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Trump vs. Bolton: duel judiciaire autour d’un livre critique sur le président américain

Trump vs. Bolton: duel judiciaire autour d’un livre critique sur le président américain
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Par AlAhed avec AFP

«Ceci est le livre que Donald Trump ne veut pas que vous lisiez.»

L'éditeur de John Bolton, ex-conseiller du président américain, ne croyait pas si bien dire en annonçant la sortie de son ouvrage qui s'annonce explosif pour le milliardaire républicain: le gouvernement américain a engagé mardi une action en justice pour tenter de la bloquer.

La plainte, déposée auprès d'un tribunal fédéral, argue que John Bolton n'a pas fait approuver son manuscrit en amont, et que son ouvrage est ainsi «clairement en violation des accords qu'il a signés comme condition de son emploi et de son accès à des informations hautement classifiées».

Selon l'administration Trump, celui qui occupa le poste stratégique de conseiller à la sécurité nationale d'avril 2018 à septembre 2019 a d'abord accepté de faire relire son texte, «truffé d'informations classifiées» que la Maison Blanche lui a demandé «de retirer». Mais il a finalement décidé unilatéralement d'annoncer la parution du livre, intitulé «The Room Where It Happened, A White House Memoir», pour le 23 juin, sans attendre la fin du processus de relecture.

Au passage, le gouvernement glisse dans sa plainte que le conseiller à la célèbre moustache blanche avait «négocié» son récit «pour un montant d'environ deux millions de dollars».

La sortie de ce livre très attendu par le Tout-Washington a de fait été annoncée vendredi dans un communiqué de son éditeur, Simon & Schuster, qui a assuré que l'auteur avait bien coopéré avec la présidence pour amender son manuscrit initial en tenant compte de ses «inquiétudes».

Signe précurseur du bras de fer, l'éditeur avait néanmoins pris soin d'invoquer le premier amendement de la Constitution américaine, qui consacre la liberté d'expression.

John Bolton a déjà enregistré un entretien télévisé qui doit être diffusé dimanche par la chaîne ABC.

«Vouée à l'échec»

Donald Trump s'était séparé de lui sans ménagement en septembre, les deux hommes évoquant des différends irréconciliables.

Pour l'instant, une seule phrase tirée du livre a été communiquée aux médias. Et elle annonce la couleur.

«J'ai du mal à trouver une seule décision importante de Trump, pendant la durée de mes fonctions, qui n'ait pas été guidée par un calcul en vue de sa réélection», écrit dans ses mémoires ce faucon, considéré comme un penseur de la frange souverainiste du camp républicain, hostile au multilatéralisme et volontiers va-t-en-guerre.

«Ce que Bolton a vu l'a stupéfait: un président pour qui être réélu est la seule chose qui compte, même si cela signifie mettre en danger ou affaiblir la nation», a rapporté l'éditeur.

Selon ce compte-rendu, le magnat de l'immobilier aurait pris des décisions passibles de destitution bien au-delà de la seule affaire ukrainienne qui lui a valu une mise en accusation pour «abus de pouvoir», mais a débouché sur son acquittement par le Sénat.

Le livre avait d'ailleurs déjà fait irruption avec fracas dans la vie politique américaine lorsque des passages avaient fait l'objet de fuites dans la presse en janvier, en plein procès en destitution.

Selon ces extraits initiaux, John Bolton rapportait notamment une conversation d'août dernier au cours de laquelle Donald Trump lui avait expliqué ne pas vouloir débloquer une aide cruciale à l'Ukraine tant qu'elle n'enquêterait pas sur son adversaire démocrate Joe Biden -- désormais candidat contre lui à la présidentielle du 3 novembre.

Or c'est ce marché présumé qui était au cœur du procès.

La puissante organisation de défense des droits civiques ACLU a estimé que «toute tentative de l'administration Trump pour empêcher la parution du livre de John Bolton» était «vouée à l'échec», rappelant une décision de la Cour suprême contre Richard Nixon déclarant inconstitutionnelle la censure gouvernementale.

Ancien membre du Conseil de sécurité nationale auprès de l'ex-président démocrate Barack Obama, Ned Price a lui accusé sur Twitter l'administration de «vouloir enterrer les preuves de la corruption de Trump».

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