Le Liban serait épargné malgré la montée de la tension régionale...
Soudain, la tension est montée d’un cran dans la région, depuis « les révélations américaines » sur une possible tentative d’assassinat de l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Washington par deux agents iraniens. Le ministre saoudien des AE a violemment riposté alors que selon certains rapports sécuritaires, les relations entre Riyad et Téhéran se sont gravement détériorées. Une source libanaise de la majorité relève toutefois à cet égard le scepticisme de plusieurs médias américains et britanniques sur l’existence réelle « d’un complot iranien contre des diplomates saoudiens », citant ainsi des quotidiens comme The Guardian, The Independent, The Financial Times. La source du 8 Mars rappelle aussi que ceux qui avaient invoqué l’existence d’armes de destruction massive en Irak pour justifier l’invasion de ce pays en 2003 peuvent facilement inventer un tel complot pour tenter d’affaiblir l’Iran qui ne cesse de marquer des points dans la région. La source libanaise de la majorité estime aussi que cette « manœuvre américaine » est forcément liée à l’échéance du départ des troupes américaines d’Irak à la fin de l’année 2011. À ce sujet, l’administration Obama a clairement exprimé son désir de maintenir des troupes dans ce pays au-delà de cette date (cent mille hommes, selon certaines sources, la moitié, selon d’autres) alors que le Premier ministre Nouri al-Maliki a rejeté une telle hypothèse demandant aux Américains de ne garder sur place que 3 000 militaires pour protéger le siège de l’ambassade et les différents consulats dans les grandes villes du pays. À près de deux mois de l’expiration du délai fixé, le bras de fer se corse entre, d’une part, l’administration américaine et les autorités iraniennes, d’autre part, considérées comme les protectrices du pouvoir irakien.
Toujours selon la source de la majorité, les États-Unis ont tout tenté pour pousser les autorités iraniennes à céder sur le point du maintien des troupes américaines en Irak, commençant par aider l’opposition interne iranienne et misant sur les divergences entre l’ayatollah Khamenei et le président Ahmadinejad. L’administration américaine a ensuite essayé de frapper l’alliance irano-syrienne en aidant l’opposition en Syrie, puis en multipliant les condamnations du régime d’Assad. Mais plus de sept mois après le début de l’insurrection en Syrie, le régime continue à tenir les rênes du pouvoir, les défections au sein de l’armée restent insignifiantes et l’appareil étatique est encore solidaire. La source de la majorité, qui a rencontré le président Assad récemment, précise que ce dernier est serein. Les données en provenance de Syrie indiqueraient qu’en octobre, la courbe des manifestants est inférieure à celle des mois précédents, alors que les actes de violence ont augmenté. Or ces actes renforcent les thèses du régime, en effrayant la population « qui se ressoude autour du président et montre que l’opposition est en perte de vitesse à l’intérieur du pays », affirment les milieux du 8 Mars. La source de la majorité précise aussi que les responsables sécuritaires occidentaux tiennent au sujet du régime syrien un tout autre langage que celui des diplomates et des politiques et ils restent ainsi plus nuancés au sujet de la chute prochaine du régime de Bachar Assad, en se basant sur les données sécuritaires sur le terrain. C’est pourquoi, d’ailleurs, les rapports américains parlent désormais d’un délai d’un an et demi avant un possible changement significatif du rapport de forces en Syrie dû aux effets des sanctions économiques.
Source: Lorientlejour - Scarlette Haddad
Face donc à la difficulté actuelle de frapper l’Iran à travers sa grande alliée la Syrie, l’administration américaine aurait choisi de donner un coup fort en poussant les Arabes du Golfe, et en particulier l’Arabie saoudite, à faire monter la tension entre Téhéran et Riyad. La source de la majorité estime que l’objectif de cette escalade est finalement de pousser l’Iran à négocier le maintien des troupes américaines en Irak, en donnant à Washington des garanties sur le fait que ses soldats ne seraient pas attaqués. Mais les analyses les plus pessimistes vont plus loin et estiment que cette démarche américaine vise en réalité à préparer le terrain confessionnel à une éventuelle attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes. En faisant monter la tension entre les sunnites du Golfe et les chiites d’Iran, une action militaire contre la République iranienne ne serait pas condamnée par le monde arabe et permettrait d’affaiblir l’Iran et de le mettre pratiquement à terre avant l’ouverture de nouvelles négociations.
Certes, la République islamique multiplie les déclarations qui se veulent rassurantes à l’égard des pays du Golfe en leur demandant de « ne pas tomber dans le piège américano-israélien », mais la tension est grande et la situation régionale semble de plus en plus confuse.
Dans cette situation complexe, où la tourmente guette de nombreux pays de la région, la source de la majorité est convaincue que le Liban, lui, sera épargné. Pour l’instant, estime la source précitée, nul ne souhaite une déstabilisation du Liban et les dossiers en suspens, aussi épineux soient-ils, ne devraient pas entraîner la chute du gouvernement, dont la présence reste indispensable pour des considérations à la fois internes que régionales et internationales.