A l’ombre du coronavirus, même la commémoration des martyrs change
Par Fatima Haydar
Dans le village frontalier du Liban sud, Aita-Chaab, une famille libanaise se prépare à la première commémoration annuelle du martyre de son fils, Khalil Ibrahim Qassem. Mais la cérémonie aura lieu dans le silence. Non parce que ses proches hésitent à organiser un grand rassemblement, mais parce que leur fils les a quittés dans le but de protéger sa communauté, son peuple et sa patrie. Ainsi, la commémoration de son martyre ne doit point constituer une enfreinte aux directives sanitaires, à l'ombre du danger de la prorogation du coronavirus.
Depuis le début de la crise de l'épidémie, le secrétaire général du Hezbollah, sayed Hassan Nasrallah, s'est adressé aux partisans de la résistance et à son milieu populaire par plusieurs discours. Il les a appelés à respecter les mesures annoncées par le ministère de la Santé publique et les autorités, dans le cadre du plan de lutte contre la propagation du Covid-19.
Le martyr Khalil, né le 2 septembre 1981 et ayant obtenu le master en gestion, était un des chefs de la résistance islamique.
Père de trois filles Zeinab, Zahraa et Fatima, il n'a pas eu la chance d'accompagner ses filles qui grandissaient. Il a consenti le sacrifice suprême, pour leur assurer un avenir digne. Il est tombé en martyre en Syrie, le 18 avril 2019.
«Je fais semblant comme s'il est toujours au travail. Lorsque je visite sa tombe, je sens comme s'il est à la maison», a dit son épouse, Moziane, à AlAhed. Elle évoque son époux comme s'il était toujours présent au sein de sa famille, comme s'il n'est point parti.
Elle évoque un père tendre, qui de retour à sa demeure, passait tout le temps avec ses fillettes leur exprimant son affection.
Sa fille Fatima avait deux mois, lors du martyre de son père. C'est à cet âge qu'il l'a vue pour la dernière fois.
L'épouse du martyre se dit honorée de son statut, notant toutefois que ce fait nécessitait de grandes responsabilités à l'égard de la famille et de la société.
Elle a affirmé qu'à l'ombre de l'épidémie du coronavirus, la famille a renoncé à l'organisation d'une cérémonie en hommage au martyr, par engagement dans les directives de sayed Hassan Nasrallah.
«La mémoire et les sacrifices de mon mari ne seront point oubliés. Pandémie ou pas, sa mémoire vit dans nos cœurs. Nous réciteront des versets du Coran en famille», a-t-elle ajouté.
Insistant sur l'importance de respecter les recommandations du ministère de la Santé, elle a affirmé que la famille du martyre ne prendra point le risque d'exposer la vie des autres aux dangers. «Nous préférons célébrer la commémoration en silence, au lieu de briser les propos de sayed Nasrallah que Khalil respectait beaucoup», a-t-elle précisé.
Pour ses amis et proches, le martyr Khalil était un homme sympathique, doté d'une merveilleuse personnalité. Ils l'aimaient beaucoup.
Ses amis se rappellent comment il s'intéressait à leurs affaires et problèmes.
Selon ses compagnons, Khalil aspirait toujours à la perfection. Il était le premier à arriver au travail. Il accomplissait toutes ses missions et avançait toujours de nouvelles propositions.
Ils affirment qu'il avait des nerfs d'acier, surtout lors des offensives. En dépit de sa blessure, il n'a pas cessé son travail jihadiste. Il poursuivait son action, avant son rétablissement et aidait ses compagnons.
Pour eux, le martyr Khalil était un symbole d'altruisme et l'incarnation du vrai Islam du prophète Mohammad.
Ils ont affirmé que s'il était en vie aujourd'hui, il n'aurait accepté de faire du mal à aucune personne.
Le martyr Khalil, est l'un parmi des centaines ayant consenti le sacrifice sur la voie de l'Imam Hussein. Il a fait don de son sang dans la lutte contre l'injustice.
Plusieurs autres tomberont en martyre sur cette même voie. Mais leur souvenir sera toujours gravé dans la mémoire du peuple, sur toute parcelle libérée de la terre, en honneur et dignité.
Avec le martyre des hommes de la résistance sur les fronts, face aux ennemis du Liban et de l'humanité, des médecins et des infirmiers courageux sont aussi victimes de la lutte contre le coronavirus. Ces deux types d'hommes priment l'intérêt des autres, en la forme la plus élevée d'altruisme.
Traduit de l'anglais (original)