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Sayed Nasrallah: «La riposte de Gaza est historique, notre prochaine équation sera : al-Qods contre la guerre régionale»

Sayed Nasrallah: «La riposte de Gaza est historique, notre prochaine équation sera : al-Qods contre la guerre régionale»
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Par Nada Raad

 

A l’occasion de la fête de la résistance et de la libération, célébrée tous les 25 mai depuis l’an 2000, le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah a prononcé un discours en direct. Voici les idées principales de son discours :

«Que la paix de Dieu soit sur vous, sur son Messager et sur sa sainte famille. Ces derniers jours, nous avons assisté à des événements majeurs et cruciaux en Palestine occupée, mais j’avais une toux aigue qui m’a empêché de m’exprimer publiquement. Certes, j’étais en contact permanent avec les commandants de la résistance en Palestine et au Liban.

Nous implorons Dieu pour qu’Il nous accorde la patience, la ténacité et la persévérance. Je vous félicite pour les deux victoires en ce mois de mai. Dieu nous a remplacé la Nakba par la victoire du 25 mai 2000 et celle du 21 mai 2021, à savoir, la dernière victoire du peuple palestinien sur l’ennemi sioniste.

Premièrement, je tiens à féliciter le peuple palestinien pour cette victoire éclatante à Gaza et dans les territoires occupés. Que Dieu récompense les familles palestiniennes qui ont perdu leurs maisons, leurs fils et leurs proches, pour leur patience et leurs sacrifices. Le peuple palestinien, surtout la population de Gaza, a fait état d’une volonté inégalée et d’un attachement inébranlable à la résistance, malgré les grands sacrifices. Je salue les factions de la résistance pour leur jihad béni. Ce peuple a fait preuve d’une fidélité sans précédent envers la voie de la résistance.

Et à l’occasion de la fête de la résistance et de la libération du 25 mai, je félicite le peuple libanais et surtout tous les mouvements de la résistance, libanais et palestiniens, qui ont participé à cette victoire. Je félicite la population du Sud et de tout le pays qui a souffert des atrocités de l’occupation sioniste, qui a présenté des martyrs, et qui a été sommée de se déplacer vers des endroits plus sûrs.

Il faut également saluer la position libanaise officielle, qui était à l’époque en faveur de l’action de la résistance, telle que la position du chef de l’Etat Emile Lahoud, du chef du Parlement Nabih Berri, du Premier ministre Sélim Hoss que Dieu lui accorde une longue vie. Cet alignement avec la résistance a favorisé la grande victoire du mai 2000.

Rappelons aussi la position officielle syrienne et iranienne, et le soutien accordé par ces deux pays à la résistance.

Cette libération du 25 mai 2000 a inauguré l’ère des victoires successives.

J’avais offert en mai 2000 cette victoire à tout le peuple libanais, aux peuples arabes et surtout au peuple palestinien.

Les dirigeants sionistes avaient prévenu que cette défaite constituait les prémices de l’effondrement de l’Entité sioniste. Après cette victoire, l’intifada palestinienne a éclaté. Et depuis, l’ennemi a encaissé les défaites, et tous leurs projets ont été avortés.

L’ennemi sioniste a tenté de changer les nouvelles équations imposées par la résistance au Liban et en Palestine, à travers la guerre de juillet 2006 et les guerres suivantes contre Gaza, qui visaient à écraser la résistance. Mais les efforts de l’ennemi ont été futiles. L’ennemi n’a connu que les défaites.

L’exploit du mai 2000 a placé le conflit avec l’ennemi sioniste face à une nouvelle donne.

La dernière bataille, baptisée l’épée d’al-Qods par la résistance palestinienne, a constitué une victoire éclatante au profit de la résistance. Je voudrais présenter une évaluation de cette bataille.

L’ennemi a cherché à tout prix à expulser les habitants du quartier cheikh Jarrah, dans le cadre de la judaïsation d’al-Qods. Cette politique est lourde de conséquences. Les attaques contre les Palestiniens à Bab el-Amoud, l’interdiction aux Palestiniens d’accéder à l’esplanade de la mosquée d’al-Aqsa pour y prier, les assauts fréquents de la police commis contre la sainte mosquée, tout ceci représentait un danger majeur pour le devenir de la ville sainte.

