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USA: des manifestations contre le confinement, une stratégie de campagne pour Trump?

USA: des manifestations contre le confinement, une stratégie de campagne pour Trump?
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Par RFI

La crise du coronavirus frappe sévèrement les Etats-Unis dont le bilan frôle à présent les 50 000 morts. Malgré les appels à la prudence, certains États tels que le Texas, le Vermont ou la Géorgie ont décidé de rouvrir une partie de leurs commerces. Depuis quelques jours les manifestations se multiplient contre le confinement, comme en Pennsylvanie ou encore ce vendredi au Wisconsin. Des sympathisants d’extrême droite ont appelé à se rassembler devant le siège du gouverneur à Madison, ils estiment que les mesures de sécurité sanitaire se heurtent aux droits fondamentaux de liberté. Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire, spécialiste des Etats-Unis et chroniqueur sur le site lesjours.fr analyse ces dernières manifestations.

 

RFI: Ces manifestations sont-elles spontanées ou poursuivent-elles un objectif politique particulier ?

Corentin Sellin: C’est le même questionnement qu’on avait sur l’émergence du Tea Party. Aujourd’hui, les experts américains évoquent deux éléments de réponses. Il y a eu sur Facebook des appels spontanés à manifester contre le confinement car il gênerait les libertés fondamentales. Mais il faut dire que ces manifestations sont pour l’instant caractérisées par une très faible mobilisation. Au Texas, à une manifestation dont on a beaucoup parlé à cause de la présence d’un conspirationniste, il y avait à peine 300 personnes. Ce qu’on observe toutefois, c’est une forme de professionnalisation de ces manifestions grâce à des plateformes numériques, au soutien d’organisations conservatrices radicales financées par des grands donateurs. On assiste à la création de mouvements nationaux qui rassemblent tous ces groupes et manifestants locaux. C’est une offensive plus politique qui vise à cibler les gouverneurs démocrates notamment dans les États du Wisconsin et du Michigan, deux États très importants dans l’élection présidentielle de 2020. Les gouverneurs ont pris des mesures sévères de confinement et il s’agit pour ces associations bien financées de les affaiblir, c’est un objectif politique à moyen terme qui va donc au-delà de la crise du coronavirus.

Et quel impact peuvent avoir ces rassemblements ?

Au Minnesota, le gouverneur Tim Walz a un peu reculé en assouplissant le confinement. Mais j’insiste sur les deux États, le Wisconsin et le Minnesota. Certes les gouverneurs sont démocrates, mais les assemblées sont républicaines. Et dans le Michigan, le Parlement conservateur pourrait voter un amoindrissement du pouvoir du gouverneur. Une sorte de coup de force constitutionnel, appuyé sur des manifestants. Le but, c’est de délégitimer d’une part ces gouverneurs démocrates (qui ont été élus dans la vague des élections de mi-mandat en 2018) et d’autre part de remobiliser toute cette base conservatrice électorale comme le Tea Party a pu le faire il y a 10 ans. Le coronavirus sert d’outil, de levier pour une mobilisation populaire dans ces États clés dont la victoire de Donald Trump en 2016 s’est jouée, il faut le rappeler, à quelques milliers de voix. Il est donc très important de pouvoir compter sur un électorat conservateur radical chauffé à blanc. Et c’est le but de ces manifestations.

Des manifestations qui sont pour l’instant localisées. Peuvent-elles converger vers un mouvement conservateur national ?

L’ambition est certes de faire une sorte de Tea Party bis. Mais pour l’instant on en est encore loin. Selon un sondage CBS, cela ne fonctionne pas. Même les électeurs républicains déconseillent à Donald Trump de soutenir ces manifestations. Et il faut dire aussi que les mesures de confinement sont très populaires, y compris au sein de l’électorat républicain. Pour l’instant, on serait tenté de dire que ces manifestations «font pschitt». Donc l’ambition est certes de faire de toutes ces manifestations un grand mouvement national mais pour l’instant, c’est loin d’être réussi.

En Géorgie, les petits commerces ont été autorisés à rouvrir

Thermomètre à la main, les employés des salons de coiffure contrôlent automatiquement chaque personne avant de l’autoriser à entrer. Comme annoncé, la Géorgie devient l’un des premiers États américains à lancer le déconfinement après avoir obtenu selon le gouverneur des résultats rassurant sur la lutte contre le coronavirus, indique notre correspondante à New York, Loubna Anaki.

Dans la liste des commerces ouverts, les barbiers, les centres de beauté, les salles de sport, ou encore les bowlings. Les restaurants, eux, devraient ouvrir lundi. Un premier pas vers un retour à la normale dans cet État du Sud malgré l’avis contraire du président Trump qui, entre deux appels à la relance de l’économie, a demandé aux États d’avancer avec prudence.

Car malgré l’optimisme du gouverneur de Géorgie, l’État qui compte 22 000 cas de Covid-19 et 892 décès continue d’enregistrer de nouvelles contaminations. À Atlanta, la maire de la ville a appelé les habitants à rester chez eux. « Il n’y a aucune urgence à aller dans un bowling ou de se faire faire une manucure en plein milieu d’une pandémie », a-t-elle déclaré.

Suivant l’exemple de la Géorgie, d’autres États comme l’Oklahoma et l’Alaska ont annoncé eux aussi des plans similaires.

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