Sayed Nasallah: «Nous ne sommes pas opposés en principe à la demande de l’aide du FMI, mais nous ne pouvons pas capituler au fonds monétaire»
Par AlAhed
Le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah a prononcé un discours ce lundi pour faire le point sur la situation politique et économique au Liban. Voici les idées essentielles de son allocution télévisée.
«Que la paix de Dieu soit sur vous. Je voudrais parler de la dernière décision allemande d’inscrire le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, ainsi que de la situation financière et économique.
La décision allemande était prévue et elle a été précédée par d’autres mesures pareilles de la part de certains pays européens. Nous nous attendons à des actions similaires d’autres pays européens.
Cette décision politique est le signe de la soumission des pays européens à la volonté américaine. Les USA possèdent un projet de domination dans la région à travers le projet d’occupation israélien. Ainsi, quiconque ose à se mettre en face de ce projet, à savoir les mouvements de résistance, sera assiégé et combattu. Et avec l’approche des élections en Allemagne, certaines parties tentent de plaire aux USA, d’où la décision a été prise contre nous. Sachant que l’accusation contre le Hezbollah n’a été accompagnée d’aucune preuve. Donc, c’est une décision purement politique.
En fait, c’est un honneur pour nous que les autres se rapprochent des USA en nous bannissant.
C’est dans ce contexte que s’inscrit alors la décision allemande. En plus, les perquisitions faites par les services de sécurité sont condamnées. Ces gens accusés de soutenir le Hezbollah sont ceux qui respectent le plus la loi allemande. Donc, il ne fallait pas se comporter de la sorte envers eux.
Depuis de longues années, nous n’avons plus formé de groupuscules pour le Hezbollah dans les pays étrangers, parce que ceci sera un fardeau qui entrainera des sanctions et des pressions supplémentaires.
Les Libanais qui habitent en Allemagne n’ont aucun lien organisationnel avec le Hezbollah. Les activités religieuses ou politiques sont autofinancées et le Hezbollah a pris la décision de ne pas exposer nos jeunes et nos membres aux dangers à l’étranger. Donc, quand je dis que le Hezbollah n’a pas de groupuscules en Allemagne ou en France ou ailleurs, c’est que je dis la vérité.
Aux ressortissants libanais en Allemagne je vous appelle au calme, à ne pas paniquer, vous pouvez juste confronter ces mesures hostiles par la loi. Et il revient au gouvernement libanais de protéger ces ressortissants. C’est leur responsabilité.
Par ailleurs, je remercie toutes les parties qui ont affiché leur solidarité avec le Hezbollah contre la décision allemande, et ceci n’entamera en rien nos capacités, notre moral et notre décision à soutenir tous les combattants honorables et à repousser les agressions sionistes.
Par le passé, ils nous ont tués et nous avons continué le chemin de la résistance.
Je passe au dossier de la situation financière économique au Liban : Le gouvernement actuel a présenté un projet économique global après de longues discussions. De toute façon, le fait de finaliser un projet pareil dans un court laps de temps et dans les conditions difficiles au niveau mondial, est à saluer. Cet exploit a besoin d’une protection nationale, de l’unanimité et d’un consensus national. Dans ce cadre, le chef de l’Etat a appelé à une rencontre avec les chefs des blocs parlementaires, pour leur présenter les points de ce plan. Nous allons prendre part à cette rencontre et nous appelons toutes les parties à participer. Et nous proposons des débats actifs où tout le monde peut fournir des conseils, des améliorations pour avoir un plan plus consensuel.
Ce plan nécessite un suivi pour passer aux mesures exécutives. Certains points ont besoin de projets de loi. Nous pouvons nous baser sur ce plan de sauvetage pour discuter avec les parties étrangères. Nous appelons à adopter une approche positive envers ce plan parce que c’est la dernière chance pour sauver le pays.
Au sujet du coronavirus, c’est la coordination et la coopération entre tous les Libanais qui nous a permis d’atteindre ce résultat excellent au niveau mondial dans la lutte contre ce virus.
J’appelle ainsi à adopter la même approche positive envers le plan de sauvetage.
Par rapport à la demande de l’aide du FMI, nous ne sommes pas opposés en principe à faire une demande pareille. Mais nous ne pouvons pas capituler au fonds monétaire. Le gouvernement est prêt à discuter de cette question et ce n’est pas une soumission totale au FMI. Nous devons être vigilants, nous devons discuter point par point du plan de demande d’aide. Nous allons débattre de cette affaire, et nous allons voir les conditions qui seront imposées. C’est une question délicate qui nécessite un débat minutieux.