Ces menaces ont poussé la résistance palestinienne à Gaza à se mobiliser et à décider de s’élancer dans la confrontation militaire. La résistance a averti et a tenu à ses promesses. La bataille a ainsi éclaté. La stupidité des autorités sionistes, leur arrogance, leur mépris des Palestiniens et les faux calculs furent les raisons principales derrière cette bataille. Je pense que ces occupants ne seront jamais raisonnables et qu’ils reprendront leurs mauvais calculs dans l’avenir. J’espère que cette stupidité sera la raison principale à la libération totale des territoires occupés.

L’ennemi croyait que le projet de judaïsation d’al-Qods se poursuivra en dépit de l’opposition des Palestiniens et les communiqués de condamnation. L’ennemi, conscient du soutien arabe des pays qui se sont rués pour normaliser leurs liens avec lui, ne s’attendait pas à une riposte pareille. Netanyahu ne s’est point figuré que la résistance palestinienne, assiégée depuis plus de 15 ans, affamée et accablée, pourrait prendre l’initiative de s’élancer dans une guerre.

A vrai dire, Gaza a surpris les amis avant les ennemis. Elle a fait preuve d’une ténacité et d’une décision inégalée.

La résistance à Gaza a entrepris une mesure historique qui sera fixée à jamais dans le conflit avec l’Entité sioniste. Depuis toujours, l’entrée en guerre à Gaza était liée à des calculs propres à Gaza. Le grand développement historique survenu récemment est que Gaza est intervenu pour protéger al-Qods, la population du cheikh Jarrah et la mosquée d’al-Aqsa. C’est une décision brave et historique. La résistance palestinienne était consciente du prix élevé à payer en vue de protéger les villes saintes d’al-Qods. Il ne s’agit pas de défendre la population de Gaza cette fois, mais c’était une guerre pour la sauvegarde d’al-Qods. Cette décision émane d’une grande foi, du jihad, d’une sincérité profonde. C’est ainsi que nous avons assisté à une résistance inouïe.

Les sionistes doivent prendre en compte la nouvelle donne qui se présente. Ils doivent revoir leurs estimations, refaire leurs calculs. Vous devez comprendre que lorsqu’il s’agit de menacer l’existence des lieux saints, la riposte sera différente et inattendue. Vous pouvez assassiner les dirigeants de la résistance, détruire des régions, ou faire ce que bon vous semble. Mais quand il est question d’al-Qods et des lieux saints islamiques et chrétiens, la réaction sera toute autre…

Les commandants de l’axe de la résistance sont en contact permanent. Il faut parvenir à une nouvelle équation. Les sionistes doivent savoir que toute atteinte aux lieux saints ne concernera pas seulement les Palestiniens, mais aussi tous les mouvements de la résistance et les populations arabes.

La résistance à Gaza a mis en place une nouvelle équation : al-Qods et al-Aqsa contre une confrontation militaire.

Nous devons parvenir prochainement à une nouvelle équation selon laquelle toute atteinte à al-Qods engendrera une guerre régionale. On se prépare jour et nuit pour établir cette équation. L’ennemi doit comprendre que toute mesure contre al-Qods équivaudra à la disparition entière de son Entité. Nous devons développer notre position dans l’axe de la résistance pour sauver nos lieux saints dans les territoires occupés.

Par ailleurs, les commentateurs et analystes sionistes ont beaucoup parlé de cette dernière bataille. Je voudrais m’arrêter sur les points suivants :

- Les résultats politiques et sécuritaires :

1- Réunifier la population de Gaza et d’al-Qods, et les Palestiniens de la diaspora. Nous avons senti que le peuple palestinien a été unifié, après de durs efforts de la part de l’ennemi visant à diviser ce peuple.

2- La bataille «Epée d’al-Qods» a ravivé la cause palestinienne de par le monde. Le monde entier suivait sur les différents médias le cours de la guerre. Trump avait tout fait pour jeter aux oubliettes cette cause sacrée. Aujourd’hui, tout le monde en parle.

