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Tuer Gaza à petit feu

Tuer Gaza à petit feu
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Par Middle East Monitor, traduit par Chronique de Palestine

Les deux millions d’habitants de Gaza se sont habitués ces vingt dernières années aux frappes aériennes, aux incursions terrestres et aux attaques navales israéliennes.

En fait, la bande côtière assiégée est devenue un terrain d’expérimentation où sont utilisés les dernières technologies et l’arsenal militaire israélien, y compris des drones faits pour tuer. La peur et la panique sont devenues la norme alors que le bruit des explosions et des déflagrations secoue les 40 kilomètres de la Bande.

Au cours des sept derniers jours, les frappes aériennes ont visé différents sites d’entraînement militaire et postes d’observation dans la bande de Gaza, qui est sous l’administration du Hamas depuis 2007. Les chars et les navires de guerre de la marine participent aux fréquentes attaques, qui donnent également aux soldats israéliens fraîchement recrutés la possibilité de mettre en pratique ce qu’ils ont appris sur un véritable champ de bataille, en ciblant l’«ennemi».

Pour mettre les choses en perspective, la dernière escalade militaire à Gaza, selon «Israël», est «en réponse» aux ballons incendiaires lâchés par les militants palestiniens (avec l’aide de la brise marine qui souffle d’ouest en est vers les zones contrôlées par Israël) qui provoquent des incendies lorsqu’ils atterrissent sur les cultures et dans les champs agricoles.

A l’origine, des cerfs-volants étaient utilisés avec des éponges imprégnées de carburant qui avaient été enflammées, mais l’utilisation de ballons a pris le dessus car ils sont moins chers et sont rapides à fabriquer. Les ballons provoquent habituellement des feux de brousse, ce qui nécessite l’utilisation de camions de pompiers et même d’avions pour les éteindre.

C’est un cauchemar qui coûte des millions de shekels en dommages et pertes aux agriculteurs israéliens.

Résistance populaire

Il s’agit de «résistance populaire» ou de «résistance non-violente» selon les Palestiniens qui tentent ainsi de faire pression sur «Israël» pour qu’il lève son siège.

Le blocus – une forme de punition collective – a été imposé en réponse à la victoire du Hamas aux élections parlementaires de janvier 2006 et à la capture du soldat israélien Gilad Shalit au cours de l’été de la même année. Shalit a été fait prisonnier par le Hamas lors d’un raid transfrontalier via des tunnels situés près de la clôture israélienne.

Lorsque le Hamas a pris le contrôle de Gaza au Fatah, suite à son succès aux élections, le siège s’est resserré.

La «confusion nocturne» est une autre technique utilisée par les militants, avec des pneus brûlés et des feux d’artifice et des explosifs déclenchés le long de la clôture séparant «Israël» [territoires palestiniens occupés en 1948] de Gaza.

Cette «confusion nocturne» vise à perturber la vie quotidienne des soldats israéliens positionnés le long de la clôture, ainsi que des Israéliens vivant près de Gaza. Les feux déclenchent de puissantes explosions et remplissent le ciel d’une fumée âcre.

Ces deux activités de résistance populaire avaient cessé ces derniers mois, «Israël» et le Hamas ayant conclu un accord de cessez-le-feu non officiel, mais ont repris au cours des huit derniers jours pour envoyer un message à «Israël», à savoir que le prix du calme et de la tranquillité le long de la barrière est la levée totale du siège étouffant et prolongé, qui a transformé Gaza en la plus grande prison à ciel ouvert du monde et a paralysé la vie et les activités économiques.

Dans le passé, des attaques de drones ont été utilisées contre ces militants afin de les décourager, mais il semble que l’armée de jeunes chômeurs de Gaza pense qu’ils n’ont rien à perdre ; la vie n’a aucun goût pour eux. La majorité d’entre eux n’ont jamais quitté Gaza, ni pris l’avion ou le train, ni connu d’autres cultures. Même la Cisjordanie occupée n’est pas à leur portée, pas plus que leurs terres ancestrales en Palestine historique et à Al-Qods.

Il est impératif de soulager les souffrances sans fin des Palestiniens de Gaza qui ont subi trois guerres israéliennes dévastatrices fin 2008, fin 2012 et mi 2014 afin de rétablir le calme et l’espoir.

Il ne fait aucun doute que les divergences internes et les divisions entre les deux principales factions politiques, le Fatah et le Hamas, alimentées par «Israël», contribuent à ce problème aigu et compliqué et c’est en effet honteux.

Les terres palestiniennes sont occupées par «Israël» depuis des décennies maintenant, même avant la naissance de ces organisations, et en fait elles ont été créées pour résister à l’occupation. Elles ont alors essayé tous les moyens de résistance disponibles dans l’espoir qu’ «Israël» mette fin à son occupation, mais en vain.

«Israël» renforce le blocus

«Israël» est connu pour sa politique consistant à gagner du temps et à vouloir décider quand «ouvrir ou fermer le robinet», en autorisant et en interdisant les marchandises ainsi que les «articles à usage duel» tels que le ciment, les ballons et les pneus.

En réponse à ces deux moyens de résistance non violente, «Tel Aviv» a décidé d’arrêter la livraison de diesel industriel nécessaire à la seule compagnie de production d’électricité de Gaza.

Selon les responsables palestiniens, cela a conduit à la fermeture de la centrale électrique aujourd’hui (mardi), les responsables de la santé mettant en garde contre les conséquences désastreuses sur le secteur de la santé, en particulier sur les malades chroniques, dans les unités de soins intensifs et pour les nouveau-nés dans les incubateurs.

De plus, «Tel Aviv» a décidé de boucler la zone de pêche le long de Gaza.

Afin de baisser la tension et d’éviter une éventuelle escalade majeure qui implique normalement des tirs de projectiles et de missiles artisanaux à longue portée depuis Gaza vers «Israël» [territoires palestiniens occupés en 1948], une délégation égyptienne a fait la navette pour rencontrer les responsables de la bande assiégée et transmettre leurs exigences à «Tel-Aviv», à savoir de lever le siège, permettre aux fonds qataris d’atteindre Gaza, élargir la zone de pêche, ouvrir le point de passage commercial de Karm Abu Salem situé à la séparation entre Gaza, «Israël» et l’Égypte, améliorer les services d’électricité et de fourniture en eau et augmenter le nombre de permis pour les commerçants de Gaza entrant en Cisjordanie occupée et en «Israël» via le point de passage d’Erez contrôlé par «Israël».

Le rôle de l’Égypte découle du fait qu’elle souhaite maintenir sa position de médiateur puisqu’elle partage sa frontière avec Gaza et qu’elle est le premier pays arabe à avoir conclu un accord de paix avec «Israël» en 1979, mais aussi pour souligner qu’elle reste un acteur clé important dans la région, surtout après la signature d’un accord de normalisation entre les Émirats arabes unis et «Israël» la semaine dernière.

Les «ballons de la résistance» continuent d’être envoyés de l’autre côté de la barrière, et les responsables israéliens, avec à leur tête le ministre de la défense (guerre) Benny Gantz, ont renouvelé leurs menaces de «protéger la souveraineté israélienne en matière de sécurité sans aucune concession».

Mais Gantz, Netanyahou et d’autres savent pertinemment que les Gazaouis n’ont rien à perdre, car la vie est insupportable dans ce siège qui dure depuis 14 ans, alors que la paix aux conditions israéliennes est un mirage.

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