Ces dernières semaines on a longtemps parlé du secteur bancaire, on nous a accusés dans les médias de vouloir détruire ce secteur, alors que pour d’autres le Hezbollah cherche à dominer le secteur bancaire. Tous ces propos sont sans fondement, et c’est une façon de brouillage pour cacher les vérités. Le secteur bancaire a commis beaucoup d’erreurs et doit assumer ses responsabilités. Donc toute cette campagne vise à inciter la population et le monde entier à les secourir. Nous ne cherchons pas à dominer ni à détruire le secteur bancaire.
Depuis 1982, nous ne nous sommes jamais approchés de ce secteur, sauf dans trois cas : lorsque ces banques ont banni les comptes liés au Hezbollah en raison des pressions US, elles ont été plus royalistes que le roi, et nous ont agressés plus que les Américains.
Deuxièmement, lorsque les banques ont confisqué les dépôts financiers des gens, nous avons haussé le ton pour appeler les banques à donner à chacun ses biens et ses droits.
Dans le troisième cas, lorsque la crise économique est devenue sévère, nous avons demandé aux banques de soutenir financièrement le gouvernement.
Donc, nous ne cherchons point à dominer les banques et ça ne nous regarde pas. Ce monde basé sur les intérêts et les prêts à intérêts n’est pas légitime sur le plan religieux.
Toute accusation en ce sens est futile et infondée. Oui, nous sommes lésés de ce secteur pour les raisons précitées, mais ce sont des questions de droits véridiques.
Même au sujet de la gouvernance de la Banque du Liban, il est ridicule de nous accuser de vouloir s’accaparer de ce poste, surtout que ce dernier n’est pas du quota des chiites.
Quatrièmement, je voudrai parler du taux de change : nous n’avons pas de services de change ni d’agents de change qui vendent dans le marché des pièces de dollars. Toutes ces accusations sont des mensonges qui cherchent à nous accuser d’être derrière la hausse du prix du dollar.
Cinquièmement, en ce qui concerne la hausse des prix des marchandises, il faut que l’Etat s’attelle à trouver une solution à la hausse du prix du dollar. Mais il existe d’autres raisons comme le monopole des marchandises, la cupidité des certains marchands, le manque d’un certain nombre de marchandises et autres. Nous appelons le gouvernement à traiter rapidement cette affaire. Cette crise n’est pas de la responsabilité du ministère de l’économie seul. Tout le gouvernement doit agir imminemment pour régler cette crise à travers la lutte contre le monopole, la perquisition des dépôts, la surveillance et le contrôle des prix dans les marchés. Vous pouvez convoquer les fonctionnaires de l’Etat, ou même des volontaires. Le Hezbollah est prêt à présenter des bénévoles pour contrôler la hausse des prix dans les supermarchés. Nous sommes prêts à dépêcher 20 mille effectifs en ce sens. Que le gouvernement prenne la décision et nous fasse la demande. Le gouvernement possède le pouvoir nécessaire pour agir. Cette crise est devenue très aigue et insupportable et doit attirer l’attention primordiale du gouvernement.
Dans le dossier de la lutte contre la corruption, nous au Hezbollah avons formé un comité chargé de suivre les dossiers de corruption. Nous avons accompli beaucoup de choses dans ce dossier et nous allons poursuivre le travail. Je laisse au député Hassan Fadlallah de fournir les informations sur les exploits réalisés dans quelques jours.
Finalement, je souhaite que les forces politiques et populaires donnent une opportunité au gouvernement pour le laisser travailler. Le pays souffre de problèmes durables, et 100 jours ne suffisent pas pour opérer un changement majeur. Soyez patients envers ce gouvernement pour voir s’il est capable de relever les défis.
Je voudrais dire que notre relation avec le mouvement Amal est très solide et nous sommes en contact quotidien avec le frère Nabih Berri. En ce sens, j’adopte tout le texte écrit par le président Berri il y a quelques jours pour décrire le lien entre nous deux. C’est vrai que nous n’avons pas par exemple le même point de vue sur la plantation du haschich dans la Békaa, mais ceci ne signifie pas que notre relation a été altérée.
Notre pays a besoin du calme, de la sérénité et de la coopération pour pouvoir lutter contre les crises qu’il confronte. Peut-être on ne pourra pas compter sur l’extérieur et il se peut que les pays étrangers souffrent eux aussi de crises financières en raison du coronavirus. Donc, ceci nécessite de mettre la main dans la main pour sortir de la crise.
Que la paix de Dieu soit sur vous.