3- Le regain de la confiance du peuple palestinien dans l’utilité de l’action de la résistance, et de la futilité des pourparlers politiques dits de paix.

4- L’échec des tentatives visant à montrer que le peuple palestinien a abandonné sa propre cause, et donc il n’est plus attaché à ses lieux sacrés, et qu’il ne faut pas être plus royalistes que le roi !

5- Porter un coup dur au projet de la normalisation et aux régimes arabes qui voulaient faire la paix avec l’ennemi.

6- L’effondrement total du soi-disant deal du siècle. La défaite sioniste dans cette guerre a poussé l’administration US à revoir les positions prises par Trump sur le statut d’al-Qods. Cette administration a recommandé aux Israéliens de cesser la judaïsation du quartier cheikh Jarrah, par peur de l’explosion de la situation, rien de plus.

8- La mise en exergue du mauvais visage de l’occupation atroce et inhumaine.

9- Les images retransmises sur cette bataille ont pu parvenir à toutes les populations du monde, ce qui a montré le vrai visage d’«Israël», même en Europe qui a été contrarié devant ses peuples.

10- La bataille a redirigé la boussole vers la cause primordiale de la nation arabe. L’ennemi premier de l’Humanité est l’occupant usurpateur sioniste.

Concernant les résultats militaires et sécuritaires :

1- Une guerre a opposé un Etat fort, ayant une armée lourdement équipée, à une bande de terre assiégée, appauvrie et asphyxiée. La résistance a fabriqué localement ses roquettes, ou elles les a acheminées en secret des pays voisins.

La résistance fait désormais partie de l’équation de la protection d’al-Qods et de cheikh Jarrah. Ce qui constitue un tournant dans la guerre.

2- La résistance a fait état d’une nette amélioration au niveau de ses armes et de ses tactiques. Elle a montré qu’elle était capable de faire face aux missiles sionistes, de tirer des roquettes à des moments qu’elle fixe d’avance et ceci est porteur de beaucoup de significations sur le plan stratégique et militaire. Les missiles de la résistance sont d’une grande précision, de différentes portées, et les dépôts de la résistance n’ont pas tari en missiles tout au long des jours de la bataille.

3- L’Entité a été complètement paralysée durant cette guerre, parce qu’il s’agit d’un Etat artificiel dont l’existence dépend essentiellement du facteur de la sécurité. Si Israël n’est plus capable de préserver sa sécurité, sa population sera contrainte de plier bagages et de quitter vers des pays lointains plus sûrs. Il faut toujours prendre en compte ce fait. Telle est la nature de cette Entité. Par contre, la population palestinienne de la diaspora ne renoncera jamais à ses terres. Si on ouvre les frontières, les Palestiniens seront prêts à se sacrifier sur la voie du retour à la Palestine. Tout comme le peuple libanais, qui est resté attaché à sa terre durant la guerre civile. Alors que les colons ont toujours les bagages pliés et les passeports prêts pour quitter cette terre de Palestine à n’importe quelle échéance. 

Cette entité a été paralysée : les aéroports, les villes, les colons dans les abris pendant tous les jours de la guerre, les pertes en vies humaines, et les séquelles psychologiques des colons…

4- Le gel des projets d’investissements : tel est le grand intérêt d’Israël envers le deal du siècle. Attirer les investissements pour relancer l’économie qui souffre. Certes, les grandes entreprises n’entreprendront point une telle mesure après cette bataille.

5- pour la première fois, les colons dans les territoires occupés en 1948 se sont sentis menacés. Des dirigeants sionistes ont évoqué pour la première fois la menace existentielle qu’il faut écarter le plus vite possible.

Pour ce qui est des défaites de l’ennemi :

1- La défaite et l’incapacité de réaliser un quelconque exploit stratégique durant 11 jours de la guerre.

2- les exploits tactiques réalisés dans la Bande de Gaza, comme la destruction des tunnels et des tours, ne correspondent pas à la puissance de l’armée sioniste. Les missiles de la résistance ont continué de s’abattre sur les régions occupées. Le dôme d’acier n’a pas réussi à intercepter un bon nombre de roquettes palestiniennes. S’il avait réussi dans son action, les Américains n’auraient pas annoncé qu’ils offriront des aides pour renforcer le projet du dôme d’acier.

