Présidentielle en Irak: le bloc chiite du Cadre de coordination va boycotter la séance
Par AlAhed avec sites web
Les députés irakiens sont appelés mercredi 30 mars à élire le président de la République après deux tentatives infructueuses dues au boycott observé par une coalition chiite, un scénario qui pourrait se répéter une troisième fois et renforcer la crise institutionnelle.
Six mois après les législatives anticipées d'octobre 2021, l'Irak ne connaît toujours pas le nom de son nouveau président, ni celui de son premier ministre. Or la désignation du second est conditionnée à l'élection du premier. Les parlementaires doivent d'abord élire le chef de l'État pour que celui-ci nomme à son tour le chef du gouvernement, poste qui fait l'objet d'interminables tractations entre partis.
40 candidats en lice
Parmi les 40 candidats en lice pour l'élection qui doit avoir lieu à partir de 11H00 (08H00 GMT), deux sortent du lot: le sortant Barham Saleh, président de l'Irak depuis 2018 et issu de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), et Rebar Ahmed du Parti démocratique du Kurdistan (PDK). Le candidat victorieux doit obtenir au moins deux-tiers des voix. La présidence, poste largement honorifique, va traditionnellement à un Kurde. Mais ce scrutin pourrait connaître le même sort que celui du 7 février et de samedi dernier. Lors de ces deux premières tentatives, le bloc chiite du Cadre de coordination a boycotté le scrutin, privant l'Assemblée des deux-tiers des députés requis pour que le vote ait lieu.
Le Cadre de coordination, qui comprend notamment la formation de l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki et le bloc de l'Alliance de la conquête, entend faire barrage au leader chiite sayed Moqtada Sadr. Grand gagnant des législatives d'octobre, Moqtada Sadr a façonné une coalition avec des partis sunnites et le PDK kurde. Il réunit au total 155 élus sur les 329 que compte l'Assemblée. Il soutient Rebar Ahmed pour la présidence et entend confier le poste de Premier ministre à son cousin et beau-frère Jaafar al-Sadr.
Insupportable pour le bloc chiite du Cadre de coordination. «Jusqu'à présent, il n'y a pas de négociations sérieuses (...). En l'absence d'accord, nous allons boycotter la séance» de mercredi, a dit à l'AFP le député Bahaa al-Nouri, porte-parole de la coalition État de droit de Nouri al-Maliki. La Cour fédérale, plus haute instance judiciaire d'Irak, a donné jusqu'au 6 avril aux députés pour élire le président de la République. Ce délai passé, la Constitution est muette. Selon le politologue Hamza Haddad, une des possibilités serait de convoquer «de nouvelles élections (législatives) pour sortir de l'impasse».