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Meurtre de Khashoggi: la justice saoudienne annule les peines de mort

Meurtre de Khashoggi: la justice saoudienne annule les peines de mort
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Par AlAhed avec AFP

Un tribunal saoudien de Ryad a condamné, lundi 7 septembre, huit personnes à des peines allant de 7 à 20 ans de prison. Ce verdict vient annuler les peines capitales prononcées pour le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi en 2018 à Istanbul.

«La communauté internationale n’acceptera pas cette farce», a d’abord tweeté la fiancée de Jamal Khashoggi, Hatice Cengiz. « Les autorités saoudiennes ont clos ce dossier sans que le monde sache la vérité sur qui est responsable du meurtre de Jamal. » Elle s’est dite «plus déterminée que jamais à se battre pour que justice soit rendue à Jamal».

Collaborateur du Washington Post et critique du régime saoudien après en avoir été proche, Jamal Khashoggi a été assassiné et son corps découpé en morceaux en octobre 2018 dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul où il s’était rendu pour récupérer un document. Il était âgé de 59 ans au moment de sa mort et ses restes n’ont jamais été retrouvés.

L’avocat de la famille de Jamal Khashoggi a lui déclaré que le verdict était «juste et dissuasif», rapporte le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat.

«Loin de satisfaire les attentes»

«Le verdict final qu’un tribunal saoudien a rendu concernant l’exécution du journaliste Jamal Khashoggi à l’intérieur du consulat du royaume à Istanbul est loin de satisfaire les attentes de la Turquie et de la communauté internationale », a écrit sur Twitter Fahrettin Altun, porte-parole de la présidence turque.

«Nous ne savons toujours pas ce qu’il est advenu du corps de Khashoggi, qui voulait sa mort ni s’il y a eu des complices locaux - ce qui met en cause la crédibilité » du procès, a ajouté le porte-parole. Il a appelé les Saoudiens à coopérer avec l’enquête lancée par la Turquie sur le meurtre.

Selon les enquêteurs turcs et américains, ce meurtre a été commandité par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Procès sans public ni journalistes

L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a également dénoncé le verdict. «Le procès s’est tenu à huis clos et n’a donc pas respecté les principes élémentaires de la justice » a rappelé le secrétaire général de RSF Christophe Deloire.

«Ce procès sans public ni journalistes n’a pas permis de connaître la vérité et de comprendre ce qui s’est passé le 2 octobre 2018 au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul (où Jamal Khashoggi a été assassiné, NDLR) et qui avait donné préalablement l’ordre de commettre ce crime d’État », a-t-il ajouté

Selon lui, le verdict de la justice saoudienne, qui a écarté toute préméditation contre les personnes inculpées, laisse croire que ce crime aurait été le fruit d’un «dérapage», «alors que nombre d’éléments prouvent le contraire».

Seul motif de satisfaction pour RSF, «l’abandon de la peine capitale qui avait été prononcée contre certains accusés». L’ONG avait en effet estimé que les condamnations à mort prononcées initialement pouvaient être « un moyen de faire taire à jamais des témoins de l’assassinat».

Depuis le début de la procédure judiciaire en Arabie saoudite, il n’y a eu «que des tentatives répétées de dissimulation», a déclaré, de son côté, Ines Osman, directrice de MENA, une ONG de défense des droits humains établie à Genève.

L'experte de l'ONU ayant enquêté sur l'assassinat du journaliste a affirmé lundi que les verdicts saoudiens dans cette affaire n'ont aucune «légitimité juridique ou morale», tout en saluant l'annulation des peines capitales.

«Le procureur saoudien a joué un nouvel acte dans cette parodie de justice», a affirmé dans un tweet la rapporteur spéciale de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, Agnès Callamard, dont l'avis n'engage pas l'ONU. «Mais ces verdicts n'ont aucune légitimité juridique ou morale. Ils ont été rendus au terme d'un processus qui n'était ni équitable, ni juste, ni transparent», a-t-elle affirmé.

 

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