3- L’échec israélien de mettre fin aux roquettes palestiniennes, d’entrainer la résistance dans le piège de l’opération sécuritaire « la guerre du métro » à laquelle ils se préparaient depuis trois ans, de liquider les dirigeants des mouvements de la résistance, d’estimer les véritables capacités de la résistance. Israël fut surpris de l’ampleur de la riposte de la résistance. Ils ont connu une défaite au niveau des renseignements.  Tous les préparatifs militaires de l’ennemi qui ont duré des années ont volé en éclats. Le moral de l’armée sioniste a été fortement ébranlé. Le commandement militaire sioniste était effrayé du scénario d’une incursion terrestre dans la Bande de Gaza, et il ne s’est pas aventuré. C’était une défaite cuisante supplémentaire.

4- L’échec de revendiquer une quelconque victoire sioniste lors de cette bataille.

La résistance au Liban

La résistance libanaise est dans ses meilleurs états. Elle n’a jamais été aussi puissante tant quantitativement que qualitativement. Je m’adresse à l’ennemi : Ne te trompe pas dans tes calculs sur le Liban, ne te précipite pas dans une nouvelle aventure..

La résistance puise sa force de son peuple qui n’a pas été ébranlé malgré les efforts de l’ennemi. Elle se trouve aujourd’hui en bonne posture, et l’ennemi doit ajouter à la longue liste des comptes à régler le sang du martyr Mohammad Tahhan. Ce jeune du Hezbollah qui représente les aspirations de la nouvelle génération, prête à traverser les frontières, à couper les fils barbelés et à entrer sur la terre de la Palestine sans aucune arme. Les sionistes doivent comprendre que même si nous patientons pour riposter à nos pertes, nous n’y renoncerons jamais... 

La formation du gouvernement libanais

 Sur la question gouvernementale, nous réitérons que la seule issue à la crise politique passe par la formation d’un nouveau gouvernement. Certains ont avancé la démission du chef d’Etat, d’autres ont proposé une démission simultanée de la présidence de la république et du gouvernement. Tout ceci n’est pas en mesure de faire sortir le Liban de sa crise. Il faut être conscient que le problème de la formation du gouvernement est purement interne. Ne misez pas sur des parties extérieures. L’une des deux solutions peut s’avérer utile : que le président de la république et le Premier ministre se mettent d’accord, ou qu’ils demandent l’aide du chef du Parlement Nabih Berri, qui a une longue expérience dans le règlement des conflits internes du pays.

L’axe de la résistance

La ténacité de l’axe de la résistance dans les différents pays de la région a fourni le soutien essentiel à la résistance en Palestine et a été le protecteur de la victoire. Ainsi le communiqué historique de la référence religieuse irakienne Sayed Ali sistani sur la Palestine, et la réaction solidaire du peuple yéménite assiégé s’inscrivent dans ce cadre. J’ai été ému face au discours de Sayed al-Houthi qui s’est dit prêt à partager le pain avec le peuple palestinien. Il déclare ceci alors qu’ils n’ont pas de miettes de pain au yémen en raison du siège. Pendant ce temps, d’autres régimes vivent dans l’opulence et le luxe et la nourriture qu’il jette suffit pour nourrir des peuples. Aujourd’hui, il existe une large population diversifiée sur les plans religieux, politique et intellectuel, qui soutient à fond la culture de la résistance…

Il faut savoir que tout ce qui se passe prouve qu’al-Qods est plus proche que jamais.

La célébration des deux victoires

Dorénavant, nous célèbrerons la victoire de la résistance au Liban qui a chassé l’occupation sioniste le 25 mai 2000, et la victoire du peuple palestinien et de sa résistance à Gaza le 21 mai 2021. La victoire du mai 2000 a été réalisée par le peuple libanais et sa résistance. Cette victoire a institué une nouvelle culture et de nouvelles valeurs. Elle a placé le conflit avec les sionistes devant un tournant stratégique. Pour cette raison, j’alerte les dirigeants de l’ennemi sur les risques stratégiques de leur défaite. 

 

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