L’armée éthiopienne a «libéré» le Tigré, affirme le Premier ministre Abiy Ahmed
Par AFP
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a affirmé jeudi que l'armée avait vaincu les forces séparatistes dans l'ouest du Tigré, accusant ces dernières de s'être livrées à des atrocités.
«La région occidentale du Tigré a été libérée», a-t-il tweeté.
«Dans ces zones libérées, l'armée apporte à présent une assistance et des services humanitaires. Elle nourrit aussi la population», ajoute-t-il.
Son ministre de la Défense, Kenea Yadeta, a indiqué que le gouvernement fédéral installerait une administration provisoire dans les régions reprises. Il a ajouté que «les forces de défense traduiront cette junte criminelle en justice en un rien de temps».
Les communications étant coupées et les médias interdits de séjour dans le Tigré, il n'a pas été possible de vérifier ces affirmations, et le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) n'a fait pour l'heure aucun commentaire.
Les combats et les frappes aériennes dans cette région montagneuse du nord de l'Ethiopie, frontalière de l'Erythrée et du Soudan, ont fait des centaines de morts et poussé des milliers de personnes à se réfugier au Soudan depuis le début du mois.
Ils ont aussi ravivé les divisions ethniques du pays et soulevé des questions sur Abiy Ahmed. A 44 ans, le plus jeune dirigeant africain a reçu l'an dernier le prix Nobel de la paix pour avoir contribué au règlement du conflit avec l'Erythrée.
Abiy accuse le TPLF d'avoir enclenché les hostilités en attaquant une base de l'armée fédérale et en défiant son autorité. Les Tigréens de leur côté dénoncent l'oppression et les discriminations dont ils se disent victimes.
L'Etat du Tigré compte quelque 5 millions d'habitants, et la situation humanitaire était déjà difficile avant le conflit, quelque 600.000 personnes dépendant d'une aide alimentaire.
Ann Encontre, représentant de l'agence de l'Onu pour les réfugiés (HCR) en Ethiopie, a déclaré à Reuters que des discussions étaient en cours avec les deux parties pour obtenir l'ouverture de «couloirs humanitaires».
«On signale l'apparition de pénuries de produits de première nécessité, affectant d'abord les plus vulnérables», souligne le Bureau de l'Onu de coordination des affaires humanitaires (OCHA), ajoutant que les agences humanitaires sont dans l'incapacité de reconstituer leurs stocks d'aliments, de médicaments et autres produits d'urgence dans le Tigré.
Le Parlement éthiopien a par ailleurs levé l'immunité parlementaire d'une quarantaine de ses membres, dont le président de l'exécutif régional du Tigré, Debretsion Gebremichael.
Quelque 150 personnes soupçonnées de préparer pour le compte du TPLF des "attaques terroristes" ont été arrêtées à Addis-Abeba et dans d'autres lieux du pays, a annoncé pour sa part la cellule de crise "Etat d'urgence" créée récemment par le gouvernement.