Bouclage strict au Liban: la commission nationale recommande une prolongation de deux semaines
Par AlAhed avec OLJ
La commission nationale chargée de la lutte contre le coronavirus a recommandé mercredi une prolongation de deux semaines du bouclage strict du pays, censé se terminer le 25 janvier mais qui n'a toujours pas permis de baisser le nombre de contaminations et décès quotidiens, alors que le secteur hospitaliser est saturé.
Cette recommandation, rapportée par une source au sein de la commission, a été faite alors que le Liban a enregistré un nouveau record macabre de 64 décès et 4.332 cas de Covid-19 en 24 heures, selon le dernier bilan du ministère de la Santé. Le Conseil supérieur de défense, chargé de prendre les décisions finales concernant les mesures sanitaires, se réunira de son côté jeudi au palais de Baabda, pour plancher sur la question en vue d'une adoption de cette prolongation par le gouvernement sortant de Hassane Diab.
Dans un entretien accordé au quotidien Nida' al-Watan, le ministre sortant de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, a fait savoir qu'il allait recommander au Conseil supérieur de défense la prolongation du confinement, estimant que la période prévue jusque-là est «insuffisante».
Pour sa part, le président du syndicat de importateurs de produits alimentaires au Liban, Hani Bohsali, a établi un bilan rapide de la première semaine du confinement, relevant notamment que la demande pour les denrées alimentaires avait fortement baissé ces derniers jours, en raison des difficultés d'accès à ces produits. Il a dès lors appelé à ce que «toute prolongation du bouclage prenne en compte le fait que les citoyens doivent pouvoir continuer à accéder aux denrées». Il a encore mis en garde contre une affluence de clients dans les supermarchés lors de la réouverture après une période de temps prolongée.
Afin d'enrayer une propagation de la pandémie devenue incontrôlable après les fêtes de fin d'année, les autorités ont annoncé un bouclage strict du Liban du 14 au 25 janvier. Durant cette dizaine de jours, un couvre-feu est instauré 24h/24 et l’état d'urgence sanitaire décrété. Il faut désormais remplir un formulaire en ligne ou par SMS pour obtenir une attestation de déplacement pour des motifs précis. Le personnel de santé, les journalistes, les militaires, les employés du secteur alimentaire et d'autres travailleurs jugés essentiels sont toutefois exemptés de ces mesures. Des mesures renforcées ont également été mises en place pour tous les passagers arrivant à l'aéroport de Beyrouth, notamment l'obligation de s'isoler pendant 72h dans un hôtel, dans l'attente des résultats des tests PCR effectués à l'arrivée, avec certaines exemptions annoncées lundi.
«Dédales clientélistes»
Toutes ces mesures n'ont toutefois pas permis d'enrayer la propagation du virus dans le pays, les contaminations quotidiennes ayant dépassé ces derniers jours les 6.000 cas. Ce qui a poussé les professionnels de santé et divers experts à prôner un prolongement du confinement. Une mesure qui risque d'exacerber la grogne populaire, dans un pays qui sombre de plus en plus dans une grave crise socio-économique depuis plus d'un an déjà.
Le pays de quelque six millions d'habitants a recensé officiellement 264.467 cas, dont 2.084 décès, depuis le début de l'épidémie. Le Liban espère recevoir mi-février sa première livraison du vaccin américano-allemand Pfizer-BioNTech. «Concernant le plan de distribution des vaccins, nous devons apprendre de nos erreurs et laisser les scientifiques faire leur travail, sur base de critères scientifiques uniquement», a prévenu le député Assem Araji, lui-même médecin et président de la Commission parlementaire de la Santé. «Ce plan ne doit pas s'enliser dans les dédales populistes et clientélistes (...)», a-t-il mis en garde sur Twitter.