant état d'une rencontre imminente avec Nicolas Maduro.
Les deux voisins partagent une frontière poreuse de plus de 2000 km où sévissent souvent dans la violence des guérillas, des paramilitaires et des trafiquants de drogue ou des passeurs de marchandises de contrebande.
Caracas et Bogota s'accusaient mutuellement d'entretenir un climat d'insécurité dans la zone.
En mars 2021, des combats à Apure (Sud-Ouest) entre des militaires vénézuéliens et des groupes d'irréguliers colombiens avaient fait 16 morts parmi les soldats et conduit au déplacement de milliers de civils.
Les forces colombiennes ont dénoncé les «violations» de leur territoire par les militaires vénézuéliens.
La frontière entre les deux pays est restée totalement fermée jusqu'à un assouplissement en octobre 2021.
La fermeture des points de passage a entraîné l'ouverture d'itinéraires alternatifs, appelés «trochas», par lesquels transitent des milliers de personnes et des millions de dollars de marchandises de contrebande.