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Mais pourquoi l’Arabie saoudite souhaite-t-elle racheter le club de Newcastle ?

Mais pourquoi l’Arabie saoudite souhaite-t-elle racheter le club de Newcastle ?
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Par AlAhed avec Marianne

L'Arabie saoudite continue d'essayer de redorer son image. Récemment elle a tenté de racheter le Newscastle United Football Club, mais tout ne s'est pas passé comme prévu.

Pourquoi Riyad tient-elle tant à racheter le club de Newcastle ? Parce que le Newscastle United Football Club est mythique d’une part. Pour intégrer ensuite la fameuse Premier League mais aussi pour rivaliser en terme d’image et de surface médiatique avec son voisin Qatari et le PSG à l’approche de la coupe du Monde 2022 qui se tiendra à Doha. Mohamed Ben Salmane, en proposant pas moins de 350 millions d’euros à l’Angleterre, pensait facilement se laver des dernières polémiques concernant son pays en profitant de la crise et en se présentant comme le sauveur de clubs anglais en difficulté actuellement avec la suspension de tous les championnats depuis trois mois. Mais à l’heure actuelle tout est bloqué tant au niveau de la direction de la Ligue, que de l’UEFA, ou que du conseil d’administration du Club. C’est une première dans la stratégie d’investissements récente de l’Arabie Saoudite et qui pourrait faire tache d’huile pour ses futures opérations.

Redorer le blason saoudien

Alors que l’Arabie Saoudite a contribué largement dès le début de la pandémie à accentuer le chaos économique mondial en augmentant sa production de pétrole et en faisant s’effondrer les cours du prix du brut, le prince héritier Mohamed Ben Salmane a aussi profité de l’aubaine pour poursuivre ses opérations d’investissements au moment où la bourse était en chute libre. Tentant de masquer sa politique contestée dans la région, Riyad cherche à tout prix aujourd’hui à redorer son image par ce que l’on appelle en géopolitique de la «dissimulation par l’art». Jusque maintenant, cela semblait fonctionner puisque l’Arabie Saoudite investit depuis plusieurs années dans de nombreux médias, compagnies hôtelières, compagnies aériennes, sociétés de loisirs. Depuis le début de la crise du Covid-19, elle a investi pas moins de 7 milliards de dollars dans des entreprises aussi prestigieuses que Live Nation entertainment, producteur et tourneur des plus grands artistes et chanteurs de la scène mondiale. Mais aussi dans des entreprises occidentales valorisantes comme Disney, Boeing ou encore Facebook.

Ces opérations jusque-là relativement sporadiques mais symboliques se sont accélérées ces dernières semaines grâce à son principal levier: son fonds souverain de près de 2.000 milliards de dollars qui permet ainsi à Riyad de s’offrir du «soft power» à un moment crucial de la crise du coronavirus. Pourtant, les derniers rebondissements liés à la volonté de Riyad d’investir dans le club de football de Newcastle, les fameux «Magpies», pourraient marquer un tournant dans la confiance sans faille du prince héritier. A la lumière de l’affaire Khashoggi, dont tous les soupçons se portent sur MBS, mais aussi des opérations de hacking de BeIN SPORTS par la chaîne saoudienne BeOutQ, le conseil d’administration de Newcastle a provisoirement tout bloqué. Car les opérations d’investissement doivent marcher dans les deux sens: la confiance dans l’entreprise où l’on investit mais aussi la confiance en l’investisseur.

Or, la «Vision 2030» saoudienne, censée permettre au pays d’amorcer son développement durable par une diversification accrue de son économie, tout comme une libéralisation du régime et sa modernisation, avait pour but de rassurer les investisseurs comme les futures cibles des investissements du royaume. Pourtant, en matière de droits humains, les quelques effets d’annonce récents, comme la fin de la lapidation et de la peine de morts pour les mineurs, ne compensent pas les graves atteintes permanentes connues de tous et ne permettent toujours pas de parler d’un vent de modernisation dans le royaume wahhabite.

Riyad fait de la Grande-Bretagne une cible de choix de son soft power

Et c’est le Qatar qui hausse le ton depuis quelques semaines également, car le hacking sur de nombreuses retransmissions des matchs de la Premier League par la chaîne pirate saoudienne BeOutQ (dont le nom ne fait pas mystère de la volonté de Riyad de mettre Doha dehors) a été prouvé. Quant aux atteintes aux droits de l’homme incessamment relevées par Amnesty International, elles risquent d’entacher la réputation du club et ne laissent pour une fois pas insensible un conseil d’administration. Ce qui est intéressant, c’est que de cela tout le monde est au courant: mais Newcastle, malgré les difficultés financières, est la première «proie» à s’élever contre son potentiel racheteur richissime mais dont la réputation actuelle risquerait encore de desservir un club, qui peine déjà actuellement à remonter la pente. En effet, le club n’est pour le moment que 13ème du championnat. Mais Riyad fait de la Grande-Bretagne une cible de choix de son soft power: après avoir racheté en 2019 le journal historique de centre-gauche l’Independent, elle cherche comme son allié émirati avec le club de Manchester à pénétrer la sphère ultra prestigieuse et populaire du football européen. Depuis son rachat en 2008, le Manchester City Club football est ainsi revenu à des sommets, prés de quarante ans après ses grands succès historiques.

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