Gaza/Refus de permis médicaux: «Israël» complice d’un «crime grave» visant en particulier les mineurs
Par Middle East Eye
Entre 2008 et 2021, près de 840 Palestiniens sont morts en attendant d’«Israël» l’autorisation de quitter l’enclave assiégée pour être soignés.
Les autorités israéliennes ont rejeté un tiers des demandes de permis médicaux concernant des mineurs palestiniens dans l’enclave assiégée de Gaza, près du double par rapport à l’année précédente, selon de nouvelles données.
Un rapport de l’organisation Médecins pour les droits de l’homme (PHR) basée à «Tel Aviv» conclut que 32 % des demandes pour rejoindre Jérusalem-Est et la Cisjordanie occupées ou la Jordanie pour que des enfants reçoivent des soins médicaux d’urgence ont été rejetées en 2021, contre 17 % en 2020.
Sur les 2 578 demandes, 812 ont été refusées ou les dossiers ont subi d’importants retards.
Selon Ghada Majadle, directrice du service Territoires occupés au sein de PHR, «Israël» est complice d’un «crime grave qui nuit aux patients, en particulier les mineurs».
PHR, qui se base sur des chiffres fournis par l’armée israélienne dans le cadre de demandes formulées en vertu de la liberté d’information, indique que plusieurs facteurs expliquent la multiplication des rejets, notamment les restrictions mises en place à cause de la pandémie de covid-19 et les bombardements israéliens de Gaza en mai 2021.
Au cours de l’offensive qui a duré 11 jours, l’armée israélienne a tué 256 Palestiniens dont 66 enfants et en a blessé près de 2 000 autres, dont plus de 600 enfants.
Les roquettes palestiniennes ont tué 13 personnes en «Israël», dont 2 enfants.
L’armée israélienne refuse les permis lorsque la demande des responsables légaux d’un mineur est rejetée sur la base de motifs sécuritaires non spécifiés ou en raison de prétendues erreurs dans le dossier.
Cela peut obliger des mineurs, parfois d’à peine quelques mois, à partir sans être accompagnés d’un parent.
Par exemple, le permis de la mère d’un nourrisson de 7 mois a été rejeté, contraignant la grand-mère malade du bébé à se substituer à la mère, rapporte Ghada Majadle à Middle East Eye.
Pendant le traitement du nourrisson à al-Qods occupée, la santé de la grand-mère s’est détériorée et celle-ci a dû rentrer à Gaza, laissant le bébé seul à l’hôpital.
PHR a ensuite demandé que la mère puisse la remplacer et un permis lui a été accordé après deux jours d’attente.
«Séparer les enfants de leurs parents lors d’un traitement a des conséquences physiques et psychologiques sur les patients», insiste Ghada Majadle.
Selon les médecins, les enfants privés de la compagnie de leurs parents lors d’un traitement répondent moins rapidement et moins efficacement aux médicaments.
Un système de permis «arbitraire»
Les quinze années de blocus israélien et les campagnes de bombardements répétées ont gravement paralysé les infrastructures sanitaires de la bande de Gaza.
Selon l’ONU, il est impossible d’accéder à des chimiothérapies, des radiothérapies et des examens d’imagerie médicale.
Parmi cette population de 2 millions de Palestiniens, les patients qui ont besoin de médicaments vitaux n’ont d’autre option que de se faire soigner à l’étranger.
Cependant, les autorités israéliennes – qui contrôlent l’espace aérien de Gaza, son front de mer et tout accès routier et piéton – restreignent leur circulation via le poste-frontière de Beit Hanoun.
Des exceptions sont faites pour ce qu’elles jugent être des «circonstances humanitaires exceptionnelles».
Entre 2008 et 2022, environ 30 % des permis ont été refusés ou retardés pour les patients, leurs demandeurs ne recevant aucune réponse définitive avant la date de leur rendez-vous à l’hôpital, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Parmi eux, 24 % étaient des patients atteints de cancer et 31 % étaient des enfants. Entre 2018 et 2021, environ 43 % des enfants ont voyagé sans leurs parents.
L’OMS recense également 839 décès de patients qui attendaient une réponse à leur demande de permis entre 2008 et 2021.
Dans un rapport publié au mois de mai, l’organisme onusien appelle Israël à «mettre fin aux retards et aux refus arbitraires dans la délivrance de permis pour les patients palestiniens ayant besoin de soins essentiels et garantir un accès sans entrave aux patients et à leurs accompagnants sur l’ensemble du territoire palestinien occupé».
Ghada Majadle estime qu’en tant que puissance occupante de Gaza, il incombe pleinement à «Israël» d’assurer le bien-être des Palestiniens dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.
«Il est plus facile d’examiner l’impact sur un segment de la société, comme les enfants par exemple», ajoute-t-elle. «Mais il est important de souligner que l’ensemble du régime de permis des autorités israéliennes a un impact sur la santé de tout le monde à Gaza et, dans la même mesure, en Cisjordanie occupée.»