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«Dimona», un point de non-retour

«Dimona», un point de non-retour
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Par Strategika 51

Mercredi 21 avril 2021, pour la première fois dans l’histoire militaire récente au Moyen-Orient, trois faits majeurs et extraordinaires se sont produits.

En Irak, un drone d’attaque non identifié a ciblé une base militaire où se trouvaient des militaires US.

En Syrie, des batteries de missiles Sol-Air ont ouvert le feu de manière préventive sur des aéronefs israéliens n’ayant pas encore pénétré dans l’espace aérien syrien après une attaque de missiles en réponse à l’explosion d’un site ultrasensible du complexe militaro-industriel israélien. Un missile balistique Sol-Sol syrien a été tiré, a survolé la moitié d’«Israël» et s’est abattu près de la centrale nucléaire de «Dimona».

Pour les Israéliens, c’est un missile Sol-Air Sa-5 (S-200) errant qui est tombé près de «Dimona». Une version à laquelle personne ne croit. L’incident est passé sous un silence fort bruyant et l’opinion publique israélienne est sous le choc d’apprendre que des systèmes de défense aérienne et balistiques coûtant des dizaines de milliards de dollars se sont avérés dans l’incapacité totale d’intercepter un objet volant ayant pu parcourir des centaines de kilomètres à l’intérieur d’«Israël» avant de s’abattre près d’un site nucléaire où les risques d’un accident de type Tchernobyl en temps normal sont déjà parmi les plus élevés au monde.

Dans la même veine, l’explosion gigantesque ayant détruit le site de «Tomer» où sont produits des lanceurs spatiaux «Shavit» et des missiles antimissiles «Arrow3» a été classé comme un accident «contrôlé».

Cette ambiguïté stratégique visant à noyer les faits dans un brouillard d’incertitudes est la marque de fabrique de la stratégie militaire israélienne qui stipule qu’aucune guerre ne peut être perdue à moins de le reconnaître.

Le troisième fait inédit est le ciblage du «Quartier général du Mossad» par une attaque à l’explosif. Cet incident est lourdement censuré et n’a officiellement jamais existé. La série d’explosions entendues à «Tel-Aviv» a un lien direct avec cet incident relevant de la guerre de l’ombre.

Tous ces incidents n’ont conduit à aucune escalade. Pour le moment. Au contraire, la plupart des médias minimisent au maximum ces incidents et les réduisent à de simples accidents: accident technique à «Tomer» ; un missile Sol-Air syrien errant qu’une trajectoire aussi hasardeuse avait poussé un peu loin. Même l’échec des trois étages de la défense spatiale et balistique israélienne dont le fameux système «Dôme de Fer» et la «Fronde de David» est justifié par l’utilisation d’autres moyens trop secrets pour que l’on puisse l’étaler au public selon les Israéliens. Une sorte d’effet placebo pour calmer une opinion un peu plus qu’inquiète après ce coup de Trafalgar déguisé.

Si les stratèges israéliens observent un mutisme apparent, il n’en est rien en interne. Dès qu’ils tireront la leçon de ce qui s’est réellement passé, ils passeront à la phase des représailles, «disproportionnées» si l’adversaire est en retard d’une innovation technologique. Mais ce n’est pas le cas. Il est loin le temps où un coup de fusil de chasse à partir de Syrie justifiait un raid aérien. Si les Syriens ont autorisé le tir d’un missile vers un site nucléaire israélien, c’est que quelque chose a profondément changé. Les Iraniens sont tellement exaspérés par les coups portés à leur programme nucléaire qu’ils ont décidé de montrer qu’«Israël» était en réalité beaucoup plus vulnérable que le plus faible de ses adversaires. Ce qu’une partie des élites syriennes exigeait depuis des années. Et le ciblage de «Dimona» porte immanquablement l’influence d’une doctrine syrienne que l’on croyait ensevelie sous dix ans de guerres et de chaos.

La guerre de l’ombre continuera et risque d’étendre la nature des enjeux et la qualité des cibles. Le prochain mouvement israélien risque d’être spectaculaire car il s’agira de maintenir le «mythe d’Israël», forgé de toutes pièces, sans lequel il disparaitra. Mais en face, il semble qu’il y ait une autre posture basée sur un calcul précis de la situation stratégique mondiale et notamment l’exaspération russe face à l’Otan et la détermination chinoise à reprendre Taïwan.

Inutile dans ces conditions de s’attendre à ce que Washington lève la moindre sanction imposée à l’Iran, la Syrie ou la Russie.

«Dimona» est donc un point de non-retour dans le bras de fer stratégique tendu entre «Israël» et l’Iran mais aussi avec une Syrie que l’on croyait rayée de la carte géostratégique. C’est surtout le début d’une nouvelle ère au Moyen-Orient où toutes les cartes risquent d’être bouleversées à nouveau.

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