Le chef de l’US Navy limogé pour sa gestion du porte-avion contaminé
Par AlAhed avec AFP
Le secrétaire à l'US Navy Thomas Modly, vivement critiqué pour sa gestion de la crise provoquée par la contamination au coronavirus du porte-avions nucléaire Theodore Roosevelt, a démissionné, a annoncé mardi le ministre américain de la Guerre Mark Esper.
«Ce matin, j'ai accepté la démission de M. Modly. Il a démissionné de lui-même […] pour que la Navy puisse passer à autre chose», a tweeté le ministre, alors que des informations sur le départ de Thomas Modly commençaient à sortir dans la presse américaine.
Thomas Modly avait révoqué jeudi le commandant du porte-avions, le capitaine de vaisseau Brett Crozier, qui quelques jours plus tôt avait tiré le signal d'alarme dans une lettre aux accents dramatiques pour faire évacuer son navire immobilisé à l'île de Guam dans le Pacifique, plusieurs cas de Covid-19 ayant été enregistrés à bord du bâtiment.
«Nous ne sommes pas en guerre. Il n'y a aucune raison que des marins meurent», s'exclamait le capitaine Crozier dans cette missive qui a fuité et a été publiée par le quotidien californien San Francisco Chronicle.
La hiérarchie de la Navy, qui refusait initialement d'évacuer complètement les quelque 4 800 membres de l'équipage, préférant ne faire partir du navire que les cas déclarés de Covid-19, a finalement accéléré les tests et évacué une grande partie des marins.
Thomas Modly s'était rendu lundi à Guam pour défendre sa décision de révoquer le commandant Crozier auprès de son équipage, qui avait acclamé ce dernier à son départ du bateau, filmant des vidéos largement diffusées sur les réseaux sociaux.
A bord du Theodore Roosevelt, et dans un discours qui a lui aussi immédiatement fuité dans la presse, Le secrétaire à la Navy avait critiqué le commandant Crozier.
S'il ne pensait pas que sa lettre finirait par être publiée, «il était trop stupide ou trop naïf pour commander un navire comme celui-ci», avait-il notamment dit à l'équipage.
Une diatribe contre les médias adressée aux marins
Il avait aussi insisté dans ce discours long de 15 minutes sur le fait que les militaires ne devaient pas faire confiance aux médias, trop partiaux selon lui.
«Leur parti pris dépend de leur couleur politique», avait ajouté Thomas Modly. «Ils sont là pour nous diviser».
Cette diatribe contre les médias a fait immédiatement penser aux critiques fréquentes du président Donald Trump à l'égard de la presse, ce qui a provoqué de vives réactions au Congrès, où plusieurs élus ont demandé la démission de Thomas Modly.
Mark Esper, qui avait d'abord défendu son secrétaire à la Navy, a donc finalement accepté sa démission.
Il a nommé l'actuel sous-secrétaire à l'armée de terre, Jim McPherson, secrétaire à la Navy par intérim.
Mark Esper a souligné qu'aucune décision sur le sort du commandant Crozier ne serait prise avant les conclusions d'une enquête en cours sur l'incident.
«Il faut maintenant donner la priorité aux besoins de la Navy, y compris à l'équipage du Teddy Roosevelt, et passer à autre chose, tous ensemble», a-t-il conclu.