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Tirs groupés contre Berry au Parlement, mais la bombe est désamorcée...

Tirs groupés contre Berry au Parlement, mais la bombe est désamorcée...
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Source: L'orientlejour - Scarlette HADDAD

La tentative du président de la Chambre de pacifier la séance parlementaire d’hier en commençant par espérer que « comme le football a réussi à réunir les Libanais, la raison puisse le faire encore plus » n’a pas vraiment calmé les esprits échauffés, en dépit des applaudissements provoqués par l’évocation de la victoire de l’équipe libanaise contre la Corée du Sud. La séance de questions-réponses a donc commencé par un tir groupé des députés du 14 Mars contre Nabih Berry, critiqué « pour son attitude dictatoriale » et « sa violation du règlement interne du Parlement ».

Le terrain avait été préparé par des déclarations qui avaient précédé la séance, notamment de la part du président Amine Gemayel qui avait estimé que le règlement interne du Parlement n’est pas respecté. D’emblée, les députés de l’opposition ont donc choisi l’attaque, non pas contre le gouvernement, mais contre le président de la Chambre, dans une tentative de le déstabiliser et de le placer en position défensive. C’est Marwan Hamadé qui commence, suivi de Farid Makari, Boutros Harb et d’autres. En gros, les députés du 14 Mars reprochent à Berry de ne pas organiser un débat de politique générale, de ne pas permettre une retransmission en direct de la séance et de ne pas s’être entendu avec le bureau de la Chambre sur la mise au point de l’ordre du jour.

Nabih Berry répond à toutes les critiques, en promettant de poursuivre les séances consacrées aux questions écrites adressées par les députés au gouvernement avant de fixer un rendez-vous pour un débat de politique générale. Il a rappelé qu’il avait promis cela avant la fête de l’Adha et il a donc tenu parole. Au sujet de la retransmission en direct, M. Berry a rappelé que cette décision revient au président de la Chambre et que le règlement ne l’exige que pour les débats de politique générale. Enfin, au sujet de l’ordre du jour, il a expliqué qu’il a suivi l’ordre chronologique des questions reçues. Marwan Hamadé évoque alors l’agression contre l’archevêché grec-orthodoxe de Beyrouth et Berry coupe court au débat en évoquant à son tour les deux agressions à Tyr contre un hôtel et un débit de boissons. Au passage, il égratigne Boutros Harb qui, selon lui, a soulevé les questions du règlement interne devant les médias au lieu d’en parler au Parlement d’abord. Bref, avec l’habileté qu’on lui connaît, il est sur tous les fronts, lançant ses piques, tout en maintenant le ton entre la plaisanterie et le sérieux. Il va même jusqu’à calmer les députés membres de son bloc qui s’étaient dressés comme un seul homme pour le défendre « des critiques injustes et à la limite du manque de respect à la fonction de président de la Chambre » qui lui ont été adressées par Ahmad Fatfat. Ce dernier a en effet estimé que M. Berry veut protéger le gouvernement, et c’est pourquoi il refuse une retransmission en direct et évite un débat général.

Sans perdre son calme, M. Berry affirme tenir à sa neutralité dans la gestion des séances parlementaires et il promet aux députés d’en finir au plus tôt avec les questions au gouvernement, pour pouvoir organiser une séance de débat de politique générale qui pourrait aboutir à un vote de confiance, si l’opposition le désire... L’absence de retransmission en direct aidant, l’ardeur des députés de l’opposition faiblit et la séance s’enfonce dans une routine ennuyeuse, notamment à travers les questions des députés qui constituent en partie des dossiers soulevés pour des raisons électorales.

Au total, sept questions ont été lues, ainsi que les sept réponses du gouvernement, suivies d’un rapide débat qui s’est rarement terminé par un accord. Des sept questions présentées par des députés du 14 Mars, notamment par Assem Arayji (qui en a présenté trois questions sur la pollution de l’eau du Litani, les bâtiments des universités publiques dans la Békaa et le prix des médicaments en comparaison avec ceux fixés dans les pays voisins), trois ont retenu l’attention de la majorité : la première concerne les faux passeports émis par la Sûreté générale, question présentée par le député Ahmad Fatfat; la deuxième a été présentée par Ghazi Youssef et porte sur « les recettes du ministre des Télécoms qui doivent revenir aux municipalités, et la troisième, présentée encore par Ghazi Youssef, porte sur l’atteinte contre Ogero.

M. Fatfat s’est étendu sur la question qu’il a adressée au ministère de l’Intérieur, citant spécifiquement le cas d’Ahmad Mansour, alias Sami Chéhab, qui avait été arrêté en Égypte avant d’être relâché après la chute du régime Moubarak et qui a été vu récemment assistant à un meeting du Hezbollah. M. Fatfat a demandé si l’État a récupéré le faux passeport qu’avait utilisé Mansour, alias Chéhab, exigeant des détails de la part du ministre. M. Fatfat voulait « chauffer l’ambiance », mais le chef du législatif lui a demandé de s’en tenir au contenu de la question adressée au gouvernement. Le ministre Marwan Charbel a répondu avec une certaine ironie, précisant avoir beaucoup cherché pour déceler les grandes réalisations de Fatfat lorsqu’il occupait la fonction de ministre de l’Intérieur. En vain. Il a aussi ajouté qu’il y a une procédure pour obtenir un passeport qui commence auprès du moukhtar et c’est souvent là que se commet l’irrégularité. Il a précisé que la Sûreté générale mène ses enquêtes et elle parvient parfois à déceler les fraudes. Serge Torsarkissian voulait insister sur cette question, mais M. Berry lui a adressé un avertissement officiel, le premier et le seul de cette séance relativement courte. Mais il n’a pas pu empêcher Nawwaf Moussaoui de prendre la parole pour exprimer la fierté du Hezbollah de compter parmi ses rangs Ahmad Mansour qui a aidé la résistance palestinienne. M. Fatfat a ensuite affirmé que la réponse ne l’avait pas convaincu, assurant qu’il compte la transformer en interpellation du gouvernement (l’ultime étape avant la motion de confiance).

Vint ensuite le tour de Ghazi Youssef qui a toujours dans son collimateur les ministres des Télécoms et de l’Énergie. Cette fois, seul Nicolas Sehnaoui était sur la sellette avec deux questions écrites. En ce qui concerne la première, sur les recettes revenant aux municipalités, la question a été rapidement réglée, puisque le ministre a assuré que les sommes dues avaient été remises à la Caisse des municipalités. Par contre, la question sur Ogero a failli mettre le feu aux poudres, notamment à la suite du rappel de ce qui s’était produit avec le ministre Charbel Nahas lorsqu’il avait été empêché d’entrer au second étage du bâtiment du ministère, à Tahwita, par les gardiens relevant de la branche des Renseignements des FSI. D’ailleurs, Nicolas Sehnaoui ne s’est pas privé de déclarer que ce bâtiment appartient au ministère des Télécommunications ainsi que les équipements installés au second étage. Par conséquent, a-t-il affirmé, le ministre a le droit de s’y rendre (ce qu’il a d’ailleurs fait) et il n’est pas bon de rappeler comment « les gardiens du bâtiment avaient dans le cas de Nahas désobéi aux instructions du ministre de l’Intérieur de l’époque, le poussant à la démission ». Il a été longuement applaudi par les députés de la majorité... poussant Berry à clore la séance au plus vite.
Sous la voûte de l’hémicycle, le clash a donc été évité, mais dehors, les députés ne se sont pas privés de se lancer des critiques violentes devant les caméras. En somme, chaque camp fourbit ses armes en attendant la prochaine confrontation.


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