Nucléaire iranien: «les négociations vont reprendre très bientôt», assure Abdollahian
Par AlAhed avec AFP
Les négociations sur le programme nucléaire iranien à Vienne «vont reprendre très bientôt», a affirmé vendredi le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, en dénonçant les «messages contradictoires» des États-Unis à propos de leur retour dans l'accord international conclu en 2015.
«Nous examinons actuellement les paramètres des négociations de Vienne et très bientôt les négociations de l'Iran» avec les autres pays encore membres de l'accord (Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) «reprendront», a-t-il dit lors d'une conférence de presse à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.
Téhéran est en faveur d'une «négociation constructive qui conduise à des résultats tangibles et vérifiables», a-t-il assuré.
Interrogé pour savoir ce que voulait dire «très bientôt», un haut responsable iranien a répondu sous couvert de l'anonymat que «cela peut vouloir dire quelques jours» ou «quelques semaines».
«Dès que nous aurons fini le processus de révision» du processus de Vienne, «sans perte de temps, nous retournerons à la table des négociations», a expliqué ce responsable.
À la question de savoir si ces négociations reprendraient là où elles se sont arrêtées en juin à cause de la présidentielle iranienne, ce responsable est resté évasif, indiquant que cela dépendrait des discussions menées avec les parties toujours signataires de l'accord nucléaire.
Borrell «optimiste»
Les Occidentaux ont affiché à l'ONU leur frustration face à l'absence d'avancées.
«Bientôt ou très bientôt, nous avons entendu cela toute la semaine, mais nous n'avons encore reçu aucune indication claire sur ce que cela veut dire», a encore déploré vendredi le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, coordinateur de l'accord de 2015, s'est toutefois dit «optimiste» lors d'un échange ce même vendredi avec des médias à New York, dont l'AFP.
Conclu à Vienne, l'accord nucléaire offrait à Téhéran la levée d'une partie des sanctions occidentales et onusiennes en échange de son engagement à ne jamais se doter de l'arme atomique, et d'une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous strict contrôle de l'ONU.
Mais après le retrait unilatéral des Américains de l'accord en 2018 sous la présidence de Donald Trump, l'Iran a progressivement abandonné la plupart de ses engagements.
Les négociations de Vienne, auxquelles participent indirectement les États-Unis, ont pour but depuis avril de faire revenir parallèlement Washington dans l'accord et Téhéran dans les clous de ses engagements visant à l'empêcher d'acquérir l'arme nucléaire.
L'Iran a des «doutes» sur Biden
Devant la presse, Hossein Amir-Abdollahian a multiplié les critiques à l'égard des États-Unis qui se sont dits prêts à revenir dans l'accord nucléaire, et à lever au moins une partie des sanctions rétablies par Donald Trump, si l'Iran respecte à nouveau ses obligations.
«De la Maison Blanche, nous continuons de recevoir des messages diplomatiques contradictoires», a-t-il dit, se plaignant qu'il n'y ait «pas eu un message positif ou constructif à l'égard du nouveau pouvoir à Téhéran».
De l'avis de responsables iraniens s'exprimant sous couvert d'anonymat, il aurait été facile pour le gouvernement américain de faire un geste à l'égard des milliards de dollars d'avoirs iraniens gelés dans des banques en Corée du Sud et au Japon.
«J'ai des doutes sur la volonté réelle de Joe Biden de revenir dans l'accord nucléaire JCPOA (son acronyme anglais, NDLR)», a indiqué l'un de ces responsables.
Interrogé sur la raison pour laquelle l'Iran, dans sa rupture d'engagements, a décidé d'enrichir de l'uranium à 60%, le rapprochant du seuil permettant de fabriquer une bombe nucléaire (90%), ce responsable a souligné que son pays en avait besoin pour la «propulsion nucléaire» et cité en exemple le récent accord conclu entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie pour doter ce dernier pays de sous-marins à propulsion nucléaire.
«Notre programme nucléaire est complètement pacifique», a répété ce responsable.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a conclu le 12 septembre un accord avec l'Iran sur la surveillance de son programme, laissant espérer une reprise prochaine des pourparlers de Vienne.